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Loin de la communication un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefs passés dans notre rubrique (“Interviews“). Il y a toujours le petit détail qui nous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…

Comme à notre habitude, nous reportons ici l’intégralité des propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.


Vous avez pu tester le nouvel revêtement sur le sec et le mouillé. Qu’en pensez-vous ?

« C’était bien d’avoir ces deux conditions. Avant tout, ce matin, j’ai pu découvrir le circuit avec une MotoGP. C’était plutôt OK, et quand nous avons mis un nouveau pneu, à la fin, j’ai pris la septième position, donc c’est positif d’être déjà qualifié pour la Q2 au cas où il pleuve samedi matin. Cet après-midi, avec la pluie et la piste mouillée, j’étais content car c’est de nouveau pu prendre quelques marques sur le mouillé. L’adhérence est assez fantastique sur le mouillé, car Barbera est seulement 6 secondes plus lent que ce qu’il a fait sur le sec, donc vous pouvez imaginer à quel point le grip est bon. Pour moi, avec les pneus pluie, il est difficile de comprendre jusqu’où vous pouvez attaquer. J’ai besoin d’un peu de temps mais je suis content d’avoir pu en prendre cet après-midi. C’est devenu sec, donc je me sentais mieux, mais il a plu de nouveau. Je suis resté en piste et j’ai vraiment eu de bonnes sensations, en améliorant tour après tour. Puis j’ai chuté mais cela peut arriver. Vous pouvez avoir de bonnes sensations sur le mouillé, et parfois chuter. J’ai pu repartir avec la deuxième moto à 10 minutes de la fin pour ne pas rester sur cette chute et garder cette confiance. C’était OK et très intéressant. »

Qu’en est-il de l’adhérence avec la dégradation des pneus ? Et avez-vous fait votre choix de pneus ?

« Pour moi, prendre le pneu avant médium était bien. Pour l’arrière, nous verrons : nous avons quatre possibilités, et la troisième peut être la meilleure solution pour la course, même si je ne l’ai pas encore essayée. L’option la plus tendre permet de faire de bons chronos mais 30 tours ici, c’est plutôt long. Donc vraiment, nous verrons. Mais les deux pneus arrière que j’ai utilisés, le médium et le tendre, étaient OK. J’ai pu avoir un bon feeling mais quoi qu’il en soit, nous devons travailler sur la moto pour que je me sente à l’aise. Pour les 30 tours, si vous peinez après cinq tours, la course se transforme en cauchemar, alors que je veux avoir une course de rêve (rires). »

Vous n’avez pas essayé tous les pneus ?

« Non, car même si vous avez 50 minutes, vous ne pouvez pas tous les essayer. Le travail est de découvrir le circuit avec une MotoGP, ici au Sachsenring, et travailler sur la moto. Si vous commencez à essayer tous les pneus, vous faites un autre travail. »

Que pensez-vous du Sachsenring avec une MotoGP ?

« C’est OK. Nous avons pas mal de wheeling dans la ligne droite, mais quand ma roue avant touche finalement la piste, ça ne glisse pas trop, donc la confiance est bonne. Et même dans la descente, le contrôle de la puissance est bon, et c’est plus impressionnant sur d’autres circuits qu’ici. »

Aleix Espargaro a dit que l’inclinaison du virage 11 était changée. Pouvez-vous le ressentir ?

« Non. J’ai toujours peur de perdre l’avant là-bas car quand vous voyez les gars chuter et que vous connaissez la vitesse, vous vous dîtes que vous ne voulez pas être à leur place, donc depuis de nombreuses années, même en Moto2, je suis toujours prudent là-bas, et de nouveau aujourd’hui, que ce soit sec ou mouillé, j’ai fait attention. Donc rien ne s’est passé, ce qui est bien. Peut-être que la piste est meilleure mais nous devons faire attention car c’est seulement le troisième virage à droite de la piste et si vous attaquez trop, parfois le pneu peut être un peu froid. »

On a beaucoup parlé de la piste sèche et de la piste mouillée, mais qu’en était-il du vent ?

« Si le vent garde la même direction, on doit seulement faire attention au virage 10. Donc même si on a plus de vent dimanche, mais qu’il est dans la même direction, c’est OK car je sais déjà comment le gérer. Mais si le vent tourne, oui, cela peut être compliqué à d’autres endroits. Nous verrons. Avec une MotoGP, le vent n’est pas un gros problème. »

As-tu facilement tourné la page d’Assen ? Comment ça s’est passé ?

« Ça s’est très bien passé. L’avantage de faire 11 tours en tête, quand on regarde le lendemain la course, c’est qu’on se voit beaucoup à la télé. Et ça, ça permet d’analyser, de comparer mon style par rapport aux autres. Ce que j’ai ressenti et ce que je vois à la télé. Et finalement, l’analyse reste toujours très positive. Je suis heureux d’avoir mené. Mais ensuite, lorsqu’il commence à pleuvoir, et quand à la télé j’ai vu de quelle manière les gars de devant arrivaient encore à rouler, je me dis que finalement le Michelin a sans doute réagi pas de la même manière que les Dunlop quand il a commencé à y avoir des petites gouttes. Lorsqu’il commence à pleuvoir, je pense que le Dunlop peut surprendre beaucoup plus. Je trouve que dans ces conditions, on serait déjà tombé avec les Dunlop alors qu’avec les Michelin, ils sont restés sur la route. Et ça, c’est de l’expérience et de la connaissance du pneu qui me permettra de sûrement rester en piste une prochaine fois. Mais l’analyse était très positive et le but est de continuer à garder les troupes motivées avec de la chaleur au cœur pour voir que l’on peut prendre des podiums et la victoire. »

10 minutes de plus ce matin, sur un tourniquet comme ça, c’était limite pour reprendre ses marques ?

« Au niveau fatigue du corps, non, parce que la moto est quand même toujours plus facile à mener qu’une Moto2. Donc le corps ne souffre pas plus et, oui, 55 minutes, c’était bien. Parce que ça permet finalement d’avoir la même stratégie de trois runs, mais j’ai pu au moins faire à chaque fois 10 tours lors de mes deux premiers runs, et même si c’est un petit circuit, 10 tours, tu enregistres plein d’informations. »

Pourquoi une MotoGP est plus facile qu’une Moto2 ?

« Je crois que c’est le moteur qui veut ça. Le moteur d’une Moto2 est même plus gros que le moteur d’une MotoGP, alors que la moto est moins puissante. Finalement, même si une Moto2 est plus légère de presque 20 kg, une MotoGP est plus facile à coucher qu’une Moto2, il y a moins d’inertie. »

Que penses-tu du revêtement par rapport à l’année dernière ?

« Ça a l’air bon. Ça fait presque comme la Malaisie : on dirait qu’il y a quand même des points qui ne sèchent jamais. D’où la chute, à mon avis, de Martin, parce qu’avant de perdre l’arrière, il a perdu l’avant. Alors qu’il était en train de sortir du virage, il a glissé de l’avant, donc c’est qu’il y avait une tâche par terre. »

C’était pareil pour toi ?

« Non, non, c’était l’arrière. Mais là, c’était complètement mouillé. Même nous, quand on roulait sur le sec, des fois tu sens que ça part un peu, donc c’est dur à voir s’il y a encore des points mouillés. On dirait que oui. Donc c’est ça qui est difficile, quand il va pleuvoir-sécher, pleuvoir-sécher. Après, sur le sec, les Moto2 vont plutôt vite, les Moto3 pas encore, et les MotoGP, par rapport à l’an dernier, elles vont plus vite. Sauf que c’est peut-être que grâce aux pneus ou que grâce à la piste, j’ai du mal à dire. »

Pour l’allocation pneumatique, tu penses que vous êtes bons ?

« Ça a l’air d’aller, on n’a pas encore confirmé en pneus de course. 30 tours c’est long, donc il faut vraiment avoir l’intelligence de Valentino, et compter sur 30 tours, et pas compter sur 5. »

D’après Rossi, tu ne sais pas doubler en MotoGP… Quels sont tes commentaires ?

« C’est de dire qu’il n’y a que de la marge pour progresser, et donc c’est bien. Après, c’est de l’intimidation, donc c’est bien. »

Tu ne penses pas que c’est parce que tu as changé de statut et es devenu un pilote dangereux ? Ce genre de remarque n’arrive pas sans raison…

« C’est vrai qu’on a eu deux contacts. Après, je l’ai dit aux médias, à chaque fois qu’on se touche il termine premier ou deuxième, donc c’est pas un problème. Non, non, c’est bien. Après, je suis content de chaque fois pouvoir l’attaquer, parce que on est comme des gamins derrière lui. Et ça fait bizarre, quand on est gamin, de devoir attaquer l’idole. Et donc, petit à petit, j’arrive à mettre des crans dans ma tête pour me dire que si je suis là dans le virage au même moment que lui, c’est parce que… ben tu vaux autant que lui, donc vas-y ! Et ça, ce sont des crans mentaux qui sont importants à passer. »

Tu sais qu’il est très fort dans la lutte psychologique ?

« Oui, je sais. Dans le vice, les Italiens sont bons, mais le Français est quand même bien filou aussi (rires). »

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