Piero Taramasso, Motorsport Manager de Michelin, a détaillé la règle de pression des pneus lors d’une interview à Jerez 2025, soulignant son importance pour la sécurité et la performance en MotoGP. Un regard qui aura des implications pour le Grand Prix de France de ce week-end.
Le responsable de Michelin en MotoGP, Piero Taramasso, a levé le voile sur l’une des dimensions les plus sensibles et méconnues du paddock : la gestion de la pression des pneus, désormais encadrée par une réglementation stricte pour des raisons de sécurité. Mais ce cadre laisse encore place à de nombreuses zones d’interprétation et d’adaptation.
« Je ne peux pas le confirmer à 100 %, mais toutes les équipes devraient avoir un dispositif signalant les anomalies de pression des pneus », explique Taramasso. Ce système indique si la pression est trop basse ou trop haute, et combien de tours le pilote est resté hors plage.
Pourquoi cette donnée est-elle si cruciale ? Parce que la pression varie fortement en fonction du contexte : « si vous êtes seul devant, la pression baisse ; si vous êtes derrière d’autres motos, elle augmente », précise-t-il. C’est précisément ce phénomène qui a piégé Maverick Viñales au Qatar, où il a démarré avec une pression trop basse et n’a jamais pu atteindre la zone idéale : « il n’arrivait pas à la remonter et à la ramener dans la plage. »
Michelin impose une pression minimale de 1,8 bar, avec une plage optimale située entre 1,9 et 2,0 bars. Taramasso prévient : « si vous roulez avec des pressions inférieures, le pneu fléchit plus que prévu et vous risquez de casser la structure. Le même risque existe si la pression est trop élevée. » Et cela peut aller vite : « par pression élevée, j’entends 2,3 ou 2,4 bars. À ce niveau, les performances chutent, et le risque de casse augmente. »
Piero Taramasso : « nous sommes tous à la limite, les pneus mais aussi les moteurs, la consommation de carburant, l’aérodynamisme »
Chaque moto et chaque pilote a donc sa propre pression de départ, généralement comprise entre 1,65 et 1,72 bar, afin qu’en course la pression monte naturellement dans la plage réglementaire.
Face à ces risques, certains demandent d’imposer une pression de départ minimale. Mais Taramasso s’y oppose fermement : « si on faisait ça, on risquerait d’avoir des pilotes avec une pression trop élevée. » Car tout dépend du style de pilotage et de la machine : « il y a des pilotes qui freinent plus fort, d’autres moins. Il y a des motos qui ont plus de charge à l’avant, d’autres à l’arrière. »
Pour valider ces données, Michelin reteste les pneus après les courses, en les faisant tourner sur machine : « on voit très bien sur les pneus qui étaient hors de portée : ils cassent après quelques tours. » Et de conclure : « nous sommes à la limite. Pas seulement nous, mais aussi les moteurs, la consommation de carburant, l’aérodynamisme… tout est poussé à l’extrême. On ne peut pas “jouer” avec ces choses. »
Dans ce contexte, la gestion de la pression des pneus n’est pas qu’un paramètre technique : c’est un enjeu stratégique, sécuritaire et décisif pour chaque course MotoGP.