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Le Grand Prix TIM de San Marino et de la Riviera de Rimini (titre officiel) est considéré par la plupart des pilotes italiens comme leur Grand Prix national, contrairement au Gran Premio d’Italia TIM qui se déroule au Mugello. 

En effet, bien que les deux épreuves ne soient géographiquement pas très éloignées, la première se situe au cœur même des racines historiques de la compétition italienne et dans une région où nombre d’entre eux sont nés et résident encore.

Dans l’immédiat après-guerre, l’Italie est appauvrie et, comme en Espagne, les masses populaires se déplacent en 2 roues économiques (d’où le succès de la légendaire Vespa née en 1946).

Des épreuves sont alors organisées tout au long de la côte adriatique, région qui allie à la fois un bord de mer quasi infini ainsi qu’une population abondante et passionnée.
La première course a lieu à Tortoreto mais les suivantes se regroupent en Emilie-Romagne, à Cervia (Milano Marittima), Lugo, Cesenatico, Rimini, Riccione et Cattolica, voire Pesaro.

On les regroupera sous le nom générique de Mototemporada Romagnola.
Les « circuits » sont urbains et, front de mer oblige, se limitent le plus souvent à quelques bottes de paille disséminées dans les virages à angle droit qui relient une poignée de rues rectilignes.

Les courses seront peu à peu regroupées dans le championnat italien, mais 1960 marque un changement majeur avec l’ouverture de la Mototemporada Romagnola aux pilotes étrangers.
Dès lors, comme les courses se déroulent en début de saison, de nombreux pilotes internationaux viennent en effet « s’entraîner » et mettre au point leurs motos, officielles ou pas, dans ces courses locales.

Parmi eux, rien de moins que des noms comme Hailwood, Read, Duff, Herrero, Redman, Ivy, Simmonds, Findlay, Carruthers ou Andersson, sont venus se mêler aux Italiens, dont les plus célèbres ont été Agostini, Pasolini, Provini, Pagani, Bergamonti, Spaggiari, Parlotti, Grassetti, Villa ou Buscherini : bref, du beau monde !


Rimini 125cc, 1968. Ralph Bryans (30), Francesco Villa (15), Walter Villa (11)


« Temporada » 500cc à Riccione en 1969; Honda n.63 Mike Hailwood et MV n.1 Giacomo Agostini

 


Read, Rimini 1970…

Rimini 1971

Angelo Bergamonti sur la MV 6 cylindres…

Il faut dire que la plage et une certaine Dolce Vita ne sont pas totalement étrangères au succès de la formule…

La notoriété et le nombre de participants iront donc en grandissant tout au long des années 60′ pour se terminer brutalement, le 4 avril 1971, durant la course de Riccione; sous une pluie battante, Angelo Bergamonti, pilote officiel MV Agusta, perd le contrôle de sa 350 lors d’un duel avec Agostini et meurt tragiquement.


A Riccione, le jour du drame…

Dès l’année suivante, les courses de la Mototemporada Romagnola se dérouleront uniquement sur circuits, les épreuves de Rimini, Cesenatico et Riccione étant purement et simplement annulées par arrêté préfectoral.

Dessiné en 1969 et mis en chantier à partir de 1970, le «Circuito Internazionale Santa Monica» (nommé ainsi jusqu’en 2006) sera inauguré le 4 août 1972 à Misano-Adriatico, et possède un tracé alors très similaire à ce que l’on retrouve encore aujourd’hui. La piste mesure 3488 mètres et les virages se nomment alors Brute pela, Curva della Quercia, Curva del Carro, etc. On y tourne dans le sens anti-horaire.

Le 11 mai 1972, le circuit italien reçoit son premier Grand Prix, celui des Nations (58ème édition). Les vainqueurs se nomment alors Eugenio Lazzarini (50cc) sur Iprem, Pierpaolo Bianchi (125cc) sur MBA, Anton Mang (250cc) sur Krauser, Johnny Cecotto (350cc) sur Yamaha  et Kenny Roberts sur Yamaha 500cc.

Le 24 mars 1974, Read gagne en 350 et 500 après les abandons d’Agostini.

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Le 11 mai 1980, le 58ème GP des Nations débarque en Emillie-Romagne.

On assiste aux victoires de Eugenio Lazzarini sur Iprem (50cc), Pierpaolo Bianchi (125cc) sur MBA, Anton Mang sur Krauser 250, Johnny Cecotto sur Yamaha 350 et Kenny Roberts sur Yamaha 500cc.
Débuts de la Kawasaki KR500.


Podium 125. Guy Bertin, Pierpaolo Bianchi et Bruno Kneubühler

Sheene et Cecotto
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Roberts, entouré d’Uncini et de Rossi

L’ère moderne est bien lancée…

1982 voit les victoires de Angel Nieto en 125 cc, Didier de Radiguès en 350cc et Franco Uncini en 500cc, trois personnages qui faisaient  toujours partie du monde du MotoGP, jusqu’à l’accident du premier cette année.

En 1993,  on construit de nouvelles installations pour remplacer les petits box ouverts, et on allonge la piste à 4060 mètres.
Malheureusement, lors du Grand Prix d’Italie, Wayne Rainey tombe au neuvième tour dans le virage à droite après la ligne de départ. Victime d’un « High Side », il est projeté en l’air et retombe lourdement sur la tête. Le diagnostic sera sans appel. Sixième vertèbre dorsale fracturée, le triple champion du Monde restera paralysé. Les Grand Prix Motocyclistes abandonnent le circuit. Le pilote américain ne reviendra sur le circuit qu’en 2011, 18 ans plus tard et invité par Yamaha, dans sa chaise roulante.

Entre 1996 et 2001, on ajoute encore des stands.
En 2005, une nouvelle entrée est créée, rue Daijiro Kato, baptisée ainsi en mémoire du Japonais tué lors de son GP national en 2003 et qui avait l’habitude de vivre à Misano Adriatico.

En 2006, on effectue de gros travaux pour accueillir à nouveau le Championnat du monde de motocyclisme; la piste est allongée à 4180 mètres, élargie à 14 mères, tourne dans le sens horaire et est dotée de toutes les infrastructures d’un circuit moderne.
Pour marquer le coup, celui-ci change de nom pour s’appeler Misano World Circuit.

En 2007, le désormais MotoGP fait son retour sur le circuit, mais une pluie diluvienne vient saluer ce retour en inondant complètement le tracé italien lors de la première journée d’essais libres; dans certains virages, l’eau monte jusqu’à l’entrejambe…

Le circuit est à nouveau modifié en 2008, essentiellement par la sortie des stands et l’adjonction d’une chicane au virage #2 , portant sa longueur actuelle à 4226 mètres.

2010 est marqué par le terrible drame qui a emporté Shoya Tomizawa.

Fin 2011, le circuit est rebaptisé Misano World Circuit Marco Simoncelli en l’honneur de « l’enfant du pays » décédé au Grand Prix de Malaisie.

En 2015, le circuit a été entièrement resurfacé avec un revêtement tenant compte de la proximité immédiate de la mer (et donc du sel). Le drainage a également été considérablement amélioré.

Ces racines géo-historiques expliquent pourquoi une grande quantités de « bambini » de la région ont été piqués par le virus de la compétition moto, à commencer par un certainValentino Rossi, qui demeure toujours à quelques kilomètres du circuit…

Crédit photos : origine Internet, auteurs inconnus.