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Du 7 au 28 octobre derniers, le circuit Bugatti au Mans fait peau neuve pour 2017 avec un nouveau revêtement complet sur tout son tracé.

Nous avions déjà fait un premier article sur le sujet mais nous avons souhaité profiter de la trêve hivernale pour l’approfondir. Aussi avons-nous contacté monsieur Martin Goureau, Responsable de la Sécurité des Pistes à l’Automobile Club de l’Ouest, qui a très gentiment répondu à nos questions. Et nous avons bien fait !


Monsieur Goureau, pouvez-nous nous expliquer la problématique qui a conduit à ces travaux ?

« L’origine de ces travaux remonte à deux ans. Il y avait alors un reproche des pilotes MotoGP qui était double. Premièrement, ils disaient que le revêtement était usé et manquait de grip. Mais surtout, ils se plaignaient qu’il y avait beaucoup d’endroits où il y avait beaucoup de bosses, et la moto vibrait ou sautait beaucoup.
Ce qu’il fallait donc faire, c’était refaire la couche de roulement du circuit Bugatti qui avait alors plus de 10 ans, d’autant qu’il y avait différentes générations de bitume liées à certaines réfections, comme la chicane Dunlop ou les souterrains. En fait, il y avait une multitude choses qui étaient problématiques, ce qui a conduit à ces travaux. »

En quoi ont-ils consisté ?

« On a refait la couche de roulement, c’est à dire que l’on a gratté le bitume sur 3 centimètres, et on a remis 3 centimètres de bitume. »

Sur l’intégralité du circuit?

« Oui, sur l’intégralité du circuit, ce qui fait que l’on a aujourd’hui un bitume qui n’a que trois joints, au lieu de la multitude qu’il y avait avant. »

Pourquoi ces trois joints ?

« Parce que les travaux ont été menés sur trois jours, ce qui est déjà une performance énorme. Ces joints ont été mis où cela ne pose absolument aucun souci; c’est à dire pas dans des zones de freinage, et pas en virage. Avant, le plus flagrant était celui situé à l’entrée du virage du Musée, puisqu’il arrivait après plusieurs virages à droite et que parfois, le pneu étant plus froid sur le côté gauche, le petit « bump » qu’il  y avait là suffisait à faire perdre l’adhérence, comme Marquez l’année dernière. C’était l’endroit le plus flagrant. »

Au total, les travaux ont été réalisés en combien de temps ?

« Au total, en trois semaines. Il a fallu une semaine pour décaper le circuit, puis, en collaboration avec un laboratoire, pour enlever toutes les imperfections de la piste suite au décapage du circuit. S’en est suivi la phase de préparation, puis les trois jours pour étaler le bitume. Avec le temps de séchage du bitume puis les peintures, cela a pris trois semaines, ce qui est déjà exceptionnel. »

Parlez-nous du bitume que vous avez mis…

« Pour essayer de faire simple, un bitume a trois caractéristiques principales. Il y a la qualité des graviers, où l’on cherche à avoir des graviers particulièrement pointus, plus que sur les routes.
Après, il y a la qualité du liant, et là, on a pris un liant de très très haute qualité qui vient de chez Shell. Ensuite, dans l’application, mais c’est un peu technique, il y a la PMT, c’est-à-dire la Profondeur de Macro Texture, c’est à dire comment on va boucher le gravier pour qu’il corresponde à nos attentes. Pour donner une idée, sur la route on a une PMT autour de 0,9 alors que nous on est à 0,7. Le bitume est donc un tout petit plus fermé et garde un petit plus l’eau, suite à un travail avec les manufacturiers de pneus qui nous ont dit ne pas avoir besoin que l’on évacue l’eau. Ils considèrent qu’évacuer l’eau, c’est le travail du pneumatique, et que le nôtre est de faire un bitume qui accroche.
On a donc fait un bitume plus résistant et qui accroche plus, mais qui évacue un tout petit peu moins l’eau. »

Avez-vous fait des essais dessus ?

« Oui, en voitures, mais aussi avec la nouvelle GSX-R de Damien Saulnier. Nous sommes très satisfaits et impatients de voir ce que cela va donner avec le plus haut niveau. »

Et alors ?

« Sur le mouillé, le grip, c’est de la folie. Vraiment. Un grip de fou !  Avec une RS 10, alors qu’on passait la Chapelle à 70 km/h sur le mouillé en glissant, là on la prend à 110 km/h et ça ne bouge pas. C’est vraiment impressionnant, vraiment impressionnant ! »

A combien estimez-vous le gain au tour ?

« Je ne veux pas trop m’avancer mais je dirais que la pole position sera entre une et deux secondes plus vite au tour. »

Tous nos remerciements à l’ACO et monsieur Martin Goureau pour ces intéressantes informations.

 

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