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Marco Bezzecchi MotoGP

Ça vous a peut être échappé en Australie, mais Marco Bezzecchi a connu un week-end MotoGP difficile. Et en réalité, il s’agit de la troisième manche consécutive où il n’est pas en capacité de disputer la victoire, un fait assez surprenant pour un pilote flamboyant qui s’est révélé il y a tout juste un an, lors du Grand Prix de Thaïlande 2022. Est-il hors course au championnat ? Que lui a-t-il manqué pour être plus proche de la tête ? Analyse.

 

Un phénomène vérifié

 

Je le pense sincèrement ; Au sortir du GP d’Australie, Marco Bezzecchi ne joue plus le titre mondial. Alors, bien sûr, mathématiquement, ce n’est pas encore fini. Mais à 73 points derrière Pecco Bagnaia et 46 derrière Jorge Martín, il est déjà difficile d’imaginer une remontée sur le pur plan comptable. Déjà, car il n’y a pas un pilote, mais deux devant, donc deux fois moins de chances de profiter d’un fait de course majeur comme en Indonésie. Je reviendrai sur les deux larrons en tête un peu plus tard.

D’ailleurs, si l’on reste sur les chiffres, il est plus proche de se faire dépasser par Brad Binder à 69 points derrière que de revenir sur son compère Bagnaia. La dynamique n’est pas plus rassurante, étant donné que c’est la première fois depuis le début de saison qu’il manque le podium lors de trois Grands Prix consécutifs. Plus largement, on le voit moins aux avant-postes depuis sa victoire magistrale en Inde. Ceci dit, il y a des explications.

 

Marco Bezzecchi MotoGP

Le scorpion n’a pas piqué en Australie. Photo : Michelin Motorsport

 

Des circonstances atténuantes

 

Cet article aurait pu s’appeler : « Qu’a-t-il manqué à Marco Bezzecchi cette saison ? » même s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions générales, bien que la fin de l’exercice 2023 approche à grands pas. Tout d’abord, le premier facteur, la chance. Elle est nécessaire au plus haut niveau, elle doit aussi se provoquer, mais parfois, elle ne choisit pas sur qui elle s’abat.

Marco Bezzecchi n’en a pas eu beaucoup, car souvent impliqué dans des accidents qu’il n’avait pas initié, et ceux-ci lui ont coûté de gros points. Je pense au Sprint du Grand Prix d’Espagne, même s’il a pu remonter sur la moto bien amochée, au Sprint en Autriche, circuit favorable à Ducati, et bien sûr, au Grand Prix de Catalogne, sur une piste qui correspond à son style de pilotage. Ici encore, il s’en est bien sorti mais était physiquement touché après le drapeau rouge. Je ne parle pas de l’accrochage au début du Sprint indien, où la victoire lui était promise.

 

 

Puis, il y a eu cette blessure intervenue entre le Grand Prix du Japon et l’Indonésie. Touché à la clavicule, il fut héroïque à Mandalika en allant accrocher cette troisième position sur le format court. J’ai vu des commentaires soulignant la trop haute intensité des entraînements, et pas que ceux du « Bez’ » d’ailleurs. Chaque année, on a souvent un ou deux pilotes qui manquent des courses en raison d’accidents similaires. Mais c’est la loi du très haut niveau, pas qu’en MotoGP d’ailleurs. Tous chutent beaucoup lorsqu’ils s’entraînent, mais certains ont plus de chance quand ils retombent.

Au milieu d’une tournée asiatique des plus fatigantes, il s’agit du pire moment pour se blesser. Alors, de fait, il est difficile de mesurer l’impact de sa diminution physique au vu de sa prestation sur l’île de Lombok en Indonésie, mais on sait aussi qu’elles peuvent être « à retardement », ne pas gêner sur le moment (avec l’adrénaline, la volonté de gagner tout de suite, de revenir en forme). Sur les manches suivantes, en revanche, elles peuvent jouer un rôle dans la performance globale du pilote. Le cas de Pecco Bagnaia après la Catalogne et le Saint-Marin est assez criant, comme celui de Jorge Lorenzo par le passé.

 

Marco Bezzecchi a encore un cap à franchir

 

C’est toujours bon de le rappeler, mais il n’est que dans sa deuxième saison en catégorie reine. Son année sophomore est déjà excellente, l’une des meilleures pour un outsider à l’ère moderne. J’aurais également pu parler de la différence de matériel avec les deux fusées devant mais des exemples me forcent à relativiser l’impact de ce phénomène. D’abord, Fabio Di Giannantonio, pas le pilote le plus foudroyant de la grille, est parvenu à montrer que la Desmosedici GP22 était encore très rapide en Australie, un circuit historiquement difficile pour la firme de Borgo Panigale. De plus, l’an passé, Enea Bastianini nous avait démontré, très tard dans la saison (Aragon et surtout, Sepang), que la Ducat’ n-1 était toujours très performante. Oui, on a tous constaté l’apparition d’une nouvelle aide aux départs sur les GP23 mais cela n’explique pas, selon moi, la différence entre Bezzecchi et ses deux rivaux.

 

Marco Bezzecchi MotoGP

Ça reste un sacré pilote, pas de doute là-dessus. Photo : Michelin Motorsport

 

En revanche, j’ai une autre théorie. Du fait de sa jeune expérience, Marco Bezzecchi n’a pas encore la capacité de se transcender, de passer un cap à un moment déterminant de la saison. Jorge Martín en qualifications à Misano puis sur l’entièreté du week-end Japonais a su franchir un palier, devenir une arme encore plus aiguisée. Même chose pour Pecco Bagnaia, qui, en plus de rester un poison même lorsqu’il s’élance hors du top 12, a su faire face à la pression pour aller chercher ce supplément d’âme en Indonésie. Je pense qu’à ce stade de sa carrière, sans l’expérience de champion qu’ont les deux autres monstres, Marco Bezzecchi est un peu court et n’a pas cette capacité à débloquer ce petit plus qui fait la différence quand ça compte.

Attention, je n’insinue pas que c’est grave, ou même, qu’il ne gagnera plus cette année car il a prouvé, à Buddh notamment, qu’il était capable de coups d’éclats. Mais je pense qu’il sur-performe depuis le début de saison et qu’il lui est juste difficile de tenir les standards qu’il a fixé au Mans ou en Argentine sur une aussi longue période, sans parler de sa blessure. Et forcément, quand on enlève des points en raison d’accrochages subis, ça chiffre.

 

Conclusion

 

Marco Bezzecchi reste un excellent pilote, de la trempe des meilleurs, de ceux qui peuvent gagner le titre dans l’absolu. Mais à un stade précoce de sa carrière, il ne faut pas lui prêter un rôle qui n’est pas le sien ; il reste un outsider très solide, que l’on peut comparer à l’Enea Bastianini de l’an dernier sans sourciller. Même s’il a objectivement manqué de chance cette année, il lui manque encore cette aptitude à se transcender quand tout joue contre lui pour rivaliser, aux points, avec les deux monstres devant lui au général.

Que pensez-vous de cette analyse ? Dites-le moi en commentaires !

 

En pole l’an dernier en Thaïlande, le verra-t-on aussi rapide ? Il s’était écroulé pendant la course. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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