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Après avoir suivi avec la plus grande attention le parcours du team Monster Yamaha Tech3 lors de cette première demi-saison, il était inconcevable de ne pas en faire le bilan avec Hervé Poncharal en ce point médian.

Toutefois, afin de ne pas trop répéter des choses qui ont déjà été reportées sur notre site, nous avons tenté de prendre un certain recul et d’aborder des sujets jusqu’ici non- évoqués.


Hervé Poncharal, lors de cette première demi-saison nous avons évidemment suivi de très près l’actualité du team Monster Yamaha Tech3 en reportant sur notre site tous les débriefings quotidiens de Johann Zarco (voir ici), et en faisant le point avec vous quasiment après chaque course (voir ici). Avec également l’aide des caméras de la Dorna, nous avons ainsi pu observer votre implication totale à chaud, aussi bien dans les bons moments que dans les moins bons. Après le recul procuré par ces quelques semaines de repos forcé, comment voyez-vous cette première partie de saison ?

Hervé Poncharal : « chaque individu à sa nature, et ma nature est un peu, non pas excessive, mais je peux monter très haut puis descendre très bas la minute qui suit. C’est vrai dans ma vie en général, et c’est vrai que même avec les années qui s’accumulent, tu mets ton cœur et tes tripes. C’est ta vie, quoi ! Si le dimanche soir on a fait une mauvaise course ou que ça se termine mal, par exemple comme au Qatar, je ne peux pas m’empêcher d’être triste. Ça se voit de l’extérieur et il me faut bien deux jours et deux nuits blanches pour commencer à passer au sujet suivant. Et merci mon Dieu, il y a beaucoup de courses dans le championnat MotoGP qui s’enchaînent relativement rapidement pour qu’on puisse oublier la déception du Grand Prix précédent. Par exemple, on est parti d’Assen avec le moral dans les chaussettes, et il me tardait que cela roule. Et heureusement, il n’y a eu que quelques jours avant que l’on fasse une course magnifique en Allemagne et que je sois de nouveau sur l’Olympe de la félicitée (rires). Je suis comme ça.

Après, quand j’analyse la saison, il est évident que je vais vous dire des choses que j’ai déjà dites car nous nous sommes déjà parlés à de nombreuses reprises. Ainsi, premièrement, aucun des observateurs extérieurs, et même chez Tech3, personne ne s’attendait à ce que nos pilotes fassent ce qu’ils ont fait, même si les essais hivernaux s’étaient très bien passés. Notamment, avec nos deux pilotes cumulés, Tech3 a fait trois fois le tour le plus rapide en course, une pole position de notre ami Johann, une autre première ligne de notre ami Johann, un podium de Johann à son Grand Prix national et un podium de Jonas à son Grand Prix national. Et ça, c’est évident que c’est bien au-dessus de tout ce que l’on pouvait envisager et espérer pour cette première demi-saison. J’ai d’ailleurs vu que Livio Suppo a déclaré qu’il ne comprenait pas pourquoi Johann Zarco avait tellement été sous-estimé. Ce n’est donc pas un phénomène franco-français. Bien sûr qu’en France, c’est encore plus suivi par les fans et les médias. Mais globalement, c’est vrai qu’avec Johann, et maintenant Jonas qui s’y met, on est hyper heureux de cette première moitié de saison 2017 chez Tech3 ! Et on est d’autant plus heureux que ce n’est pas un coup ponctuel ou un coup d’éclat, comme on pouvait peut-être le craindre après le Qatar. Or, à toutes les courses, Johann est là ! Et même quand il fait des essais moyens, comment en Italie où il part 14e, il finit cinquième. On a galéré pas mal en Allemagne, il part 19e mais il finit neuvième en ayant montré qu’il avait le potentiel pour finir dans le top 5. Donc quels que soient les circuits et les conditions de course, à part la petite « boulette » d’analyse en Hollande où il a quand même fait 11 tours en tête, il a toujours été là. Et son coéquipier n’est pas loin non plus, donc l’analyse de cette première moitié de saison est bien évidemment hyper positive.

D’ailleurs, comme Crash.net l’a expliqué, à côté de la course et des émotions humaines, cela a également fait évoluer la position d’un de nos gros partenaires. Monster avait quasiment décidé d’aller voir ailleurs, et même si rien n’est fait aujourd’hui, ils ont radicalement changé leur position par rapport à nous, et aujourd’hui nous sommes en train de discuter d’une possibilité de continuer ensemble au moins en 2018. Et ça, c’est évident que c’est grâce aux performances que fait l’équipe Tech3 et à la visibilité que nous donnent Johann et Jonas, que ce soit dans la presse écrite ou sur les sites Internet. Il est certain que pour un partenaire, avoir une équipe qui se bat aux avant-postes comme on le fait maintenant, ça change tout par rapport à ce que l’on a fait l’année dernière et l’année précédente. »

Puisque vous abordez le sujet, peut-on résumer en disant qu’à partir de 2018 Monster voulait se concentrer sur le team d’usine, et qu’aujourd’hui ils n’en sont plus si sûrs ?

« Oui. Je sentais le truc venir, mais tant qu’on ne te le dit pas noir sur blanc, tu doutes toujours. À Valence, on a fait une réunion où ils m’ont informé de leur changement de stratégie. Je les ai remerciés de leur franchise car il y a des gens qui, quand c’est négatif, ne te disent rien pour ne pas te faire de mal. Mais à la limite, ils te font plus de mal en te disant « peut-être » qu’en te disant « non ». Ils m’ont dit qu’on avait fait deux bonnes années ensemble mais qu’aujourd’hui, vu leurs ambitions, une équipe satellite n’était pas capable d’obtenir les retombées médiatiques qu’ils attendaient. Donc, le plan était d’essayer de voir s’ils pouvaient à terme remplacer l’autre gros partenaire sur les Yamaha d’usine. Il y a aussi eu plusieurs choses qui se sont télescopées. Quand ils ont discuté avec l’équipe d’usine Yamaha, d’abord ils ont vu que le coût était « Kolossal » avec un grand K, par rapport au nôtre. Ils ont aussi compris que ce n’était pas aussi facile de travailler avec une équipe d’usine, par rapport à toute la flexibilité que nous pouvons avoir dans notre relationnel et dans notre ouverture d’esprit par rapport à leurs plans marketing. Et ils ont vu aussi que, finalement, une équipe satellite pouvait également faire des résultats et avoir des retombées médiatiques intéressantes, que ce soit à travers les réseaux sociaux, les sites Internet, etc. Donc tous ces éléments cumulés les ont fait réfléchir. Ils se sont dits qu’ils n’étaient peut-être pas si mal que ça là où ils étaient, et qu’en fin de compte, on avait aussi la possibilité de se battre au moins pour des podiums à la régulière. »

Quand pensez-vous avoir une réponse ?

« Rien n’est fait ! C’est comme en course, il ne faut pas célébrer la course avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée… le pilote peut chuter dans le dernier tour où la moto tomber en panne ! Donc rien n’est fait, mais je les ai eus encore récemment au téléphone et nous avons un rendez-vous pour des discussions qui vont être cruciales en République tchèque, qui est le Monster République tchèque Grand Prix, donc un événement très important pour eux avec le Grand Prix de Barcelone également sponsorisé par Monster. J’espère donc avoir une réponse avant que l’on parte pour la tournée Japon Australie Malaisie, c’est-à-dire au plus tard à Aragon. »

A suivre…

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