Il y a deux ans, Alvaro Bautista était au sommet du monde Superbike, en route pour offrir à Ducati son deuxième titre consécutif depuis l’ère Fogarty. Mais sa domination – 27 victoires en une saison – a fini par se retourner contre lui. Elle a précipité l’adoption d’une règle polémique : un poids minimum combiné moto/pilote, censé rééquilibrer les forces.
Pour Bautista, le bilan est amer. Depuis l’instauration de la règle, ses performances ont chuté : seulement quatre victoires en un an et demi, alors même que Toprak Razgatlioglu a migré chez BMW et que Nicolò Bulega a pris du galon chez Ducati. Les six kilos supplémentaires imposés à sa Panigale nuisent clairement à son style de pilotage.
Et aujourd’hui, la situation atteint un tournant. Ducati Aruba l’a écarté pour 2026, et les perspectives de Bautista sur le marché des transferts s’amenuisent. L’Espagnol a donc décidé de briser le silence dans un message poignant publié mardi, où il dénonce une injustice devenue, selon lui, une forme de discrimination.
« Aujourd’hui, je souhaite écrire sur un sujet qui n’est pas facile pour moi, mais que je considère comme absolument nécessaire. Je parle aussi en tant que personne ayant personnellement vécu ce que l’on ressent lorsqu’on est jugé – et, d’une certaine manière, pénalisé – non pas pour ses performances ou son niveau d’implication, mais pour son corps, son poids. »
Bautista ne rejette pas le fait que le poids influence les performances en piste, mais il pointe un problème plus profond : la réglementation actuelle ne prend pas en compte la diversité morphologique naturelle des pilotes.
Alvaro Bautista : « lorsque le système ne prend pas en compte les différences naturelles entre les morphologies, il perd son équité et commence à exclure »
« Lorsque le système ne prend pas en compte les différences naturelles entre les morphologies, il perd son équité et commence à exclure. »
Il cite l’exemple de Dani Pedrosa, très léger, ou encore Danilo Petrucci, plus massif, pour illustrer un débat complexe où le poids a toujours joué un rôle – avec des avantages et des inconvénients.
Son objectif est clair : ouvrir le dialogue, non pour se poser en victime, mais pour éviter que de futurs pilotes ne vivent la même frustration.
« Les pilotes ne se définissent pas par un chiffre sur une balance. Ils se définissent par leur intelligence sur la piste, leur instinct, leur courage et leur connexion avec la moto. »
Pour l’heure, l’avenir de Bautista reste incertain. Un retour chez Honda ou un transfert vers BMW sont des pistes possibles. Mais tout pourrait dépendre d’une éventuelle évolution réglementaire. Si le Superbike revoit ses critères, Bautista retrouverait peut-être des chances de briller.
En attendant, son cri du cœur pourrait bien lancer un débat de fond sur l’équité dans les sports mécaniques.