pub

Moto3 avenir

Hier, nous nous interrogions sur l’avenir du Moto3 ; une catégorie essentielle à l’écosystème MotoGP, mais qui devrait changer à l’horizon 2028. Je vous invite à retrouver cet article en cliquant ici, car sa lecture est plus ou moins indispensable pour comprendre les tenants et aboutissants de la publication d’aujourd’hui. Décrire les problèmes est une chose, d’accord, mais trouver des solutions en est une autre. Aujourd’hui, penchons-nous sur les idées de la DORNA, et essayons de proposer des alternatives.

 

Il y a encore du temps

 

Carlos Ezpeleta, le directeur sportif du MotoGP, s’est exprimé sur le sujet, et affirmait que l’objectif temporel était fixé à 2028. Cela laisse encore du temps pour trouver des idées, et, personnellement, je trouve que c’est une longue période. Je sais qu’il ne faut pas presser une refonte, mais j’aurais apprécié un changement en même temps que la catégorie reine, en 2027. Bon, ce n’est pas si grave.

 

Carlos Ezpeleta

 

Concrètement, à ce stade du processus de réflexion, que proposait Ezpeleta fils ? Pour vous la faire courte, il aimerait que chaque constructeur soit représenté par un maximum de six pilotes. En faisant ça, il espère ramener de nouvelles marques dans un championnat où se battent exclusivement KTM et Honda depuis le départ de Mahindra fin 2017. Ce n’est pas une mauvaise idée en soi, mais elle entraîne plusieurs défis.

Premièrement, trouver lesdits constructeurs. On imagine qu’il aimerait que ceux engagés en MotoGP rejoignent le Moto3 – et pourquoi pas le Moto2 dont on devra reparler –, afin de créer, peut-être, des sortes « d’académies » comme en F1. Pour rappel, en Formule 1, les marques engagées financent et développent des pilotes depuis leurs premiers pas dans les paddocks. C’est tout à fait ce que KTM et Red Bull réalisent en MotoGP, mais c’est moins évident que dans le championnat de monoplaces. Après tout, pourquoi pas, et ça serait logique au vu des ponts qui se construisent entre le MotoGP et la Formule 1 depuis plusieurs années. Mais j’imagine qu’il sera très compliqué d’attirer des marques qui, naturellement, ne sont pas vraiment présentes dans le monde des petites cylindrées.

Deuxièmement, ça peut repousser de nouveaux futurs constructeurs à rejoindre le MotoGP. Admettons que BMW veuille s’engager en catégorie reine, comme la rumeur le laisse entendre depuis plusieurs années. Pas dit que les Bavarois voudront se farcir un coûteux programme Moto3 en même temps.

Troisièmement, je pense que ça serait difficile à accepter pour KTM et Honda. Comme le disait Bernie Ecclestone, « on ne peut pas empêcher les gens de dépenser leur argent ». Et si la firme autrichienne est un peu en difficulté, Beirer n’exclut pas la possibilité de fournir les motos pour une classe totalement standardisée, qui n’exploiterait donc que des KTM. Mais ça me paraît difficile à mettre en place. De son côté, Honda n’est pas à plaindre. Pourquoi le constructeur le plus puissant du monde, qui pourrait gagner facilement en petite catégorie avec l’expérience acquise au fil des années, se limiterait à six motos seulement ? N’y a-t-il pas là un risque de froisser le constructeur nippon, qui est d’une importance politique considérable en MotoGP ? C’est exactement ce dont avait peur Carlos Ezpeleta, et c’est pour cela que c’est loin d’être fait.

L’un dans l’autre, cette solution des six pilotes maximum par marque me paraît difficile à appliquer. On va se retrouver avec les meilleurs pilotes sur les meilleures motos, et ça va dégoûter les constructeurs du bas de tableau. Pour moi, il faut quelque chose de plus profond.

 

Du Moto3 au MotoGP en passant par la moto de série

 

Dans cet entretien, Ezpeleta ne fermait pas la porte à des rapprochements avec les motos de série. Il ne voulait pas d’une formule type Superbike, mais pourquoi ne pas s’inspirer de l’actuel Moto2. Cela permettrait de baisser les coûts – dans le cas d’un moteur unique, par exemple – mais aussi, d’homogénéiser la catégorie. C’est une meilleure idée, d’après moi, mais quelques problèmes se posent encore. Tout d’abord, je suis sûr que ça n’empêcherait pas Ajo, Aspar, et Leopard Racing de dominer, car finalement, les Honda et KTM actuelles ne sont déjà pas si éloignées en termes de performance. Nous ne sommes pas encore sur une formule monotype, mais presque.

 

Moto3 avenir

J’aimerais voir plus d’équipes différentes s’imposer. La majorité exploitent des KTM, mais pour autant, certaines sont invisibles alors qu’elles forment peut-être très bien, ce sûr quoi l’accent devrait être mis. Photo : Ajo

 

Mes idées pour l’avenir du Moto3

 

J’ai un peu travaillé de mon côté, et j’ai trouvé quelques idées qui me paraissent applicables à cette échelle. Je vais vous les lister.

1. D’après moi, le plus gros problème réside dans l’utilisation des mêmes motos qu’en formules de promotion (Red Bull Rookies Cup et JuniorGP). Je pense qu’il faut garder la base Moto3 en junior, et passer sur une cylindrée plus élevée dans la plus petite des catégories. L’étagement 250cc – 765cc – 1000cc n’a pas vraiment porté ses fruits, car l’adaptation d’une étape à l’autre est très difficile. Cela nécessiterait également de revoir les Moto2, d’ajouter de l’électronique et de l’aéro (de les rapprocher des MotoGP), avec, pourquoi pas, à la volée, une base 600cc – 765cc – 850cc.

2. Imposer un plafond budgétaire. C’est le cas dans de nombreux sports mécaniques, comme en F1, et je crois que le championnat MotoGP devra y passer un jour ou l’autre. C’est dans l’air du temps, et cette mesure pourrait effectivement pousser des constructeurs à venir (un peu comme en FIA WEC).

3. La standardisation arrivera – elle est aussi à la mode, car plus économique –, mais j’aimerais que les Moto3 et les Moto2 restent des prototypes. Comme Carlos Ezpeleta, je ne veux pas d’un championnat Supersport bis. On pourrait imaginer une base moteur commune, mais permettre aux constructeurs d’être libres sur le plan technique, au niveau du châssis. Cela permettrait de s’éloigner des modèles de série que certaines marques aimeraient bien pousser en mondial, et, à la fois, de sensibiliser les jeunes pilotes au développement moins nécessaire quand la base est déjà bien connue.

C’étaient mes trois résolutions concernant le championnat Moto3, et, bien évidemment, j’ai conscience que le travail de la DORNA est difficile. Pour cet exercice, je me suis affranchi de nombreux facteurs auxquels Ezpeleta et ses équipes ne pourront pas déroger.

Mais tout de même, je suis curieux de savoir ce que vous auriez à proposer. Êtes-vous d’accord avec moi sur l’augmentation de la cylindrée en petite catégorie ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Le Moto2 n’a jamais été aussi éloigné du Moto3… Photo : Intact GP

 

Photo de couverture : Red Bull KTM Ajo

Tous les articles sur les Teams : Aspar Moto3, Leopard Racing, Red Bull KTM Ajo