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Il y a deux ans, un pilote sud-africain électrisait les foules partout où la caravane des Grands Prix s’arrêtait. Brad Binder, flamboyant depuis ses débuts en Moto3, est extrêmement discret depuis le début de la saison 2024. Mais est-ce vraiment étrange ? Comment l’expliquer ?

 

Un retour à sa vraie nature ?

 

Je n’ai jamais été un grand fan de Brad Binder, car, un peu comme pour Alex Marquez, je n’aime pas son style, ses dépassements, son caractère en piste. Une fois le casque tombé, il semble très gentil, mais cela ne suffit pas pour faire un grand pilote MotoGP. Entre 2020 et 2022, il s’agissait de l’un des plus discrets, ne se faisant remarquer qu’à de très rares occasions. C’était l’un des derniers vrais « réguliers » avec Luca Marini, une espèce proche de l’extinction. Puis vint cette saison 2023 absolument folle, avec des dépassements dans tous les sens. Pour la première fois, Brad Binder jouait devant, tout le temps, ou presque. Il était spectaculaire, et même moi, pas forcément sensible à son pilotage, ne pouvait que reconnaître l’emprise qu’il avait sur le public.

 

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On ne l’a quasiment pas vu à l’écran. Photo : KTM

 

Depuis sa deuxième place au Grand Prix du Qatar 2024, c’est silence radio. Plus un podium, et toujours pas de pole position, sans aucun doute son grand point faible. Tenez-vous bien : il n’est plus rentré dans le top 5 – le samedi comme le dimanche – depuis le Grand Prix d’Autriche 2024, il y a plus de huit mois. Pour moi, cela s’apparente à un retour aux sources plutôt qu’à une descente aux enfers, car depuis, il est redevenu ce pilote régulier que je connaissais et que j’appréciais en 2022. Mais c’est étrange, car, en général, il est très rare que la transformation aille dans ce sens.

Bien sûr, le premier réflexe qu’aurait tout être humain un tant soit peu intéressé par les Grands Prix serait de penser à la performance de la moto. Effectivement, il y a de fortes chances pour que la KTM RC16 millésime 2025 soit inférieure à la précédente, et, qu’elle-même, était déjà moins rapide que sa prédécesseuse. C’est sûrement vrai, mais deux éléments sont à noter. Premièrement, Binder s’est fait assez largement dominer par Pedro Acosta sur toute la deuxième moitié de saison 2024, à matériel égal. Lorsque le Sud-Africain n’arrivait pas à intégrer le top 5, Acosta s’élançait en pole position et posait de sérieux problèmes aux Ducati d’usine. Deuxièmement, ce qu’en dit Binder.

Depuis son arrivée en Grands Prix, c’est l’un des pilotes qui s’exprime le moins souvent à la presse. Mais il se plaint, depuis un an environ, de vibrations peut-être dues à un excès de grip comme le laissait penser Luca Marini. Acosta, qui ne les ressentait pas fin 2024, est aussi en proie à ce problème sur ces dernières manches. Et cette fois, le jeune Espagnol est beaucoup plus proche de Binder en termes de résultat.

 

Une différence notable

 

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Il a tout de même terminé sixième à Jerez, son meilleur résultat en 2025. Photo : KTM

 

Mais ce n’est pas parce que les deux officiels KTM se suivent au classement avec un seul point d’écart (avantage Acosta à l’heure où ces lignes sont écrites) que c’est égal pour autant. Dans un domaine, Pedro domine largement son coéquipier : les qualifications. Encore et toujours, Binder bloque sur cet exercice : il n’a participé qu’à une seule Q2 en cinq manches, alors qu’Acosta, aux États-Unis, se classait quatrième le samedi matin ! C’est inquiétant, car je pense que ce paramètre, entre autres, ne fait plus de Binder la nette première option sous l’auvent de Mattighofen, sans même évoquer de la différence d’âge.

En parlant des choses qui fâchent, difficile de ne pas évoquer le cas Maverick Vinales, qui, lui, s’en sort merveilleusement bien depuis deux courses. Binder s’étendait récemment sur les progrès effectués par KTM en vue du dimanche, mais, de toute évidence, Vinales en profite plus que lui. Je comprends tout à fait qu’une question de style existe, mais j’ai beaucoup de mal à saisir qu’un pilote que je classais autrefois parmi les meilleurs du monde se fasse surclasser à ce point par Maverick Vinales, qui, en plus, découvre la moto.

Vous me trouverez peut-être dur avec Binder, et c’est vrai que la fin de saison est encore loin. Mais il ne faut pas oublier qu’à son arrivée en MotoGP, il était vu comme un crack, un génie, et qu’il s’est d’ailleurs imposé en tant que rookie, ce que n’a pas fait Pedro Acosta. Le Champion du monde Moto3 2016 était autrefois capable de faire la chanson à Jorge Martin et Pecco Bagnaia, et c’est pour ça que le contraste m’attriste.

Nul doute que les problèmes financiers que subit actuellement KTM n’aident pas la performance et l’état d’esprit, et j’espère de tout cœur que Brad Binder se relèvera, d’autant qu’il a déjà 29 ans – mine de rien, le temps file. Je ne veux pas paraître pessimiste, mais les avant-postes paraissent actuellement si loin… tandis que j’ai beaucoup moins de mal à imaginer un retour aux affaires d’Acosta.

Je suis curieux d’avoir votre avis sur Brad Binder et sa manière de gérer les problèmes de la KTM RC16. Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

En fait, est-ce que KTM a vraiment progressé depuis 2023 ? C’est une autre question importante. Photo : KTM

 

Photo de couverture : KTM

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