KTM traverse l’une des pires crises de son histoire. Sa maison mère, Pierer Mobility, a révélé pour l’exercice 2024 des chiffres vertigineusement rouges : une perte avant impôts de 1,28 milliard d’euros, une chute de 29,4 % du chiffre d’affaires, une **dette nette qui culmine à 1,64 milliard, et surtout des capitaux propres négatifs à hauteur de 199 millions. Un signal d’alarme aussi bruyant qu’une moto en surrégime.
Les ventes ont dégringolé : seulement 292 497 motos écoulées en 2024, contre plus de 370 000 en 2023. Presque 80 000 machines manquent à l’appel, une chute de 21 % malgré des partenaires solides comme Bajaj en Inde, qui a tout de même livré 60 000 unités. L’Europe et l’Amérique du Nord représentent à elles seules plus de 60 % du marché de KTM, mais ça ne suffit plus.
Conséquence : l’usine historique de Mattighofen a fermé en décembre, ne rouvrant qu’en mars grâce à une bouée de 150 millions d’euros… mais le vrai espoir repose sur un plan de sauvetage de 600 millions, encore incertain. Pendant ce temps, plus de 1 850 employés ont été licenciés, et la marque quitte définitivement le marché du vélo électrique. La liquidation des stocks Husqvarna, GasGas et Felt est en cours.
KTM : une restructuration à la hache
KTM n’a désormais qu’un seul objectif : se recentrer sur les motos. L’abandon des segments périphériques, les cessions d’actifs non stratégiques et un recentrage drastique du périmètre d’activité visent une seule chose : éviter la faillite.
Mais si ce plan échoue, un prédateur bien informé est déjà à l’affût. Bombardier Produits Récréatifs (BRP), la multinationale canadienne mère de Can-Am, Ski-Doo et Sea-Doo, attend le moment idéal pour racheter KTM au rabais. Une stratégie froide, calculée, et potentiellement dévastatrice pour l’autonomie de la marque autrichienne.
On dit qu’ils attendent un « effondrement » pour acquérir une « participation majoritaire », ce qui rendrait l’opération moins chère pour eux. Ils ont un lien avec KTM car BRP possède déjà la société de moteurs Rotax qui a propulsé de nombreuses motos KTM. Ils ne sont donc pas étrangers à la marque.
Chez BRP on ne nie pas. Dans un communiqué de la marque, rapporté par Rideapart, ils soulignent : « notre organisation recherche constamment des moyens de générer une croissance rentable à long terme. Outre la croissance organique, notre équipe suit et évalue régulièrement les opportunités de fusions et d’acquisitions. Cependant, nous avons pour politique de ne pas commenter publiquement ces rumeurs ou spéculations. »
Pierer Mobility est aujourd’hui en course contre la montre. L’avenir de KTM, marque emblématique du tout-terrain et acteur majeur du MotoGP, se joue dans les prochaines semaines. Faute de plan de sauvetage rapide, c’est un virage à 180° imposé par la faillite… ou par une offre canadienne.