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Alex Marquez

Alex Marquez s’est blessé lors du Grand Prix des Pays-Bas. Ses chances de titre s’amenuisent considérablement, certes, notamment à cause du résultat blanc, qui permet à son frère de jouir d’une avance de 68 points avant d’arriver au Sachsenring, son circuit favori. De toute façon, Alex n’a jamais eu l’occasion de battre Marc à la régulière… à moins que ? Retour sur une polémique intéressante.

 

Alex Marquez a-t-il laissé gagner son frère ?

 

Telle est la question que tout le monde pensait tout bas suite au Sprint. En effet, le samedi après-midi, Marc Marquez a pris le meilleur départ, et s’est rapidement retrouvé en tête de la course. Alex Marquez l’a suivi, comme d’habitude, et semblait particulièrement véloce, notamment dans les virages à droite. Jusque là, rien d’anormal ; Marc disait d’ailleurs, vendredi soir, que son frangin était la référence en termes de rythme.

 

Alex Marquez

Avant de commencer l’analyse, je souhaite un bon rétablissement à Alex Marquez. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais Alex se rapprochait, inlassablement. Et oui, je pense qu’il était plus rapide. Le dépassement qui aurait dû découler de cette différence de rythme n’arriva jamais, et Marc remporta son neuvième Sprint en dix Grands Prix. Alors, qu’en penser ?

Je vais désormais vous donner mon avis, qui n’engage que moi, par définition. D’après mon analyse, il est impossible de dire qu’Alex a volontairement laissé gagner son frère, mais je pense qu’il ne court pas contre lui de la même manière qu’avec les autres. Tout n’est pas noir ou blanc, et en l’occurrence, c’est gris.

Je pense qu’il voulait s’imposer. Premièrement, car c’est un grand champion. Pour rappel, il a déjà remporté deux titres mondiaux, en Moto3 puis en Moto2, lors des saisons 2014 et 2019. Il sait comment gagner, comment attaquer. Ce n’est pas un rookie, il a toujours cette envie. Deuxièmement, si la justification des frères était assez bancale – comme nous le reverrons –, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître l’étroitesse de la cathédrale d’Assen. C’est un circuit très rapide – et donc, où il est difficile de faire la différence au freinage –, exigu, et qui n’offre pas souvent deux trajectoires totalement différentes.

Marc Marquez était plus rapide dans les parties où il était susceptible d’être attaqué. Ainsi, cela rendait toute tentative de dépassement compliquée, voire, dangereuse. D’ailleurs, si vous revisionnez le Sprint, vous constaterez qu’il n’était jamais proche à l’abord d’une zone de dépassement. Véloce, mais pas au bon endroit. En ce sens, Alex n’a pas protégé son frère, il ne l’a pas laissé gagner.

 

 

Une prudence indéniable

 

Mais je suis désolé de le dire, il aborde différemment les batailles avec son frère. Et ça ne date pas d’Assen, puisque j’y faisais déjà mention après le Mugello. Si c’était un pilote calme, propre et posé qui n’attaquait jamais personne, il n’y aurait même pas de débat. Mais dans le cas d’Alex Marquez, c’est incompréhensible. Chaque année, le pilote Gresini se retrouve mêlé à des contacts en tous genres, des touchettes, des blockpass, des départs musclés… je crois qu’honnêtement, plus de la moitié de la grille s’est déjà plaint du comportement d’Alex en course tellement il est limite !

Il n’est sage que derrière son frère, et pas besoin d’aller chercher loin pour jouer au jeu des sept différences. Rappelez-vous Aragon, l’année dernière, et cette erreur de placement qui coûte le titre à Pecco Bagnaia. Regardez simplement le Grand Prix, et l’agressivité dont il faisait preuve face à Pedro Acosta. C’est flagrant : cette différence de traitement existe, et on peut le comprendre en un sens. Mais alors, si c’est le cas, autant l’assumer.

 

Des commentaires moyens

 

Je n’ai pas totalement apprécié la défense des frères Marquez face à la presse. Commençons par Alex. Le samedi soir, il a livré quelques phrases qui m’ont étonné : « Je me moque de ce que pensent les gens. C’est grâce à cette stratégie que je suis deuxième du championnat ». Soit. Je l’avais déjà remarqué après l’Italie, mais il semblerait qu’il n’ait pas envie de viser mieux. Et s’il emploie le terme « stratégie », cela induit une préméditation. Cette façon arrogante de répondre aurait pu me plaire, mais le contexte ne s’y prêtait guère.

Ensuite, Marc. D’abord, le samedi, il a usé d’un type d’argument d’autorité qu’on entend souvent, mais qui ne devient pas plus vrai parce qu’on l’utilise fréquemment : « Ceux qui disent qu’il fait exprès de ne pas m’attaquer ne connaissent rien au MotoGP ». Pourtant, tout le monde à le droit de s’interroger sur l’intégrité des athlètes. L’histoire du sport nous apprend que les questionnements de ce genre sont plutôt raisonnables, à tout le moins. Et alors, que dire de Joan Mir, qui a ouvertement affirmé qu’Alex se retenait ? N’est-il pas un double champion du monde, titré dans la plus prestigieuse des catégories ?

 

Alex Marquez

Joan Mir a aussi dit qu’Alex « jouait ses pions ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Personnellement, j’ai ma petite idée. Photo : Michelin Motorsport

 

Finalement, après la course, Marc a réitéré en utilisant un mauvais exemple. Après avoir appelé à respecter tous les pilotes – bon conseil –, il a demandé pourquoi personne ne s’insurgeait de l’absence d’attaques provenant de Marco Bezzecchi, deuxième à l’arrivée. Mais les deux situations étaient différentes, et ce, pour deux raisons.

  • Premièrement, le « Bez » n’a jamais été aussi proche de Marc qu’Alex. Il est rarement descendu en dessous des trois dixièmes d’écart, trop loin pour tenter quoi que ce soit.
  • Deuxièmement, la situation n’était pas la même : Bezzecchi pouvait largement se satisfaire d’une deuxième place, alors qu’Alex Marquez, abonné à cette position, aurait pu y voir une opportunité d’enfin gagner à la régulière face au leader du championnat du monde.

 

Conclusion

 

Il n’est pas juste de dire qu’Alex a protégé Marc, car ce n’est pas le cas. Cependant, il faut reconnaître qu’il n’est pas aussi agressif avec son fraternel qu’avec d’autres pilotes, et que, contrairement à ce qu’avance Marc, ce n’est pas faire preuve d’une méconnaissance totale du sport que de prétendre cela.

Que pensez-vous de cette polémique ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

J’ai davantage été chagriné par la justification que par l’action. Moi aussi, j’aurais peut-être du mal à tenter quelque chose de si risqué sur mon frère. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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