Depuis le début de saison, on parle beaucoup de l’équipe officielle Ducati et de Gresini pour leurs résultats exceptionnels en MotoGP. On a parfois évoqué Yamaha et Honda depuis la victoire de Johann Zarco au Mans. Mais il y a une autre formation qui s’illustre à sa manière : Ducati VR46. Les Italiens sont discrets, mais travaillent dur. Analyse.
Franco Morbidelli, la vitesse retrouvée
Je vais d’abord me concentrer sur les deux pilotes, avant de m’étendre sur la structure en elle-même. Commençons par Franco Morbidelli, le premier champion du monde issu de l’académie VR46. Certes, il est très discret, sur la piste comme dans les médias. On ne l’entend plus vraiment depuis sa troisième place en Argentine, mais il faut savoir qu’il aurait dû remonter sur le podium au Qatar en lieu et place de Maverick Vinales ! Morbidelli est l’un des pilotes les plus réguliers. Cette qualité n’était pas forcément mise en avant chez Yamaha, où il effectua un passage raté. Mais j’ai trouvé les gens assez durs avec lui en 2023, année où il était finalement assez proche de Fabio Quartararo et parfois devant sur certaines manches.

Franco Morbidelli est le « meilleur des autres ». Photo : Michelin Motorsport
Plus que sa vitesse – qui n’a jamais été son point fort –, j’ai l’impression que le destin sourit de nouveau à Morbidelli. De tous les pilotes, il est l’un de ceux qui ont le plus souffert ces dernières années, entre l’acharnement médiatique qu’il a subi et les lourdes blessures dont il se remet encore, essuyées entre 2021 et début 2024. C’est pour cette raison que ça me fait plaisir de le voir encore en MotoGP, et surtout chez Ducati VR46, une équipe taillée pour lui, finalement. C’est entièrement mérité et j’espère que ça va durer.
Côté résultats, il a été très bon sauf au Mans. En France, il a connu un week-end plus ou moins catastrophique, avec un seul point marqué le dimanche et zéro le samedi. Ses propos à l’issue du vendredi m’ont assez inquiété, car c’était comme s’il avait peur de perdre le fil. Espérons que ça ne soit qu’une brève mauvaise passe. Malgré un autre abandon dominical à Jerez, Franco Morbidelli pointe toujours en quatrième place du Championnat du monde. Les trois devant sont inatteignables, mais je pense qu’un tel classement à la fin de l’année lui conviendrait parfaitement. Il est à féliciter.
Diggia, pas aussi explosif qu’attendu
Vous savez pertinemment que Fabio Di Giannantonio est l’un de mes pilotes préférés sur la grille. J’admire tout de ce type, mais je dois reconnaître que je ne m’attendais pas à une saison comme ça de sa part. J’aime le « Diggia » agressif, qui sort des dépassements d’outre-tombe, toujours propre. Celui qui s’illustre, qui fait des coups d’éclat, qui brille de mille feux, mais qui en veut toujours plus. Au lieu de ça, j’ai le Di Giannantonio régulier au possible, en cinquième place du général.
Alors, c’est aussi une bonne chose, car il a parfaitement géré deux week-ends consécutifs où il n’avait pas la vitesse pour rivaliser avec les meilleurs, à savoir, Jerez et Le Mans. Sur une GP25 qu’il ne maîtrise pas encore tout à fait, « Diggia » a terminé deux fois dans le top 10 en Sarthe malgré des conditions tortueuses. Discret, on ne le voit pas à la télé, mais il est quand même là pour marquer de très gros points.

Je crois qu’on ne l’a pas vu une seule fois à l’écran durant le Grand Prix au Mans. Ah, la réalisation… Photo : Michelin Motorsport
Même si cette approche conservatrice est à féliciter, je dois admettre que j’attends plus de sa part. J’avais pronostiqué Fabio Di Giannantonio troisième à l’issue de cette saison, et bien que cela soit encore possible, Alex Marquez lui est nettement supérieur. Je veux le voir sur le podium, gagner, et pas simplement sauver les meubles comme il le fait depuis un mois. Ceci dit, je crois en lui et je sais qu’il a le talent nécessaire pour s’imposer durablement au plus haut niveau.
Une affaire qui tourne
Ducati VR46 est l’une des équipes les mieux huilées sur le plateau. On a beau penser ce qu’on veut d’Uccio Salucci, il faut reconnaître que la formation s’est illustrée sous ses ordres ces dernières années. D’abord avec Marco Bezzecchi, puis, aujourd’hui, avec Morbidelli et « Diggia » : VR46 est actuellement troisième du championnat équipes, largement devant Monster Energy Yamaha. Pablo Nieto, le directeur du team, est un homme respecté dans le paddock, un point crucial. Pour finir, la présence accrue de Valentino Rossi sur les circuits est aussi motivante qu’importante pour les pilotes. Nul doute qu’il prodigue de très bons conseils à ses employés.
Il ne faut pas oublier que Ducati VR46 est la seule équipe privée à exploiter une Ducati Desmosedici GP25, ce qui montre l’importance de cette entité pour la firme de Borgo Panigale. Le trio Nieto/Rossi/Salucci a fait de cette formation un pôle majeur au sein du paddock, qui ferait même de l’œil à Pedro Acosta si l’on en croit les rumeurs.
C’est pour toutes ces raisons que je vous incite à les surveiller de près. Que pensez-vous des progrès de ce team ? Dites-le-moi en commentaires !

Au fond de moi, je crois qu’il peut finir devant Alex Marquez. Oui, vous avez bien lu. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport