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Cela fait un bon moment que nous suivons ici l’aventure NTS en compétition moto. Avouons-le, au début nous le faisions car la société japonaise, étroitement liée à Geo Technology, est connue des initiés pour sous-traiter différentes pièces pour les MotoGP Yamaha et Honda.

Il était donc intéressant de la suivre alors qu’elle se lançait dans un projet Moto2 (au début motorisé par un moteur Yamaha) suite à son implication avec le team Norick et Kohta Nozane au Japon.

Après un passage en championnat d’Espagne (en particulier aux mains d’Alan Techer), on la retrouve aujourd’hui en championnat du monde comme fournisseur des motos du team néerlandais RW Racing GP managé par Jarno Janssen. Celui-ci aligne le Sud-Africain Steven Odeendaal et le Californien Joe Roberts.

La moto NTS, elle, évolue constamment et fera même le saut vers le moteur Triumph en 2019, comme viennent de le montrer les derniers essais sur le circuit de Motorland Aragon (Voir ici).

Quelles sont les motivations qui poussent NTS à s’attaquer à des constructeurs établis comme KTM ou Kalex ?

La réponse, presque philosophique, se trouve dans les propos de Jin Sasaki, porte-parole pour l’occasion du PDG Masahiro Namatame.


En tant que partenaire de RW Racing GP, l’usineur japonais NTS a fait son entrée en Grand Prix cette saison. Une progression remarquable pour la compagnie qui, depuis 1970, est spécialisée dans les prototypes et le travail de précision pour les industries aérospatiale, médicale, maritime et automobile, et dans les sports mécaniques.

NTS n’est pas un étranger pour les sports mécaniques. Depuis 2012, la société d’usinage de Fukushima s’est impliquée dans le championnat japonais Moto2, où elle a couru avec l’ancien pilote de Grand Prix Tomoyoshi Koyama et le team Norick (dirigé par le père du pilote de Grand Prix Norick Abe) jusqu’à y obtenir le titre. En 2015 a suivi le saut en Moto2 dans le championnat du monde junior CEV, avec son propre châssis.

« Courir en Grand Prix n’a jamais été un objectif », déclare Jin Sasaki, pour le compte du PDG de NTS, Masahiro Namatane. « Mais c’était une progression naturelle dans le processus où nous nous sommes entrés plus ou moins par accident. Monsieur Namatane avait l’habitude de courir lui-même en 250cc et notre première activité dans les sports mécaniques a été d’être un sponsor, en dehors du hobby. Néanmoins, nous avons assez rapidement réalisé que les sports mécaniques avaient beaucoup en commun avec notre business : la réalisation de prototypes spécialisés. C’est de cette façon que nous avons débuté avec propre châssis. Après 2 ans en CEV, nous avons eu le sentiment qu’il était assez compétitif pour faire ses débuts en Grand Prix, au plus haut niveau ».

Jarno Janssen et Hans Spaan se sont rendus dans le paddock du CEV pour observer avec curiosité la NTS.
« Nous avons parlé plus d’une heure dans le box, rassemblés autour de la moto », déclare Sasaki. « Il y avait une touche personnelle. Nous avons aimé la façon dont Jarno et Hans travaillent. Le ‘ton de la voix’ s’accordait exactement. Nous trouvons les relations personnelles très importantes ».

NTS et RW Racing GP étaient tous les deux ouverts à un partenariat. Il y avait deux options : soit attendre l’introduction du moteur Triumph en Moto2 en mode 2019, ou se servir de 2018 comme une année de transition avec le ‘vieux’ moteur Honda.
« Chacune des options avait ses avantages et ses inconvénients, mais nous réalisons très bien que si nous voulons essayer d’écrire l’histoire, nous devons avoir du temps. En nous lançant maintenant, nous n’augmentons pas davantage l’écart qui nous sépare des autres marques. Nous avons toutes les données concernant les circuits. Les données que nous avons proviennent du CEV, où les pneus sont différents et les moteurs ont un caractère légèrement différent. Cela engendre des différences significatives en termes de distribution des masses entre l’avant et l’arrière, d’équilibre de la moto, d’adhérence et de rigidité du châssis. Ne mentionnons même pas le niveau des pilotes. Le rythme est bien plus élevé en Grand Prix. Tout cela a de grandes conséquences. 2018 est néanmoins une année d’apprentissage et de transition pour nous ».

De ce point de vue, cela a été un choix assumé de commencer à travailler avec de jeunes pilotes, au lieu d’engager un pilote confirmé.
« Nous ne sommes déjà pas très loin », exprime Sasaki au sujet de la position de NTS. « Dessiner et développer un châssis n’est pas un pari ; c’est basé sur l’expérience et la stabilité. Pas à pas. Nous sommes des personnes logiques, et nous travaillons selon des principes académiques. Nous voulons progresser de façon calme, sans attentes et pression incroyables. En tant que team, RW Racing GP possède la connaissance et l’expérience que nous n’avons pas, et que nous ne voulons pas. Le team procède à la sélection des pilotes, bien que nous ayons aussi notre mot à dire. Nous serons satisfaits quand les 2 pilotes seront régulièrement en position de marquer des points, d’ici la fin de saison ».

NTS travaille actuellement en étroite collaboration avec GEO Technology en Suisse (Voir interview Osamu Goto ici), sur la 4e génération du châssis, qui sera celle qui accueillera le moteur Triumph. Les tests viennent juste de se terminer et Sasaki s’attend à une évolution disponible durant la deuxième partie de saison.
« Actuellement, il ne s’agit pas tellement de recherche et de développement, mais des questions pratiques et structurelles : combien de temps avons-nous besoin pour pour fournir des pièces ? Comment gérons-nous les commandes ? C’est un processus important pour nous », explique-t-il. « NTS travaille pour de grands et importants clients à qui nous fournissons des prototypes, mais pour lesquels nous ne sommes pas en position d’essayer comme nous le faisons ici. Mais dans ce projet, nous le pouvons. Nos employés apprennent beaucoup de cela, et sont très impliqués dans le projet, tout comme le PDG, M. Namatame. Nous pouvons montrer ce que nous savons faire, mais ce n’est pas seulement un projet de prestige. Nous apprenons de cela comment développer et déployer de nouvelles techniques, et quels services nous pouvons fournir ».

Sasaki continue : « le contrôle de qualité de nos produits et les processus de fabrication sont importants : nous sommes attentifs à la précision et à la dynamique. Pour donner un exemple, nous produisons également des aubes de réacteur. Elles doivent fournir la même performance quelles que soient les conditions dynamiques. Tout comme doit le faire également un châssis de compétition. Nous apprenons beaucoup sur le comportement des matériaux dans différentes conditions. Avec ce projet, nous étendons également notre notoriété mondiale, en tant que fournisseur de prototypes de haute technologie.
Nous ne sommes pas un constructeur de châssis classique et nous n’essayons pas d’en devenir un. Nous ne sommes pas Kalex ou KTM. Nous garderons à ce projet sa petite taille, avec pas plus de quatre machines. Pour le moment, nous nous sommes engagés pour 3 ans. Mais nous n’excluons pas de rester davantage, tellement nous aimons cela. Jusqu’à présent, nous sommes très heureux ».

 

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