Pecco Bagnaia, double champion du monde MotoGP, traverse une saison 2025 compliquée avec la Ducati Desmosedici GP25, contrastant avec la domination de son coéquipier Marc Marquez (171 points, leader). Dans une interview, Davide Tardozzi, team manager de Ducati Lenovo, décrypte les défis techniques et psychologiques de Bagnaia, tout en défendant la GP25 et la relation entre ses pilotes.
La saison 2025 de Francesco « Pecco » Bagnaia, double champion du monde MotoGP, ne se déroule pas comme prévu. Alors que Marc Marquez s’illustre avec la Ducati GP25 en reprenant la tête du championnat, Bagnaia peine à retrouver son niveau, n’ayant remporté qu’une seule course sur douze disputées — et seulement après une chute de Marc Marquez au Texas.
Le pilote italien exprime clairement son malaise avec la nouvelle Desmosedici : « je me répète depuis le début de la saison. Je ne sens pas le pneu avant cette année. Dès que je freine fort à l’entrée des virages, j’ai l’impression que la roue avant va glisser. Ça me limite énormément. » Et il ajoute : « Marc Marquez pourrait piloter un tracteur et être compétitif. Moi, j’ai besoin d’un certain feeling avec la moto. »
Face à ces difficultés, de nombreux fans s’interrogent : pourquoi Bagnaia ne revient-il pas à la Ducati 2024, utilisée par des pilotes comme Alex Maquez ou Fermin Aldeguer ? Davide Tardozzi, team manager de l’équipe officielle Ducati, a apporté une réponse claire dans une interview à Speedweek : « Pecco pourrait utiliser tout ce qui vient de la moto 2024… sauf le moteur et l’aérodynamique. »
Il précise : « le règlement impose qu’une seule spécification moteur soit homologuée par saison pour les constructeurs non-concessionnaires. Une fois validé, il ne peut plus être modifié. »
En d’autres termes, la base du GP25 est figée jusqu’à fin 2026, Ducati ayant dû homologuer son moteur avant le 27 février. Un choix crucial, puisque le développement est désormais gelé jusqu’aux nouvelles règles de 2027.
Selon Bagnaia, la différence entre la GP24 et la GP25 est drastique. Pourtant, Tardozzi nuance : « la GP25 est une petite évolution du GP24. Nous pensons qu’elle est meilleure. Mais cette année, le niveau général a tellement augmenté que Pecco n’a pas encore réussi à suivre. Il a toujours été le meilleur au freinage et à l’entrée de virage. Il nous manque ce Pecco-là. »
« Les déclarations de Pecco Bagnaia, comme celles de certains dirigeants de Ducati, commencent à atteindre des limites offensantes »
L’équipe travaille donc activement pour lui redonner confiance et sensations, en particulier dans les zones critiques de freinage où il excellait. Et la pression liée à Marc Marquez ? Certains observateurs suggèrent que la présence dominante de Marc Marquez dans le même garage déstabilise mentalement Bagnaia. Tardozzi balaie cette hypothèse : « non, absolument pas. Je mettrais mes mains au feu pour ça. Il ne parle jamais de Marc. Au contraire, ils s’entendent bien, se serrent la main, échangent sur les réglages. »
Bagnaia traverse une période compliquée, mais l’équipe Ducati maintient sa confiance dans son champion : « il doit encore tout mettre en place dans sa tête, et s’il y parvient, il se battra avec Marc. Nous en sommes absolument convaincus. »
Le duel interne Ducati entre Pecco Bagnaia et Marc Marquez n’aura lieu que si Bagnaia parvient à retrouver le pilote redoutable qu’il a été ces quatre dernières années. Et ce ne sera pas si simple si l’on en juge par l’évaluation faite par Ricard Jové sur motosan : « nous vivons actuellement une période très difficile pour Pecco Bagnaia, qui a touché le fond . Et nous verrons s’il parviendra à se sortir du pétrin ».
Et il conclut : « chez Ducati, ils commencent déjà à perdre un peu de respect pour lui. Mais je compatis avec Pecco. Parce qu’il doit digérer le fait que Marc Marquez est devant lui, qu’il a tué tous ses coéquipiers. Et ça prend du temps à digérer. On traverse un moment où on n’a plus de feeling avec la moto. Et maintenant, les déclarations de Pecco, comme celles de certains dirigeants de Ducati, commencent à atteindre des limites offensantes et pourraient encore tendre les relations au sein du box. C’est donc un moment crucial pour cette équipe ». A suivre …