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La première partie de cette interview d’Hervé Poncharal, abordant les bénéfices de ne pas chuter et la pique lancée par Cal Crutchlow, se trouve ici.


Hervé, on n’en a déjà parlé mais cela semble se confirmer : Jonas semble plus rapide à se mettre dans le rythme que Johann. Est-ce un handicap pour votre pilote français et quel est votre point de vue sur cet aspect ?

« Mon premier point de vue, c’est que nos deux pilotes ont toujours été, sur les quatre circuits qu’on a faits, Valence, Sepang, Phillip Island et Qatar, excessivement proches puisque l’on parle de centièmes de seconde entre les deux. Ça, pour moi, c’est vraiment très bon car ça montre que les deux équipes des deux pilotes, plus l’équipe Tech3 dans sa globalité, plus la Yamaha que Yamaha Japon nous fournit, tout ça fonctionne bien et est très homogène. Il y a une belle émulation vraiment très saine et un méga respect de Folger pour Zarco et de Zarco pour Folger.
Clairement, quand j’ai été interrogé par les médias ou les fans l’année dernière, tout le monde voyait Johann Zarco beaucoup plus compétitif, vu son âge, vu son background, vu la manière dont il a géré ses deux saisons 2015 et 2016 avec un titre à la clé, et en particulier la gestion monumentale de la deuxième année pour doubler son titre, bref, tout le monde voyait Johann Zarco plus compétitif que Jonas, celui-ci apparaissant peut-être un petit peu plus fragile psychologiquement, avec plus de chutes ou de résultats décevants. Donc, tout le monde, y compris moi, pensait qu’il y aurait une différence entre les deux et tout le monde s’attendait à ce que Johann maîtrise beaucoup mieux son sujet que Jonas, notamment pendant la campagne hivernale. Or, en fin de compte, on peut dire qu’ils l’ont menée de la même manière, et c’est évident que l’on est très heureux de Johann parce que ce qu’il fait est superbe, mais que l’on est plus surpris que Jonas soit aussi performant que cela, surtout en ayant à l’esprit ces deux dernières saisons en Moto2 ! Ce n’est pas Johann qui déçoit, car il est là, et certainement mieux que ce que l’on attendait car ce qu’il fait est magnifique, mais c’est plutôt Folger qui casse un peu l’écran et la baraque puisqu’il est au niveau de Johann Zarco alors qu’on s’attendait à ce que Johann soit devant.

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Maintenant, je pense qu’il faut attendre les premières courses pour voir comment cela se passe et j’ai une énorme confiance en Johann parce que c’est quelqu’un qui, comme vous le disiez, va piano va sano, qui veut comprendre le maximum de choses avant de se lâcher complètement, qui est quelqu’un qui réfléchit beaucoup, qui est très intelligent, et je suis persuadé qu’il est prêt à faire une très belle saison 2017. On verra ce qui se passe par rapport à son coéquipier, mais en tout cas, tous les gens qui ont travaillé avec lui ou qui l’ont suivi de près ou de loin pendant cette campagne hivernale, ont été bluffés par son application, sa volonté et sa capacité de travail, tout en étant excessivement humble mais qui ne dévie pas de son objectif d’être le meilleur Rookie et d’être régulièrement dans le top 10. »

Après ces 10 journées d’essais de tests hivernaux, vous êtes maintenant impatient d’être au premier Grand Prix ?

« Écoutez, je suis maintenant très très heureux de ce qu’on fait mes deux pilotes, et je suis excessivement impatient car, à moment donné, vous dites « m…, maintenant il faut y aller, quoi ». Par contre, plus les essais hivernaux se sont bien passés, plus vous attendez beaucoup, et là, il y a toujours une incertitude…
C’est bien de partir des essais au Qatar avec la banane, et on l’a, mais ça serait également bien de revenir de la première course avec la banane, et ça, je ne peux pas vous en parler pour l’instant… »

On reconnaît là, la prudence légendaire de l’homme expérimenté…

« (Rire) Non, mais c’est vrai qu’il y a de grosses attentes mais que ça va être beaucoup plus difficile à gérer pour des Rookies. Surtout cette pression des vieux renards comme Rossi, Dovizioso, Lorenzo, pour parler des plus « âgés »; ils vont en jouer de tout ça, et les nôtres ce sont des débutants dans la catégorie MotoGP, même si ce ne sont pas des débutants dans la course. Donc, maintenant, quand ça compte, quand tous les médias sont là, quand la pression est là, quand il y a le vrai chrono qui importe, il va falloir voir s’ils travaillent toujours de manière aussi détendue et relaxe. Ça, ça va être la prochaine chose à étudier, et la prochaine chose dont je parlerai avec Paddock-GP. »

Mais là, vous serez là pour leur apporter tous vos conseils et les aider à rester sereins…

« Ecoutez, oui, mais ne surestimez pas mes pouvoirs ! (rires) Déjà, ils seront sereins ou pas par rapport à la manière dont leurs essais vont se passer, et il faut donc qu’on continue à travailler comme cela. Après, si j’écoute l’ancien Team manager de Jonas que j’ai rencontré à Jerez, il m’a annoncé à plusieurs reprises que ça allait être compliqué à cause de la pression qui avance au fur et à mesure du week-end, et qui rend Jonas fébrile, ce qui peut lui faire commettre des erreurs. On va voir… mais si je ne sais pas trop comment Jonas va gérer cette dernière marche, par contre et même si ce n’est pas fait d’avance, je suis plus serein par rapport à Johann parce que je sens vraiment qu’il est bien dans sa tête, bien dans ses baskets. Je le sens un peu comme un vieux routier et ça, ça me fait vraiment plaisir. Et quand je dis vieux routier, ce n’est pas du tout péjoratif, au contraire, car j’y mettrai également des gens comme Rossi, Dovizioso et Lorenzo. »

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