Johann Zarco a décidé de quitter Ducati pour Honda, ce qui est contre toute logique sportive au vu de la conjoncture actuelle en MotoGP. Certains cherchent à expliquer ce revirement avec un contrat doublement mieux rémunéré que celui proposé par la marque de Borgo Panigale qui a la main mise sur la catégorie. Celle-ci ouvrait aussi les portes au Français vers le WSBK en vue d’assurer la succession d’Alvaro Bautista, ce qui aurait offert la perspective d’un troisième titre mondial après les deux pris en Moto2. Mais il a dit non. Et pour des raisons de considération de sa personne, que l’on comprend lorsque l’on se remémore le Grand Prix de Thaïlande en octobre 2022.
Il faut en effet se rappeler cette course pour saisir pourquoi le sensible et sincère Johann Zarco a été blessé de se retrouver, pendant un moment, en ballotage défavorable dans les négociations de contrat en vue de 2024 chez Ducati. Lors de ce Grand Prix de Thaïlande disputés sur une piste humide, Johann Zarco était l’homme de la situation en remontant ses adversaires à un rythme effréné. A tel point que la victoire lui tendait les bras au bout de cet effort. Mais le Français l’a justement coupé en arrivant sur Pecco Bagnaia, troisième.
A cette époque, Ducati était en quête de son titre mondial pilotes en MotoGP, dont le dernier, qui était aussi le premier et donc le seul, remontait à 2007 avec Casey Stoner. Une période où tant Bastianini que Martin juraient qu’ils ne feraient pas de cadeaux à Bagnaia, créant une certaine tension parmi le staff Ducati. Johann Zarco, dans cette ambiance, a joué les bons soldats.
Un sacrifice qui avait amené à cette déclaration du Français : « Gigi Dall’Igna était très ému parce que le podium c’est quand même beau de l’avoir laissé et il a trouvé ça vraiment très gentleman de ma part et voilà… Je pense que Ducati se souviendra de ce geste, mais mis à part avec Bastianini, avec les autres pilotes Ducati on arrive à bien discuter entre nous et on se respecte bien ».
En Thaïlande en 2022, Johann Zarco n’avait que des amis chez Ducati
Ledit Gigi Dall’Igna avait commenté : « un merci spécial à Johann pour ne pas avoir tenté de dépasser Pecco dans les phases finales de la course : une tentative qui aurait été particulièrement risquée, compte tenu des conditions de piste, abandonnant ainsi une place sur le podium qui aurait pu facilement être à sa portée ». Même Bagnaia y était allé de son mot : « dans notre situation, il est bon qu’il n’ait pas couru certains risques. J’ai remercié Johann et son équipe ».
Some tense scenes in the Pramac box post-race on Sunday 👀#ThaiGP 🇹🇭 pic.twitter.com/Xw3gWhJgVS
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) October 6, 2022
Une situation, immortalisée par cette vidéo qui montre que chez Pramac, on se résignait avec difficulté à cette issue assumée par le Français et qui avait suscité l’incompréhension de son équipier Jorge Martin : « on est dans un championnat du monde et je me serais battu pour un podium. C’est vrai que si tu te bats avec Pecco pour un sixième ou un huitième rang, alors tu n’as pas besoin de le dépasser, mais un podium vaut la peine d’être tenté et encore plus si tu as le rythme pour essayer de gagner la course ».
Nous voilà en 2023. Ducati a oublié cet épisode, a plutôt réfléchi sur Morbidelli pour jouer sur Bezzecchi et négocier donc avec Rossi, mettant Johann Zarco dans la case des variables d’ajustement. Lui qui avait montré son indéfectible loyauté à la marque. Une désillusion qui lui a donné toutes les raisons d’aller voir ailleurs, même si ce sera pire, pour commencer.
