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Pilier du paddock des Grands Prix, Jacky a suivi avec attention les courses de Brno et de Spielberg, riches en évènements. Les confirmations y ont été aussi abondantes que les surprises, comme il nous l’explique ici dans son tour d’horizon des trois catégories.

Tout d’abord Jacky, Jorge Lorenzo est maintenant pour la première fois depuis qu’il est chez Ducati devant son coéquipier Andrea Dovizioso au classement provisoire du Championnat du Monde. N’a-t-on pas été un peu maladroit chez Ducati en le laissant partir chez Honda l’an prochain ?

« Sans aucun doute. Il est clair qu’il a été absolument vexé par les propos du patron Claudio Domenicali qui à un moment donné a mis en doute ses capacités. Il était encore en phase d’apprentissage de cette Ducati difficile. Il montre maintenant qu’il a bien compris comment elle fonctionne et il est certain que chez Ducati beaucoup vont le regretter.

« Il a fait une course merveilleuse car il a été extraordinairement combatif. On l’avait vu auparavant parfois partir en tête, puis tout doucement d’effondrer en laissant passer les autres. Sa moto est maintenant compétitive sur tous les circuits.

« Marc Marquez en très grande forme en ce moment, même s’il a été battu par Lorenzo, a su résister à Dovizioso. Lorenzo sur la Honda, comme il l’a prouvé sur la Yamaha et la Ducati, restera un immense champion. »

La vidéo de la victoire de Lorenzo, publiée par Ducati (il ne manque que Domenicali…) :

En Moto2, Luca Marini a réalisé son troisième podium consécutif en Autriche, avec en plus la pole position à Brno. Comment expliques-tu sa soudaine et superbe progression ?

« J’ai discuté avec lui dimanche soir. Il était radieux, c’est évident. Il est la surprise de cette tournée. Il a beaucoup progressé, beaucoup travaillé avec son frère, qui d’ailleurs passe régulièrement le voir. A un moment donné pendant les essais, j’étais dans son box avec Luca quand Valentino est passé et lui a demandé depuis l’extérieur comment ça allait. Il est toujours derrière lui.

« Il a pris confiance en lui, tout comme en son équipe, ainsi que son coéquipier Francesco Bagnaia. Il est difficile à dire comment il a pu faire une telle progression, mais il a démontré qu’il faisait maintenant partie des gros clients. Et il a une excellente équipe autour de lui. »

Tito Rabat est resté 7e devant Valentino Rossi, Dani Pedrosa, Johann Zarco et Maverick Vinales jusqu’au deux tiers de la course en Autriche. Quelles conclusions cela t’inspire-t-il ?

« Un grand plaisir car ce garçon qui a été complètement dépassé chez Marc VDS pendant deux ans et qu’on croyait incapable de piloter une machine de MotoGP, démontre qu’en fait il lui fallait une bonne moto et une bonne équipe. On l’a vu faire depuis le début de l’année de très jolies choses, alors qu’avant il était toujours dans les derniers en MotoGP. Tom Lüthi a le moral dans ses baskets, Franco Morbidelli a aussi du mal, cette Honda satellite semble délicate, difficile, une moto à ne pas mettre entre toutes les mains. On a vu Cal Crutchlow énormément progresser depuis qu’il a la vraie moto.

« Hafizh Syahrin avec sa Yamaha arrive à lutter avec Franco Morbidelli alors qu’on ne l’attendait pas du tout. Franco m’a dit un jour (bien qu’il n’ait rien contre Syahrin) « ça m’embête parce que je crois être meilleur que Syahrin, en tout cas je l’ai toujours battu dans les catégories inférieures, et là brutalement il prend la Yamaha et il est devant ».

« La Ducati convient à Rabat et il nous a montré depuis le début de saison qu’il était beaucoup mieux qu’il ne l’était auparavant avec la Honda ».

En Moto3, Jorge Martin a été compétitif avec une fracture du radius au niveau du poignet, des essais jusqu’au dernier tour de la course, sur un circuit avec de gros freinages très durs pour les avant-bras. Cela a surpris beaucoup de gens. Est-ce ton cas ?

« C’est un dur ! C’est un dur au mal. Il a commencé les essais discrètement afin de garder son énergie pour les qualifications. En course il a énormément souffert. Après l’arrivée j’étais dans son box et je peux te dire qu’il avait vraiment très très mal. Il a su aller au-delà de la douleur, après être passé à la miraculeuse Clinique Mobile, mais c’est un dur au mal. Il a forcé l’admiration de tout le paddock avec sa détermination et sa force.

« Marco Bezzecchi de son côté est incroyable. C’est le jeune premier qui me fait penser à Valentino à ses débuts. La bagarre entre ces deux-là va être serrée jusqu’au dernier moment. »

Que penses-tu de l’arrivée de Randy de Puniet chez KTM comme pilote essayeur en tant que remplaçant temporaire de Mika Kallio ?

« Je leur ai posé la question avant que ça ne se fasse, en leur demandant pourquoi ils ne prendraient pas Randy. Ils ont un peu éludé la question, mais ça me paraissait tellement logique. Il est rapide, toujours en activité et a essayé déjà plusieurs fois la KTM, donc pour moi c’est un excellent choix. Ils misent pour l’avenir sur Pedrosa qui a une expérience phénoménale et pourrait leur apporter beaucoup d’informations sur la Honda. »

En Autriche, l’un des mécaniciens de Valentino Rossi s’est plaint que la structure Michelin se trouvait à 400 mètres des stands, et il trouvait anormal que les partenaires techniques essentiels soient repoussés au large pour faire place aux hospitalités. Que penses-tu de ce point de vue ?

« Le paddock de ce circuit est extrêmement complexe. Je le sais car j’ai été à une époque pendant dix ans responsable de l’organisation du paddock pour l’IRTA. Il y a un dénivelé car le circuit est construit sur une pente. Quand je voyais les gars pousser leurs charriots de pneus en montée pour rejoindre l’infrastructure Michelin (car mon installation Total ACS Racing Fuels & Lubricants Elf était juste à côté), j’avais mal pour eux et je ne te cache pas que j’en ai aidé plusieurs à pousser.

« L’installation actuelle est différente de ce que je faisais : j’avais une zone de travail avec tous les concurrents de toutes les catégories soit dans les boxes, soit sous des tentes, et tous les techniques. Il y avait aussi une zone de réception avec toutes les hospitalités, et une zone de silence avec tous les motorhomes.

« Il est vrai que les bureaux de Dorna et de l’IRTA prennent de la place, mais je ne suis pas sûr qu’en les serrant on aurait eu la place de mettre Michelin, et aussi Dunlop qu’il ne faut pas oublier. Là, les concurrents Moto2 et Moto3 allaient encore plus loin chercher leurs pneus chez Dunlop. Organiser tout ça au Red Bull Ring est extrêmement difficile et il y a des choix à faire. Et cette année la chaleur élevée rendait le transport des pneus au milieu des spectateurs, et avec la montée, assez difficile. »

Premier tour en MotoGP :

Photos et vidéos © Marc Sériau & motogp.com / Dorna