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Souvenir… Dans les bureaux de Moto Revue un lundi matin, avec Philippe Michel, journaliste,  gueule d’aventurier-gauloises, qui suivait les GP pour le journal.

Ses retours étaient souvent porteurs de mauvaises nouvelles. Pourtant, ce jour là, Philippe est comme d’habitude épuisé et mal rasé mais il arrive d’Italie et trie ses photos avec un sourire gourmand.  « Tu sais ce qu’ils ont passé sur la sono ?  Sapore di sale* »…

Le goût du sel sur les lèvres de l’amante à peine sortie de la mer… Depuis la Venus de Botticelli (la plus belle fille du monde !) en Italie, l’amour a des saveurs salées. « Sapore di sale » est l’un  de ces slows torrides incroyablement rapprocheurs apparus chez les Italiens il y a longtemps, un longtemps que les moins de trente ans peuvent ne pas connaître… (Euh quarante peut-être ?). Qui plus est, les arrangements musicaux sont d’Ennio Morricone, qui écrira plus tard toutes les musiques des films de Sergio Leone. Donc forcément, cette chanson est devenue culte. Alors forcément aujourd’hui, quand arrive Misano, le circuit qui est à moins de deux kilomètres des plages, j’entends une voix (une seule, je suis moins balaize que Jeanne d’Arc !) une voix qui chante cette saveur de sel…

A cette époque, les boîtes de nuit de la côte italienne étaient en plein air, immenses, avec quelques chaises, un bar qui faisait des « granite », un DJ (on prononce didjèye) à qui l’on pouvait demander ce qu’il passait dans une sono un poil criarde, les pinèdes étaient musicales, romantiques, amoureuses jusqu’à l’aube… «Ti amo…** » 

Aujourd’hui les boîtes sont construites sur la mer dans de luxueux établissements, avec des fauteuils, des bouteilles de champ’ tiédasse à 3000 balles, le carré de danse est un show pour poupées russes et une matière permanente à documentaires TV en mal d’idées.

La pinède a été remplacée par des immeubles en béton, les matelas et les chaises longues sont rangés comme une division de panzers prête à la revue d’effectifs… Finie l’insouciance de la grande époque.

La grande époque… Celle d’Hailwood, Read, Agostini. Celle de l’insouciance qui va jusqu’au droit de se tuer, le film « Continental Circus » est en montage final, « Cheval de Fer » arrive… C’est aussi la construction de Misano (1969). Encore dix ans et à 14 km du circuit, à Tavullia, naît Valentino Rossi. L’endroit  devient le centre du monde.

Et ce sera encore le cas dimanche. Et samedi. Et vendredi. La musique que l’on entendra sur le circuit sera celle de Beau de Rochas. Et toc, là, un paquet d‘entre vous se gratte forcément la tête !

Il a inventé le principe du moteur à combustion interne en 1862…

Finalement « Sapore di sale », c’est plus facile à retenir…

 

https://youtu.be/lWgJjtmr7Yk