Derrière l’incroyable série de victoires de Ducati en MotoGP – 22 d’affilée à ce jour, avec une possible 23e ce dimanche au Mans – se cache un nom que tout le paddock connaît, mais dont peu mesurent l’influence réelle : Luigi « Gigi » Dall’Igna. Ce discret ingénieur vénitien, aujourd’hui directeur général de Ducati Corse, est sans doute l’homme qui a le plus changé la face du championnat au XXIe siècle.
Né à Thiene en 1966, diplômé en ingénierie mécanique à l’Université de Padoue, Dall’Igna a démarré sa carrière chez Aprilia, où il a notamment été l’artisan des succès de Max Biaggi en Superbike. Mais c’est en 2014, lorsqu’il est appelé par Ducati pour diriger son département course alors en grande souffrance, que tout bascule. La marque italienne, exsangue, dominée par Honda et Yamaha, avait désespérément besoin d’un visionnaire.
Dall’Igna a été ce visionnaire. Il n’a pas seulement ramené Ducati au sommet : il a réinventé le MotoGP moderne. Correcteurs d’assiette, ailerons, développement technologique frénétique… Il a transformé l’approche même de la compétition, imposant une cadence que les rivaux peinent encore à suivre. Résultat : depuis 2020, Ducati empile les titres constructeurs, les victoires, les poles, et depuis 2022, même les titres pilotes.
Gigi Dall’Igna est devenu une figure irremplaçable
Combien vaut un tel génie ? Selon les estimations de derapate, Dall’Igna toucherait entre 500 000 et 700 000 € par an. Un montant impressionnant, mais presque dérisoire si l’on considère l’impact économique, médiatique et sportif de son travail. En réalité, Ducati lui doit tout : le prestige retrouvé, la suprématie technique, et un avenir solidement ancré au sommet du MotoGP.
Dall’Igna n’est pas seulement un directeur technique, c’est un stratège, un leader, un visionnaire. Sa longévité dans un milieu aussi impitoyable que celui des courses moto prouve sa capacité à évoluer, à anticiper, et à garder toujours un coup d’avance. Et même si la révolution réglementaire pour 2027, avec l’arrivée des 850cc et de Pirelli, font trembler le paddock, l’ombre de Gigi plane déjà sur ce nouveau monde à venir. Ducati domine aujourd’hui, et tant que Dall’Igna sera à la barre, il sera bien difficile de changer la donne.
