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À la fin d’une journée de Grand Prix, nous aimons bien opposer à toutes les actions et faits de course la vision de quelqu’un qui en a déjà vécu des centaines et des centaines. Autrement dit, essayer de prendre du recul avec quelqu’un de beaucoup plus expérimenté que nous.

Habituellement, nous le faisons avec Hervé Poncharal, mais, Italie oblige, c’est une fois de plus la vision de Carlo Pernat que nous vous partageons aujourd’hui.

Est-il besoin de rappeler que l’homme a travaillé avec Valentino Rossi, Max Biaggi, Marco Simoncelli, et le fait encore aujourd’hui avec Andrea Iannone et, tout récemment, Enea Bastianini ?

Le Transalpin a la gentillesse de s’exprimer dans un français enjolivé de tournures de phrases imagées et d’un accent fleurant bon l’Italie…


Carlo, pensez-vous que ce Grand Prix à Misano a été un Grand Prix sans âme ?

Carlo Pernat : « non ! Cela a été un beau Grand Prix. OK, il n’y avait pas Valentino, alors c’est différent. Il y a moins de monde mais ce sera l’apéritif quand Valentino terminera sa blessure. C’est comme ça ! Heureusement qu’il y avait déjà eu beaucoup de billets vendus avant. Il faudrait faire un test quand il n’y a pas de billets vendus avant. Valentino ne roulera peut-être pas à Aragon, mais je pense qu’il y viendra pour essayer.

Mais le Grand Prix lui-même, c’était un beau Grand Prix dans lequel Márquez a démontré qu’il était le meilleur de tous ! Et assurément, Petrucci a fait une grande compétition. À quatre tours de la fin, il a fait une erreur avec sa moto et a été un peu gêné, mais le dernier tour de Márquez a été une chose incroyable. 47.0, c’est incroyable, hein ? Danilo s‘est conduit en héros. Il n’a pas pu battre Marquez, et j’ai vu après la course de la déception sur son visage. Mais il ne devrait pas être déçu, parce que c’était un phénomène exceptionnel qu’il avait en face de lui.

J’attendais quelque chose en plus de Dovizioso, mais probablement qu’il s’est contenté de la chose qu’il a eue. Il n’était pas dans les meilleures conditions pour faire quelque chose en plus.

Vinales ne gagnera jamais de championnat du monde s’il n’apprend pas à rouler sur le mouillé. Sur le mouillé, ce n’est pas encore un grand. Il a pris huit ou neufs secondes. Et chaque année, il y a trois ou quatre compétitions sur le mouillé. Si tu n’apprends pas à rouler sur le mouillé, le championnat du monde, bye-bye !

Je pense le championnat du monde, c’est entre deux personnes : Dovi et Marc ! Oui ! Regarde, avec trois zéros (résultats blancs), il est en tête. Tu imagines…
Deux fois à cause d’une chute et une fois à cause du moteur.
Dovi a un zéro, mais ce n’est pas de sa faute. Je pense qu’un pilote qui a 3 zéros et qui est en tête du championnat du monde, est plus fort que les autres.

Le championnat du monde, Dovi peut le gagner, mais Márquez peut simplement le perdre. Ça, c’est la vérité !

Et il y a une autre chose importante selon moi : Ducati est devenu la référence en ce moment. Personne ne s’attendait à ce que Ducati ne devienne la moto de référence, mais en ce moment, c’est la moto la plus équilibrée sur tous les circuits. Il n’y a pas seulement un circuit où elle est bonne, mais sur tous les circuits : Sachsenring, Silverstone, tous les circuits.
Je pense que c’est la raison, parce que Yamaha et Honda, pour suivre la Ducati, ils ont un petit peu trop travaillé sur les moteurs et l’électronique. La rupture du moteur de Márquez, selon moi, c’est parce qu’en ce moment la Ducati est trop forte. Alors Honda a cherché la limite. Dans ma vie, c’est la première fois que je vois une chose comme ça. Mais je crois que c’est la vérité.

C’est un championnat qui ne sera pas terminé jusqu’à Valencia. J’en suis sûr ! »

Continuons avec les pilotes et leur course d’aujourd’hui : Jorge Lorenzo n’a-t-il pas trop voulu en faire ?

« Pour moi, il allait trop vite. Mais son problème, je pense qu’il est arrivé à connaître un petit peu la Ducati, mais lui, il a des manques de concentration. Avec la Ducati, tu ne peux pas te déconcentrer. Si tu te déconcentres pendant un ou deux tours, tu perds trois secondes ou tu chutes. Il faut toujours utiliser sa tête, et lui, il n’a pas encore la tête pour tous les tours. Il lui manque un ou deux tours, comme il faisait avec la Yamaha et après il reprenais. Ici, si tu perds la concentration pendant deux tours, tu as perdu trois secondes ou tu as chuté. C’est la chose sur laquelle il doit encore travailler. Ici, il allait trop vite. »

Et Andrea Iannone, pour finir ?

« Ici, il lui est arrivé un problème. Après deux tours, son avant-bras était comme ça (gonflé) et ça ne va pas. Mais c’est une année méchante, plus que difficile, méchante. Il faut que les choses changent, sinon…
Il n’y a pas de feeling entre les deux. Entre la moto et lui. Je dois dire que la Suzuki n’est pas mal, puisque Rins est parvenu à obtenir des résultats importants lors des dernières courses. Malheureusement, Iannone est entré dans un tourbillon dont nous espérons qu’il sortira bientôt, même si je pense que nous devrons attendre jusqu’en 2018. »