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Arrivé à l’improviste en MotoGP chez Suzuki pour remplacer Alex Rins blessé, Sylvain a terminé au Mans à 1’06 du vainqueur, au Mugello à 46 secondes et à Barcelone à 43. Il battait en Italie et en Espagne plusieurs pilotes permanents, et était apprécié par Suzuki pour son apport au développement, lors des week-ends de course comme des tests.

Es-tu satisfait globalement des trois Grands Prix que tu viens de disputer ?

« Oui, j’en suis satisfait. Ça a d’abord été une très bonne expérience. Je suis content des performances. On a bien construit. Je savais qu’en relevant ce challenge en milieu de saison, sans avoir piloté de moto de GP depuis très longtemps, il faudrait que je m’habitue aux pneus, mais aussi aux circuits. Je connaissais Le Mans, le Mugello et Barcelone, mais n’y étais pas allé depuis 2008. Il y avait beaucoup de paramètres à gérer et d’adaptation à effectuer très rapidement.

Ça a été très positif puisque je termine à une seconde à Barcelone de mon coéquipier, après l’avoir doublé auparavant à cinq tours de l’arrivée. L’expérience avec Suzuki a également été excellente. On a bien travaillé ensemble pour identifier les points à améliorer sur la machine. Ça m’a apporté de l’expérience, mais je leur ai offert un regard différent sur la machine.

Quand tu t’es retrouvé à la lutte avec ton coéquipier Andrea Iannone à Barcelone, qu’est-ce qui a décidé de ton attitude par rapport à lui ?

« Nous avons eu tous les deux les mêmes soucis au début de la course en raison des très hautes températures. Sur la piste devenue très glissante, on a eu du mal à trouver le feeling. C’était pire pour moi que pour lui au début. Ensuite, pendant le deuxième tiers de la course, j’étais plus vite que lui et que le groupe de devant. Je les ai remontés, j’ai doublé Espargaro et Lowes, puis rattrapé Andrea. On s’est ensuite bagarré pendant deux tours, mais sur la fin il lui restait un peu plus d’adhérence derrière. Dans les derniers tours, on avait tous des difficultés avec le grip à l’arrière.

« Je n’ai pas eu d’attitude spéciale par rapport à lui parce que c’était mon coéquipier. Je me suis battu et j’ai essayé de le devancer comme les autres pilotes. C’est un pilote qui a beaucoup d’expérience. Il a gagné un Grand Prix l’année dernière, donc pour moi me bagarrer avec lui, c’est une satisfaction.

T’attendais-tu à battre des pilotes comme ceux que tu as devancés au Mugello et à Barcelone ?

« Non. Franchement, je m’attendais à galérer. Je prévoyais de me faire plaisir, parce que ce sont des motos fabuleuses, mais par contre au niveau des performances, je n’avais surtout pas envie de prendre un tour ! (rire) Quand je me suis retrouvé avec certains pilotes, ça a été une très bonne surprise. Je me suis vraiment senti à l’aise sur la moto qui m’a donné beaucoup de feedback, ainsi qu’avec les pneus.

Suzuki a attaché une grande importance à ta présence lors des tests, faisant même venir une moto pour toi spécialement du Japon. Comment avec ton expérience limitée de la MotoGP actuelle as-tu pu autant participer au développement ?

« La machine m’a donné tout de suite beaucoup de sensations. Les ingénieurs de Suzuki ont été intéressés par mes commentaires dès le premier test à Jerez. Ensuite j’ai fait de mon mieux pour leur transmettre mes sensations. Lors du test de Barcelone, on a fait beaucoup de travail lundi et mardi, avec cinq motos. C’était très intéressant et on a maintenant une bonne compréhension pour le futur.

« On ne se sent pas bien parfois sur certaines machines, et ça se passe mal. Avec la Suzuki je me suis vraiment senti à l’aise. Elle m’a donné beaucoup de ressenti. Même si je n’étais pas monté depuis longtemps sur une machine de MotoGP, l’expérience acquise avec beaucoup de motos dans différents championnats a compté. La relation avec la machine comme avec le staff technique de Suzuki a tout de suite été très bonne.

Est-ce que Suzuki a souhaité que tu te rendes disponible pour d’autres tests ?

« Il n’y a pour le moment rien de confirmé. On a vécu ensemble une expérience positive. Après, on verra.

Quel est le meilleur souvenir que tu garderas de ces trois Grands Prix ?

« Il y aura un paquet ! Pour moi ça a été une grande émotion d’être de retour au Mans et de rouler devant mon public. Sportivement, tout a été positif parce que je me suis bien senti sur la moto et n’ai pas fait d’erreur. Je me suis fait plaisir sur la moto, mais aussi avec l’équipe qui est vraiment super. Il y a une très bonne ambiance, très professionnelle. Tout comme il faut.

« Ma relation avec les Japonais de chez Suzuki s’est bien passée. On a tout de suite construit un bon rapport, ce qui était important. Pour moi sportivement, ma meilleure course a été celle de Barcelone. Même si on avait des difficultés au niveau de la performance globale, ça a été une course où j’ai bien performé. Je me suis bien battu. Pouvoir doubler sur la fin de course mon coéquipier qui a gagné un GP l’année dernière a été un bon signe pour moi. Ça voulait dire que le poignet droit fonctionne encore comme il faut ! (rire)

Ce week-end, tu vas changer de monde, et pas seulement sur le plan climatique, en passant de Barcelone au BSB à Knockhill. Comment s’annonce pour toi cette manche du British Superbike ?

« On va voir, c’est complètement différent. C’est un circuit anglais typique. Je viens d’en faire le tour à pieds (ndlr : interview réalisée jeudi après-midi) et c’est effectivement différent. En plus c’est un circuit que je ne connais pas, donc il va falloir que je l’apprenne. On est aussi ici en pleine phase de développement avec la Superbike. C’est un travail intéressant avec cette machine.

« Il faut se remettre en mode rosbif, on recommence une nouvelle aventure. C’est aussi ça qui fait la beauté de ce métier : il est nécessaire de s’adapter. Aller en MotoGP, avec les pneus, la moto, la structure différente, puis passer en BSB. C’est moins glamour que le MotoGP, mais c’est aussi un challenge intéressant. J’apprécie de travailler sur la Superbike car je sais qu’elle a un gros potentiel. »

 

Photos © Suzuki

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