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Les pilotes du MotoGP se retrouvaient ce vendredi pour donner le coup d’envoi du deuxième rendez-vous de la saison à Termas de Río Hondo en Argentine.

Peu avant la saison, Marc Marquez, Champion du Monde en titre, affirmait que le circuit de Losail « figurait parmi les plus particuliers de la saison. » En dehors des conditions qui ont rendu la situation compliquée, le premier rendez-vous du calendrier apporte très souvent son lot de rebondissements, peu importe les catégories.

Difficile alors de dégager une tendance pour la suite de la saison. En Argentine, tout le monde repartait de zéro, ou presque. Aussi bien Michelin qui ne disposait pas assez de données sur ce tracé, que les pilotes qui n’y ont pas roulé depuis la saison dernière. Au cumul de deux séances, une seconde seulement séparait Viñales de son coéquipier Valentino Rossi, 16e…

Cinq tours obligatoires

Pour des raisons de sécurité, les pilotes ont été obligés de réaliser vendredi un minimum de cinq tours consécutifs avec le pneu arrière le plus dur. Cette mesure prise par la Direction de course a permis à Michelin de rassembler des données suffisantes en vue d’un éventuel usage en course. Un pilote qui ne se plierait à cette demande serait rétrogradé de six positions sur la grille de départ.

Viñales persiste et signe

Auteur d’une pré-saison exemplaire et d’un premier Grand Prix parfait, Maverick Viñales s’est une nouvelle fois hissé au sommet de la feuille des temps dès le vendredi en Argentine. Parfois menacé, le Catalan est toujours parvenu à reprendre l’ascendant. Il a conclu la journée avec le meilleur chrono en 1’39.477, reléguant Marc Marquez à trois dixièmes : « Ce n’était pas facile, » confiait-il. « Ce n’est jamais simple. Je repoussais sans cesse les limites de la moto. Mais je me sens bien et à chaque tour, j’ai l’impression de pouvoir faire encore mieux. Nous devons encore progresser. Il est important d’avoir du grip à l’arrière, non seulement sur un tour, mais aussi pour la distance d’une course. Cela fera la différence entre ceux qui se seront préparés et ceux qui auront été un peu moins rigoureux. »

Durant la deuxième séance, le pilote Yamaha a réalisé un run de huit tours lui permettant d’évaluer le comportement du pneu arrière le plus dur en prévision de la course, avec une moyenne de 1’41 : « Nous glissons encore beaucoup et nous devons encore travailler sur ce point. Rouler en 1’41 n’est pas si mauvais, mais ce n’est pas le rythme auquel nous pouvons aller. »

Malgré la pluie annoncée samedi, Viñales restait serein : « Je n’ai jamais roulé sous la pluie et je suis curieux de voir si c’était bien moi ou la moto, la saison dernière, qui était rapide. Je peux être rapide dans ces conditions. Nous verrons la façon dont la moto se comporte. »

Bouleverser l’ordre établi

Pour ce Grand Prix, Michelin propose un tout nouveau pneu avant en plus des trois prévus initialement. Ce nouveau pneu, tendre, offre une carcasse plus rigide. Celui-ci est proposé pour répondre à certains problèmes rencontrés par de nombreux pilotes à commencer par Valentino Rossi et Andrea Iannone qui souffraient d’un manque de feeling à l’avant durant l’hiver.

Ce nouveau pneu tant attendu par Valentino Rossi n’est pas arrivé à temps pour le premier jour à Termas de Río Hondo : « Il n’arrive pas avant samedi, » expliquait Rossi. « Michelin a un problème avec les douanes. Je me réjouissais de pouvoir l’essayer, mais nous ne l’avons pas. Malheureusement, actuellement le pneu est trop souple. Je ne sais pas si nous serons en mesure de l’essayer sur un tour rapide. Toujours est-il que nous sommes en grande difficulté et nous n’aurons peut-être pas le temps. »

Rossi occupait le 16e rang au cumul des deux séances. Pourtant, il ne pointait qu’à une seconde de Viñales, un écart qui l’aurait placé aisément dans le Top 10 en 2016 sur ce même tracé : « J’ai toujours beaucoup de mouvement à l’avant et je ne parviens pas à arriver suffisamment vite en entrée de courbes, » ajoutait l’Italien. « Je ne sais pas si cela relève du pneu, mais pour moi, c’est principalement du ressort de la moto, laquelle est différente de la saison dernière. Nous ne sommes qu’à une seconde, mais après la bataille. »

Pourtant, selon nos informations, ce nouveau pneu avant ne pourra pas être utilisé ce week-end suite à une décision commune entre la Commission de Sécurité et la Direction de Course.

18e, Jorge Lorenzo pointait à la dernière place de la hiérarchie Ducati, à deux dixièmes seulement de son coéquipier Andrea Dovizisio, 14e. La raison ? « Un malentendu dans la gestion des pneus avec l’équipe, » confiait Lorenzo. « Nous avons opté pour le pneu avant le plus tendre, mais les conditions ne s’y prêtaient pas. Je ne le savais pas et je pensais être en médium. Ce n’est qu’après la séance que j’ai compris que nous avions commis une erreur. Cela nous a empêchés d’être bien plus proches que nous ne le sommes. » Le Majorquin s’est montré confiant pour la suite du week-end : « Tout dépendra des conditions. Nous verrons la façon dont la moto se comporte dans ces conditions. Mais je reste optimiste, car j’avais un bon feeling sur certains de mes runs. »

Dani Pedrosa a quant à lui souffert d’une crevaison durant la première séance avant de chuter à la deuxième : « La deuxième séance avait bien commencé, » assurait-il. « Nous évaluions des pneus et les conditions de la piste étaient relativement bonnes comme nous l’avions prévu. Malheureusement, alors que j’améliorais, j’ai perdu l’avant. En fin de séance, le feeling était différent. Parfois, cela se passe ainsi. J’espère que la météo sera bonne samedi pour être en mesure de progresser. »

Un circuit Ducati ?

« Bien que nous n’ayons jamais gagné, nous avons toujours été proches, » avait confié Andrea Dovizioso en arrivant en Argentine.

Quatre Ducati Desmosedici occupaient le Top 10 à la fin de la journée : deux GP15 avec Karel Abraham, troisième, et Loris Baz, sixième ; une GP16 avec Alvaro Bautista, quatrième ; une GP17 avec Danilo Petrucci, cinquième.

Au classement des vitesses de pointe, on comptait huit Ducati dans les dix premiers. En deuxième séance, la Honda RC213V de Marquez (318.2 km/h) concédait plus de 10 km/h en ligne droite à la GP17 de Dovizioso (329.3 km/h).

« Nous avons roulé en pneus durs durant la première séance et le feeling était plus que correct, » assurait Loris Baz. « Je me suis ensuite retrouvé dans la roue de Maverick et j’ai pu réaliser un bon chrono. » Le Français avait opté pour le pneu avant soft, alors que le médium voire le dur, utilisé par Bautista et Abraham, semblait plus approprié pour un chrono : « Cela prouve qu’il nous reste une marge de progression pour la suite du week-end. »

Zarco et Folger

« Zarco est plus rapide que Folger, » assurait Cal Crutchlow aux médias vendredi soir. « Zarco sera là, parce qu’il dispose d’un excellent package et d’un bon grip. »

Les deux rookies découvraient Termas de Río Hondo pour la première fois au guidon d’une MotoGP. Troisième du classement à la première séance, Johann Zarco devait se contenter de la 12e place l’après-midi : « La séance a été bonne, je progressais. Nous sommes sur la bonne voie, nous avons seulement joué de malchance à la fin. Nous ne savons pas encore pourquoi, mais je n’avais pas le même feeling à la fin. C’est simplement dommage de manquer le Top 10 en cas de pluie. Cette 12e place ne reflète pas notre travail et le rythme que nous avons. »

Pour le moment, le Français ne sait pas le pneu qu’il pense utiliser en course ; le dur figure néanmoins parmi ses options.

Jonas Folger s’est quant à lui classé en huitième position, premier rookie. L’Allemand s’est principalement concentré sur l’électronique et les différents choix de pneus : « Je dois progresser sur les deux premiers partiels, » expliquait-il. « La piste est bosselée par endroit et je dois prendre confiance sur les deux premiers virages où de nombreux pilotes ont chuté. Nous analyserons les données pour trouver une manière d’être plus rapide. »

Pourquoi une hiérarchie provisoire si inhabituelle ?

Beaucoup s’interrogent sur les raisons de ces bouleversements. Plusieurs raisons existent. Tout d’abord, il ne serait pas judicieux de tirer des conclusions après un Grand Prix, en particulier compte tenu des circonstances de celui-ci.

Plusieurs raisons peuvent expliquer certains écarts. À titre d’exemple, les dernières évolutions des usines sont en piste avec les pilotes contractuels depuis Valence en novembre dernier seulement. Bien sûr, les constructeurs ont entamé leur développement bien en amont avec des essais privés auxquels nous n’avons pas accès. Toujours est-il que l’écart n’est pas si important entre une machine aboutie dont disposent certains teams satellites et une machine dont le développement est toujours en cours.

Outre l’aspect matériel, certains pilotes savent d’ores et déjà qu’ils devront revoir leur façon de piloter. Rossi a su le faire lors de l’arrivée de Marquez en adoptant un style de pilotage différent. Pedrosa l’a aussi récemment confié dans une entrevue accordée à nos confrères de GPOne : « Mon style de pilotage est un peu old-school. À 31 ans, tout comme Vale à 38 ans, nous rivalisons face à des pilotes de 20 ans. Ceux-ci ont toujours connu les 4-Temps et des machines plus lourdes. Ils posent le coude depuis leur plus jeune âge. C’est pourquoi nous devons nous réinventer. Ce ne sera pas évident, car nous sommes là depuis un long moment. De même, alors que nous sommes en pleine transition, nous sommes passés de Bridgestone à Michelin et vous devez tout revoir une fois encore. »

Le MotoGP fête ses 15 années d’existence ce week-end. Valentino Rossi a remporté la toute première course MotoGP à Suzuka au Japon. Sur le mouillé, l’Italien comptait un tour d’avance sur Régis Laconi, huitième. Le Grand Prix suivant en Afrique du Sud, Tohru Ukawa s’était imposé avec 27 secondes d’avance sur Daijiro Kato, quatrième. Au Qatar cette saison, Viñales comptait sept secondes sur Aleix Espargaro, 6e…