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Comme à chaque Grand Prix depuis le début de la saison, Hervé Poncharal a la gentillesse de nous partager sa vision du dernier Grand Prix.

La première partie concernant le Grand Prix d’Allemagne est accessible ici.


C’est même loin d’être catastrophique car, si on se fait « l’avocat du bonheur », Pol est 6e alors qu’en début de saison, vous nous disiez que vous alliez vous battre pour une 12e place…

« Oui. Ça montre que, un, les essais hivernaux sont toujours à prendre avec des pincettes. Ça montre aussi que les circuits des essais hivernaux ne sont pas nécessairement à l’image de ce qui va se passer après sur les 18 circuits de la saison. Souvent, les Ducati sont excessivement fortes sur les circuits des essais hivernaux; à Sepang et au Qatar. Elles ont d’ailleurs été à un cheveu de gagner la course au Qatar. Mais il y a des circuits où elles ont plus de mal, comme Jerez, Le Mans, etc. Donc il faut avoir un peu de recul quant à l’analyse des essais hivernaux, et c’est vrai que la qualité des pilotes entre aussi en ligne de compte. Mais sur le papier, c’est vrai qu’on était plutôt, pas forcément 12 ou 13e, là je me faisais un peu l’avocat du diable, mais après les 4 usines, donc autour de la 8 ou 9e place. Maintenant on a vu que chez Ducati il  y avait un peu des hauts et des bas dans les performances et des machines et des pilotes… Il y a des pilotes un peu chauds qui ne finissent pas toutes les courses, et je pense à Iannone. D’un autre côté, je pense qu’Aleix Espargaro a pris un gros coup en moral par rapport à la manière dont Vinales performe et le surclasse. De plus, la négociation qui s’est passée sans qu’il soit trop impliqué comme deuxième pilote et où il a appris par les médias qu’il serait de facto hors du coup ne l’a certainement pas mis psychologiquement dans un bon état d’esprit. Pedrosa est également très très en deçà de son coéquipier sur certaines courses.  Tout cela nous a permis de finir plusieurs fois 5e et une fois 4e en Hollande, et donc 6e au général. C’est grâce à la régularité, et même si jamais sur le papier on est un petit peu moins bien servi, on arrive avec la bonne gestion des réglages techniques par l’équipe à se rapprocher et à s’immiscer parmi les usines. »

Autre motif de satisfaction, le final de la course des Moto2 entre Johann Zarco et Jonas Folger, deux pilotes auxquels vous n’êtes forcément pas insensibles…

« Oui. Honnêtement, on a déjà vécu des moments super intenses et super forts avec Bradley, on a fait des podiums dont celui à Phillip Island il y a deux ans était incroyable, l’année dernière également, avec la place de 6e en fin de saison, en marquant des points à toutes les courses. Pol nous a aussi régalé car non seulement c’est un pilote super attaquant mais c’est aussi un garçon passionné de tout, qui est adorable et attachant dans le civil. On a donc vécu des moments superbes ensemble avec Pol et Bradley. Mais, ayant dit ça, on a fait 6 saisons avec Bradley et 3 avec Pol, et il est bien de changer les choses. Voir arriver ces deux jeunes pilotes, Johann Zarco et Jonas Folger, chez nous l’année prochaine, c’est super excitant. Et tu ne mets pas de limite, car tu ne sais pas. Et quand tu ne sais pas, les rêves les plus grands et les plus fous sont possibles ! On va apprendre à se connaître et c’est toujours très agréable de voir ton pilote qui vient dans le box au test à Valence, qui regarde sa moto, qui la caresse des mains, qui fait les positions et qui se dit « finalement ça y est ! Ce dont j’ai toujours rêvé est arrivé ». Et c’est encore au moins aussi plaisant de les voir terminer leur premier run et arriver, tous systématiquement, avec une banane énorme, parce qu’ils disent tous « whaou ! On m’avait dit que ça poussait, mais ça pousse encore plus que ce que je m’imaginais. L’électronique c’est génial. Et les freins carbone, qu’est-ce que ça freine. » Et run après run, en discutant avec leur ingénieur et leurs techniciens, ils s’aperçoivent de toutes les possibilités qu’il y a de gérer les performances de cette machine exceptionnelle. Et ça c’est un moment, la découverte de ce matériel, qui est toujours un beau moment et que j’ai hâte de partager avec eux.
Tous les rêves sont possibles. Ils ne vont pas aller se battre avec les Marquez, Rossi et Lorenzo dès la première course, mais enfin ce sera intéressant. Comme l’a dit Johann, il y aura un championnat Rookie où il y aura quand même Zarco, Folger, Rins et Lowes. Ce sera sympa, d’autant qu’ils seront sur trois marques différentes; Yamaha, Suzuki et Aprilia.
Tout ça, c’est quelque chose qu’on attend et, évidemment, voir nos deux futurs pilotes se battre jusqu’au dernier virage pour la victoire au grand prix d’Allemagne, c’est une méga satisfaction. C’est une méga satisfaction bien entendu pour Johann car là il a marqué un énorme coup sur ses adversaires principaux qui sont Lowes et Rins, c’est clair. Mais c’est aussi une énorme satisfaction pour Jonas parce que vous pouvez imaginer que j’ai été l’objet de critiques pas toujours agréables. je ne dis pas que ça va devenir le plus grand des pilotes, mais ça fait plaisir, surtout pour lui, de voir qu’il peut se battre aux avant-postes avec un finish très chaud dans le dernier tour, en étant propre et sans faire n’importe quoi dans des conditions très difficiles. Ca nous a donc fait plaisir et ce qui était amusant, c’est que tout le monde est venu nous voir en disant « Wahou, Tech3 a fait 1 et 2 en Moto2 ». Et même Lin Jarvis et Nakagima San sont venus, sur la grille avant la course des MotoGP, nous féliciter et nous dire « belle entame de la saison 2017 pour ton équipe MotoGP ». »

Êtes-vous capable de dire, très vite et sans vous trompez, « Johann, Jonas, Johann, Jonas », etc.

« (Rires) Johann, Jonas, Johann, Jonas… Non, attendez; si on veut être correct, on doit dire « Yonas » en Allemand. Yonas, Johann, Yonas, Johann, oui, je peux le dire. En tout cas, ce sont deux charmants garçons, mais ils sont assez différents dans leur façon de se comporter il n’y aura pas beaucoup de moments où on va les confondre.
Ça fait un moment que Johann roule sans coéquipier, depuis Josh Herrin chez Catheram Air Asia, et ça va être intéressant pour lui, d’avoir un coéquipier avec qui il peut éventuellement discuter, comparer, s’aider. Et surtout ça va être intéressant pour les deux d’avoir accès à toutes les acquisitions et les réglages des pilotes officiels qui seront l’année prochaine Valentino Rossi et Maverick Vinales. »

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