Face à une situation critique, Aprilia Racing adopte une stratégie audacieuse : faire tester sa RS-GP MotoGP à des pilotes Moto2 lors de la journée d’essais post-GP à Aragon, le 9 juin 2025. Cette initiative, annoncée samedi, vise à anticiper l’avenir alors que l’équipe est fragilisée par la blessure d’Ai Ogura, le départ imminent de Jorge Martin, et les performances limitées de Raul Fernandez.
Face à une situation de plus en plus intenable, Aprilia Racing prend les devants. À l’occasion de la prochaine journée d’essais à Motorland, le constructeur italien a décidé d’ouvrir un nouveau chapitre : aligner des pilotes Moto2 sur sa RS-GP pour tester l’avenir. Une décision exceptionnelle, pour un contexte qui l’est tout autant.
L’ombre de Jorge Martin plane toujours sur le box Aprilia. Recruté comme pierre angulaire du projet 2025, le champion MotoGP n’a quasiment pas roulé depuis les essais hivernaux, abandonnant l’équipe dès les premiers tours à cause d’une blessure… mais surtout d’une fracture bien plus profonde avec la direction d’Aprilia.
Les rumeurs insistantes – confirmées par Speedweek – annoncent une séparation en cours de négociation. Martin, malgré son contrat, aurait d’ores et déjà tiré un trait sur 2026 avec Aprilia. L’avenir ? Probablement ailleurs, et avec un chèque plus épais.
Depuis l’absence de Martin, c’est le pilote d’essai Lorenzo Savadori qui a tenu la baraque. Présent sur toutes les courses (sauf le Qatar), l’Italien fait le job. Mais ses résultats, bien que solides en contexte d’essai, n’ont aucun impact au classement. En parallèle, seul Marco Bezzecchi sauve l’honneur de la structure à quatre têtes. Le reste ? Déceptions avec Raul Fernandez, blessures, ou absences comme celle d’Ai Ogura, déclaré forfait à la dernière minute en Aragon, faute de guérison complète.
Avec un banc aussi vide, Aprilia n’a plus le choix. Si un second pilote venait à déclarer forfait sur la durée, la structure serait incapable de s’adapter. C’est dans ce contexte que la marque a décidé d’agir : faire rouler des pilotes Moto2 sur la RS-GP dès lundi, avec pour support la moto laissée libre par Ogura.
Manuel Gonzalez et Diogo Moreira sont en pole pour tester l’Aprilia RS-GP
Parmi les noms qui circulent en coulisses : Manuel Gonzalez, leader du championnat Moto2 (Intact GP), et Diogo Moreira, talent montant chez Italtrans. Aprilia et TrackHouse leur auraient proposé de prendre le guidon de la RS-GP en Aragon. Une opportunité rarissime, et une vraie audition pour 2026.
Mais ils ne sont pas les seuls dans le viseur : Celestino Vietti (VR46 Academy), Aron Canet (Fantic) et Jake Dixon (MarcVDS) sont aussi cités comme des options sérieuses. À plus long terme, David Alonso (champion Moto3) et le jeune Senna Agius (Intact) pourraient aussi entrer dans l’équation, surtout à l’horizon 2027 avec l’arrivée du moteur 850 cc et des pneus Pirelli.
Pas question pour autant de transformer l’essai en foire aux talents. Selon nos informations, Aprilia devrait se limiter à deux pilotes Moto2 de haut niveau, qui se partageront le guidon pour offrir un retour d’expérience utile aux ingénieurs comme aux managers. Un choix logique, stratégique, et qui démontre une volonté claire : reconstruire une équipe solide pour l’après-Martin.
Pas d’obstacles contractuels majeurs à signaler : aucun des pilotes Moto2 cités n’est lié à un constructeur MotoGP. Avec l’accord des équipes et de la Dorna, ces tests ne posent aucun problème juridique. Aprilia peut donc avancer sereinement.
Aprilia n’a plus le luxe d’attendre. Avec une RS-GP en perte de repères et un leader en partance, il faut préparer le futur, vite et bien. À Aragon, les moteurs tourneront… mais ce sont peut-être les carrières de demain qui s’élanceront.