Cette année, nous avons vu quelques wild-cards en MotoGP : De Michele Pirro à Aleix Espargaro en passant par Nicolo Bulega, ces pilotes appelés parfois en urgence n’ont que quelques occasions de briller, le tout sans grande préparation. Cependant, on les connaît tous assez bien : ce n’était pas le cas en 2012, lorsqu’un Japonais inconnu du grand public est monté sur la boîte à la surprise générale. Voici l’histoire de Katsuyuki Nakasuga.
S’il est peu connu, pour ne pas dire inconnu en Europe, Katsuyuki Nakasuga est l’un des meilleurs pilotes du pays. Formé à l’école japonaise, il fait ses classes dans le championnat national, avec de beaux résultats, mais sans titres. Il est choisi afin de réaliser une wild-card au Grand Prix du Pacifique 2002, catégorie 250cc. Autrefois, les manches japonaises étaient souvent l’occasion rêvée pour faire décoller une carrière, et cela profitait pleinement à certains.
Lui termine 12e de son premier Grand Prix, franchissant la ligne avec des compatriotes. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà ça. Il remet timidement le couvert à Suzuka en 2003, lors du week-end tragique où l’on a pleuré la disparition de Daijiro Kato. Sans succès, c’est un abandon. S’en suivit un résultat peu convaincant en 2005, avec une 20e place.
Le casque aux yeux, une tradition japonaise que j’adore. Photo : MotoGP
À déjà 24 ans, les rêves de mondial semblent d’ores et déjà effacés pour Katsuyuki. Le Japon ne lui réussit pas pour autant, il n’a toujours pas glané un seul titre dans une des trois catégories du championnat national. Mais il faut rappeler une chose. Il ne se rend jamais. Continuant de s’améliorer malgré son âge avancé, il parvient à décrocher le titre de Superbike japonais en 2008. En 2009, il réalise le doublé, ce qui représente une performance assez remarquable.
Ainsi, il persiste, et, au fil du temps, devient l’homme de confiance de Yamaha. Sa carrière se fait quasiment entièrement chez les bleus ; et miracle, les efforts finissent par payer en 2011, soit sept ans après sa dernière apparition en mondial. Jorge Lorenzo s’étant blessé à Philip Island (rappelez-vous ce bout de doigt en moins), il devient le choix n°1 pour le remplacer en Malaisie. Malheureusement, Marco Simoncelli quitte à son tour le paddock. La course est annulée et le rendez-vous est reporté à Valence.
Rappelons que cinq décès ont ponctué les manches de championnat du monde depuis 2000, et Katsuyuki en a connu deux, le tout en ne participant qu’a seulement quatre courses ! Le Japonais s’acclimate rapidement au tracé espagnol, dernière joute de la saison. Et alors que le monde a les yeux rivés sur la bataille Spies/Stoner, Nakasuga termine à la sixième place ! Cette belle performance ne peut que renforcer les liens qu’il entretient avec Yamaha.
C’est une image folle quand on y pense. Photo : MotoGP
En 2012, même scénario, sauf qu’il remplace un Ben Spies trop souvent absent. Mais là, consécration. Le circuit Ricardo Tormo est détrempé, et, profitant des chutes, il monte sur le podium et pointe à la deuxième place ! Imaginez. Un pilote qui, il y a une dizaine d’années à peine, n’arrivait pas à montrer sa valeur en 250cc. Le Nippon est un véritable exemple de travail et de détermination. Il est passé d’une période de neuf ans sans le moindre titre au Japon, à un podium MotoGP partagé avec Dani Pedrosa et Casey Stoner !
Bien sûr, il peine à réitérer l’exploit de Valence, tant les conditions étaient particulières. Mais chaque année – jusqu’en 2018, à Motegi, nous apercevions le sympathique japonais au casque mythique. Pendant ce temps-là, il réussit à briller sur le sol japonais. Il en est aujourd’hui à 13 titres de champion, tous en catégorie Superbike, et a remporté le titre 2025 à 44 ans ! Katsuyuki est aussi un expert en endurance, et a par ailleurs contribué à la victoire de Pol Espargaró, Bradley Smith et autres Alex Lowes aux 8 Heures de Suzuka : il y est d’ailleurs titré à quatre reprises… consécutivement.
Bien qu’il ne compte que 13 participations en Grands Prix durant sa carrière, il est une vraie inspiration. Quelqu’un qui a su s’adapter, croire en lui et changer son style pour être encore dans le coup peu avant 40 ans.
Connaissiez-vous ce pilote atypique ? Dites-le-nous en commentaires !
Un jour, on parlera de la régression du Japon en sports mécaniques.
Photo de couverture : MotoGP
