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Comme le dit souvent son Team manager Hervé Poncharal, il n’y a qu’un fil de héros à zéro. Johann Zarco assume donc totalement sa course et sa décision d’être rentré au box dès l’apparition des premières gouttes de pluie. Il n’en retire que les points positifs et nous explique pourquoi avec son franc-parler.

Loin de la communication un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefs passés dans notre rubrique (“Interviews“). Il y a toujours le petit détail qui nous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…

Comme à notre habitude, nous reportons ici l’intégralité des propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.


Vous avez ralenti en fin de course. Était-ce à cause des pneus ?

« Non, les pneus n’étaient pas le problème aujourd’hui. Quand ils ont commencé à me doubler, cela faisait partie de la course, ils se sentaient bien et je voulais me battre. Tout se passait bien mais je peinais à deux endroits du circuit, mais même avec ce problème comparé à eux, j’étais en mesure de rester avec eux. C’était un peu difficile mais c’était possible de rester avec eux. Je suis resté plus de la moitié de la course avec eux, c’est-à-dire plus que d’habitude, après avoir fait un bon départ. Je suis très content et je pense que c’est une course positive. Non, je ne le pense pas, je le dis. La seule chose, c’est que quand il a commencé à pleuvoir, j’étais vraiment inquiet avec les pneus slicks. Nous étions déjà à la limite sur le sec, donc vous pouvez imaginer que quand c’est un peu mouillé, vous pouvez chuter. Je ne voulais pas prendre ce risque et j’ai pris la décision de revenir au box quand le drapeau blanc a été agité. Comme ça, s’il avait plu d’avantage, j’aurais pu être un dieu (rires). Finalement, de héros vous passez à zéro, et cela fait vraiment partie c’était du jeu. C’est ma façon d’apprendre pour arriver à faire des podiums lors des prochaines courses. C’est Assen, c’est difficile, et j’ai pris la décision de rentrer car j’étais inquiet avec les slicks sous la pluie. Ils ont été capables de gérer ça, mais moi j’étais à la limite, et je me suis dit que ce serait mieux avec la pluie. Mais finalement, non. »

Ce genre de météo, une courte pluie très fine, est pourtant assez habituelle à Assen…

« Avoir un sentiment de sécurité est important, et les Marshalls agitaient les drapeaux  « pluie ». J’ai pensé que les Marshalls néerlandais connaissaient bien la météo (rires) et que s’ils indiquaient la pluie, c’est qu’il allait pleuvoir. On a pu le voir ce matin, il y a eu un peu de pluie puis une grosse pluie. Vous ne pouvez pas savoir ce genre de choses. Le (bon)  choix était de rester, car Rossi a gagné. Il a pris le risque, donc il mérite sa victoire. J’ai pris le risque de rentrer au box et je mérite ce que j’ai eu. »

Auriez-vous eu une chance de gagner la course si vous n’étiez pas rentré ?

« Je ne le pense pas. Peut-être un podium, mais Dovizioso revenait car pour moi, il pleuvait. S’il n’avait pas plu, j’aurais peut-être pu me battre pour le podium, mais mes deux points négatifs sur le circuit étaient trop importants pour que je puisse me battre pour la victoire. »

Quels étaient ces deux points négatifs sur le circuit ?

« C’était les changements de direction rapide. Ce sont des choses très spécifiques à ce circuit et déjà en Moto2, je rencontrais quelques problèmes. C’est mon style de pilotage qui rend ces choses difficiles. »

Que s’est-il passé quand Rossi vous a doublé ?

« Il m’a doublé, il a un peu élargi deux fois, donc j’ai immédiatement saisi l’opportunité car j’ai pensé que s’il était significativement au large, c’est qu’il n’était pas si facile. Donc j’ai voulu garder le commandement car c’était mieux pour moi pour pouvoir conserver mon rythme. J’ai voulu rester en tête quand il était un peu au large, j’ai essayé de passer à l’intérieur mais il était également plutôt rapide, et nous sommes nous sommes donc touchés tous les deux. Dans mon esprit, je menais car nous venions juste de commencer à nous bagarrer, et je voulais rester en tête pour conserver plus de chances. Quand nous sommes arrivés au virage #3, il est parti un peu au large et donc j’étais un peu mieux que lui, derrière, et je voulais vraiment garder ma vitesse de passage à l’intérieur, mais sa vitesse de passage était plutôt bonne. Nous étions tous les deux penchés à droite, j’étais sur sa droite, avec ma tête complètement droite et je ne pouvais pas le voir. J’ai juste pris la décision et j’ai attendu. »

Tu es passé de héros à zéro…

« C’est ça, ça fait partie du jeu. L’objectif, c’est de se préparer pour être sur les podiums. Constamment. Donc ça, ça fait partie du protocole pour y arriver, c’est-à-dire faire des courses en tête. Jusqu’à mi-course, j’étais en première position et ça prouve que ça va très très bien. Ensuite, petit à petit, ça va le faire. Donc pour moi, c’est quand même très positif. »

Au moment de la pluie, l’idée de faire comme eux t’a-t-elle traversé l’esprit ?

« Légèrement, mais vraiment, avec les conditions de pluie, j’étais peut-être moins à l’aise qu’eux, ou en tout cas plus à la limite, donc quand je suis à la limite sur le sec, je me dis que quand il commence à pleuvoir c’est sûr que je vais tomber. Et je ne voulais pas être par terre. »

Donc tu as fait « banco »…

« C’est ça ! »

Donc tu ne regrettes rien ?

« Ah non, vraiment aucun regret, parce qu’on donne le maximum. J’ai donné le maximum et ça s’est bien passé. Après, c’est un jeu de cartes. Si on n’a pas la bonne carte au bon moment, on ne gagne pas la manche. Mais c’est par ce genre de course que, à la fois moi en tant que pilote, et mes mécanos et mes techniciens en tant qu’équipe, on se programme tous ensemble pour être sur le podium. Même si on en a déjà eu un, il faut tous se préparer pour ça. Et ça, c’est en train de se faire. »

Tu ne crois pas que la fin, cette bagarre à quatre, c’était aussi un scénario pour toi ?

« Oui ! J’étais un poil limite et il y avait des endroits où j’avais des difficultés sur la moto. Ça m’empêchait de bien bien me battre. Alors que je sentais vraiment des virages où j’étais très bien, d’autres moins bien, et ce compromis était quand même compliqué pour se battre. »

C’est un métier qui rentre ?

« Exactement ! C’est le métier à haut niveau. Le niveau MotoGP est relevé, les motos sont extrêmes, ce sont des bagarres à plus de 300 km/h, et ça, ça nécessite quand même du temps pour bien l’appréhender. »

Quand tu touches Rossi, grosse frayeur ?

« Oui, sur le coup, parce que ma moto s’est beaucoup beaucoup redressée. Mais j’ai réussi à rattraper ça, et c’est de nouveau une preuve que je suis suffisamment à l’aise. Si je n’avais pas été à l’aise, je serais tombé. »

Tu veux dire à l’aise physiquement ou mentalement ?

« Plus mentalement. Si on a une tendance à être crispé, avec ce genre de contact on tombe par terre. »

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