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Le retour de Valentino Rossi lors du Grand Prix d’Aragon, 23 jours après sa double fracture de la jambe, a d’autant plus surpris tout le paddock que les performances du pilote italien ont été toutes sauf médiocres…

C’est encore une fois l’excellent Manuel Pecino qui apporte quelques éclaircissements intéressants en interrogeant Angel Charté, le directeur médical du championnat du monde.

Malgré six années déjà passées dans cette fonction, et 35 ans dans le métier, celui-ci est toujours surpris de la rapidité avec laquelle les pilotes de Grand Prix se rétablissent : « Toutes les blessures que je vois en MotoGP me surprennent, car si elles étaient survenues à une personne de la rue ou à moi, nous serions à l’hôpital quelques mois de plus. Il faut se rappeler de la blessure que nous avons réduite pour Lorenzo en Hollande, et trois jours plus tard, il était sixième, car c’est la même chose qui s’est produite avec Rossi. C’est surprenant et cela me laisse perplexe que les pilotes puissent se rétablir à cette vitesse, ce n’est pas la normalité. Après avoir entendu des rumeurs qui ont circulé, je peux fidèlement témoigner de la blessure que Valentino a subi depuis le premier jour, de l’excellente opération chirurgicale du Dr Pascuale en Italie et du rigoureux examen des tests radiologiques effectués pour Rossi. À partir de là, j’ai personnellement suivi cette évolution deux ou trois fois par jour. Valentino n’était pas à 100% en Aragon, c’est évident, il avait un hématome à la cheville à cause du clou intra-médullaire qui avait été placé avec deux incisions, une en haut du tibia et une en bas du tibia. L’évolution a été très bonne. 12 heures après la chirurgie, Valentino effectuait déjà des exercices de rééducation. »

Angel Charté insiste sur le fait que la rapidité et la qualité de l’opération chirurgicale ont joué un grand rôle dans le rétablissement du pilote Yamaha, tout comme les progrès réalisés par la médecine dans ce genre d’opération : « c’était une excellente opération car le chirurgien Pascuale a immédiatement décidé d’intervenir chirurgicalement sur Valentino, et deuxièmement, je dois dire que lorsque je vois un bon travail chez un collègue, italien, roumain ou argentin, je le dis. C’est pourquoi j’affirme que le docteur Pascuale a fait une excellente intervention. J’insiste, excellente ! Effectivement, la médecine a progressé. Rossi a déclaré que la blessure qu’il a eu il y a 10 ans était très différente, comparée à celle-ci. À cette époque, cela a été 40 jours, alors qu’il était à Aragon, 23 jours après sa blessure. J’imagine que dans 20 ans, même si je ne le vois pas parce que je serai peut-être mort, la chirurgie aura tellement évolué que ces types de blessures seront résolus en trois ou quatre jours. C’est comme ça. C’est une chirurgie moins invasive. Il s’agit de faire une incision longitudinale avec ces nouveaux clous endomedulaires qui sont plus pratiques pour ces pilotes. Pour moi ou une personne normale, cela prendrait 30 jours de plus, car notre constitution et d’autres facteurs sont différents. »

Pour autant, la guérison n’est toujours pas complète, et si Valentino Rossi a pu réaliser un exploit en Aragon, c’est en prenant des risques que l’on peut qualifier de mesurés, le pilote Yamaha étant traditionnellement celui qui chute le moins en MotoGP (voir ici).

« Le calcium osseux commence à se former, mais il n’est pas complètement stabilisé. La stabilité provient du clou. L’un des risques de ce type de blessure est un choc, car le calcium n’est pas encore formé à cent pour cent. Il est à 50 ou 60%. Tout traumatisme dans cette zone pourrait défaire le clou, c’est évident. Mais cela ne l’empêche pas de courir. »

Comme l’a déclaré Valentino Rossi (voir ici), une chambre hyperbare n’a pas été utilisée, car non seulement il n’est pas prouvé qu’elle accélère la calcification, et de toute façon, le laps de temps entre l’opération et la course était trop court pour qu’elle puisse être utilisée.

Reste le cas des antalgiques pris par Valentino Rossi, que le Docteur Angel Charté tient à éclairer : « il y a un code pharmacologique médical que nous appelons le dopage. Ce code doit être maintenu. Nous utilisons un certain nombre de médicaments non dopants. Nous n’utilisons qu’une série de corticostéroïdes complètement autorisés et justifiés avec la signature du directeur médical du comité antidopage. Valentino Rossi n’a été infiltré à aucun moment. Il a pris des médicaments anti-inflammatoires non inscrits dans le code antidopage. Et je le dis parce que j’ai personnellement suivi sa médication. Des médicaments non autorisés n’ont été utilisés à aucun moment. J’aurais agi contre mon jugement personnel et contre l’éthique professionnelle si cela s’était passé. Je peux vous assurer qu’avec Rossi, comme pour tout pilote du Championnat du monde, je suis extrêmement attentif à ce type de blessure. Que ce soit pour Valentino ou le dernier pilote Moto3, nous utilisons toujours la pharmacologie qui se trouve dans le code pharmacologique médical. Je serais le premier à dénoncer le cas d’un pilote qui aurait commis une illégalité. »

En résumé, une fracture non ouverte franche et propre, une opération chirurgicale d’une grande qualité effectuée le plus tôt possible, une rééducation intensive, une forme physique exceptionnelle, une prise de risques mesurée et une grande motivation ont permis à Valentino Rossi de ne manquer que le Grand Prix de Misano et d’être compétitif dès Aragon.

Dans son malheur, le pilote italien a donc eu une certaine chance…

 

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