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Pecco Bagnaia

Il est l’heure de parler du début de saison MotoGP de Pecco Bagnaia. L’Italien, en difficulté face à la vitesse de Marc Marquez, est arrivé en Europe avec un grand désavantage. Mais finalement, après réflexion, je crois qu’il ne s’en sort pas si mal du tout. Une analyse s’impose.

 

Il ne rivalise pas, mais…

 

On ne va pas se mentir : sur le plan de la performance, Bagnaia ne joue pas encore dans la même ligue que Marc Marquez. Ça ne sert à rien de s’étendre sur ce point, on a tous vu ce qui est arrivé en Thaïlande, en Argentine, aux États-Unis et même à Jerez, en réalité. Le double champion du monde peine à s’adapter à cette Ducati Desmosedici GP25, qui lui empêche de pleinement attaquer. Il doit se contenter de rester sur ses roues, sans réellement pouvoir jouer la gagne à chaque sortie, ce qui est embêtant face à un monstre du calibre de Marquez. En plus, comme si cela ne suffisait pas, il n’arrive pas à être très performant en Sprint, apparemment en raison du réservoir utilisé par Ducati sur le format court. Tout n’est pas rose et je n’ai même pas parlé d’Alex Marquez, bien meilleur que lui sur GP24 pour l’instant.

 

Pecco Bagnaia

J’ai beaucoup aimé les premiers tours de Pecco à Jerez. Photo : Michelin Motorsport

 

Compte tenu de cette situation, on pourrait croire qu’il est déjà hors course. Après tout, nous avons déjà vu des championnats pliés après cinq manches. Mais ce n’est absolument pas le cas. Bagnaia, à l’heure où ces lignes sont écrites, n’a « que » 19 points de retard sur Marc Marquez et 20 sur son frère Alex. Je trouve que, compte tenu du contexte, c’est très honnête, pour ne pas dire encourageant. Comment ça se fait ?

Deux choses l’une. Premièrement, il est très régulier, plus qu’il ne l’a jamais été jusqu’à maintenant. Certains diront qu’il fait l’épicier, et le Grand Prix d’Espagne pourrait leur donner raison, car il n’a pas tenté de se rapprocher franchement de Fabio Quartararo. Un Bagnaia plus en confiance n’aurait pas hésité une seconde à quelques tours de l’arrivée, quand il ne pointait qu’à trois dixièmes de secondes du Français. Pecco n’est pas encore tombé, et c’est justement ce qui le maintient en vie. Je ne le vois pas faire toute une saison comme ça, mais d’un autre côté, je ne vois pas non plus Alex Marquez continuer ainsi indéfiniment. Et ce n’est pas parce que Marc Marquez a fauté deux fois qu’il ne va plus commettre d’erreurs. Son approche est la bonne : au lieu de pousser avec du matériel qui ne lui convient pas pour compenser, Pecco se résigne et prend des gros points qui pourraient lui être utiles plus tard.

 

Damage control

 

Deuxièmement, il a maximisé chacun de ses résultats. Il dit qu’il n’est pas à l’aise en Sprint à cause du réservoir, mais compte quand même quatre top 3 le samedi après-midi. En Grand Prix, il ne pouvait jamais prétendre à mieux. Il y avait une chance à saisir à Austin et il ne s’est pas fait prier. Il a même limité la casse au Qatar, où il s’élançait 11e, avec cette deuxième place à l’arrivée. Pendant le Sprint à Losail, il s’est battu pour les points de la huitième place, comme s’il s’agissait d’une victoire. J’aime cet état d’esprit. Pecco Bagnaia excelle dans le damage control, là où d’autres, dans des périodes similaires, auraient voulu trop en faire.

Grâce à cette philosophie, il compte actuellement 120 points au classement : c’est 29 de plus qu’en 2024, et 26 de plus qu’en 2023 au même stade. Alors, finalement… ça va non ? Historiquement, Bagnaia est toujours un peu en dessous au début de l’année. Cette fois, face à deux adversaires aussi forts, je trouve qu’il a parfaitement négocié cette tempête. Que pouvait-il faire de mieux ?

 

Si Pecco Bagnaia règle ses problèmes, ça peut faire mal

 

Pecco Bagnaia

Bien sûr, il ne peut pas être heureux de sa situation, mais ça peut s’améliorer. Photo : MotoGP

 

Nous sommes d’accord : le soleil doit revenir à un moment donné, et les perspectives d’amélioration ne sont pas franchement évidentes à voir pour l’instant. Cependant, je voudrais nuancer ces tristes prédictions. Tout d’abord, je trouve qu’entre la Thaïlande et l’Espagne, Pecco Bagnaia a beaucoup progressé. À Buriram, il ne pouvait pas toucher Marc Marquez, tandis qu’il lui a donné la réplique – et de quelle manière – à Jerez. Bagnaia est plus dans le coup, notamment le vendredi. Il faut qu’il continue ainsi pour espérer chatouiller les frangins en qualifications, un point essentiel qui lui a déjà coûté des points en 2025. Mais là encore, il y a du mieux.

Ensuite, il ne faut pas oublier qu’il reste un pilote d’usine, bénéficiant ainsi des dernières améliorations chez Ducati. Si la firme de Borgo Panigale ne mise pas tout sur Marc Marquez, je pense qu’il a des chances de profiter de savantes mises à jour, auxquelles Alex Marquez ne pourra pas prétendre. Puis, finalement, de meilleures pistes arrivent pour lui. La Catalogne, les Pays-Bas, l’Italie sont autant de chances de se relancer dans cette course au titre.

Je pense que la marge de progression de Bagnaia est bien supérieure à celle de Marc Marquez. Qu’est-ce que l’octuple champion du monde peut faire de plus ? Il est déjà au maximum, en témoigne sa chute à Jerez, où il était au-delà de la limite.

 

Conclusion

 

Pecco Bagnaia a encore des problèmes à régler, personne ne me contredira. De manière générale, il faut qu’il soit plus rapide et incisif. Mais s’il met le doigt sur ce qui le dérange, il redeviendra un danger pour Marc Marquez, à qui il a prouvé, en Andalousie, qu’il pouvait toujours le gêner. Son coéquipier n’a pas tué la saison alors qu’il en avait les moyens ; attention au retour de bâton.

Je suis curieux de savoir si vous partagez mon avis quant à Pecco Bagnaia. Dites-le-moi en commentaires !

 

Pecco n’est pas du tout à l’aise pour dépasser, et pourtant, il parvient quand même à battre Marquez à l’extinction des feux. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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