Alors que le marché des transferts est déjà bien agité, Johann Zarco est actuellement en train de réfléchir à son avenir en MotoGP. Heureusement pour lui, c’est une sorte de choix du roi qui s’offre à lui : rester chez LCR Honda, ou alors, faire les belles heures de l’écurie officielle. Étudions la question.
A win-win situation
Commençons par dire, car c’est assez rare dans une carrière, que les deux choix sont bons, le matériel étant le même. Il n’est pas en danger, et ses résultats récents au guidon de la RC213V lui assurent un bon avenir au sein de la marque, c’est à n’en pas douter. À savoir que les deux entités ont l’air d’être deux écuries sœurs plutôt que deux rivales, ce qui est de bon augure pour les privilèges extrasportifs. J’imagine que Honda, qui n’a pas envie de perdre Zarco, est prêt à mettre le prix pour le garder, même chez LCR. De ce fait, je ne pense même pas que l’aspect financier soit très important, même s’il doit forcément y avoir des avantages de ce côté en étant pilote d’usine. Je ne l’imagine pas un seul instant être moins payé qu’actuellement en cas de prolongation, car il est en position de force. Dans cet article, nous allons donc nous intéresser à cette question du point de vue sportif, d’une part, mais aussi de celui de l’héritage, de la trace qu’il va laisser en Grands Prix.

Zarco a les cartes en main. Photo : LCR Honda
LCR, la famille de Johann Zarco en MotoGP
Oui, Tech3 a été très important dans la carrière de Johann Zarco, tout comme Pramac Racing. Mais d’un point de vue totalement extérieur, jamais je ne l’ai vu aussi en paix avec lui-même que chez LCR Honda. Clairement, à situation extrasportive égale, c’est un point non négligeable pour un pilote de 34 ans. Il faut qu’il se sente à l’aise pour performer, et je crois que l’écurie de Lucio Cecchinello est idéale pour ce faire. C’est avec elle qu’il a réalisé l’exploit de s’imposer au Mans, devant son public et ses parents, mais ce n’est pas tout : il ne faut pas oublier que Cecchinello lui avait donné une chance de se relancer sur les trois dernières courses de la saison 2019, après son départ de KTM.
De plus, c’est l’une des meilleures écuries privées de l’histoire du MotoGP, elle est en place, fortement liée au plus grand constructeur motocycliste du monde. C’est une place alléchante, et je crois qu’il lui serait très difficile, à son âge, de se remettre la pression d’un pilote d’usine et de quitter ainsi sa dernière famille en MotoGP pour un nouvel environnement. Du moment qu’il bénéficie du même matériel que les officiels, je comprendrais qu’il reste où il est.
Signer chez Honda, et entrer dans l’histoire
Après y avoir bien réfléchi, d’un point de vue rationnel, rester chez LCR semble être la trajectoire la plus raisonnable. Il a tout ce qu’il faut dans un environnement qui lui convient, de toute évidence. Mais la passion a ses raisons que la raison ignore. Et honnêtement, il y a beaucoup d’arguments en faveur d’un départ pour l’écurie officielle Honda.

Cette victoire en fait le clair leader. C’est sur lui que Honda doit s’appuyer. Photo : LCR Honda
D’abord, le nom. Piloter pour l’écurie d’usine Honda en MotoGP, c’est un peu comme rouler pour la Scuderia Ferrari en Formule 1. C’est rejoindre Valentino Rossi, Marc Marquez, Casey Stoner, Jorge Lorenzo, Freddie Spencer, Dani Pedrosa, et Iker Lecuona. Cela revient à entrer dans la légende – il y avait un intrus dans l’énumération, le trouverez-vous ? –, car revêtir ces couleurs n’est pas anodin. Pour un pilote de 35 ans, prétendre à un tel poste est tout de même assez glorieux, et c’est le genre d’offre qu’il est très difficile de refuser.
S’il veut vraiment aider Honda à revenir au sommet, alors il doit choisir le guidon officiel. On imagine une meilleure communication avec les ingénieurs, une meilleure visibilité pour faire bouger les choses, plus de pression aussi, mais de plus grandes récompenses si ça vient à fonctionner. High risk, high reward. Il y a aussi un point dont on parle peu, mais qui me semble essentiel : on est souvent plus proche de la sortie lorsqu’on est pilote satellite. En général, même les officiels très moyens parviennent toujours à rebondir chez un privé le temps de quelques années avant de disparaître, hors retraite, bien sûr.
Le petit pronostic
Maintenant, c’est l’heure de se mouiller. Selon vous, où ira-t-il ? Choisira-t-il la sécurité et la sérénité, ou le prestige et la pression des couleurs historiques Honda ? En vérité, c’est très difficile à dire et j’avoue avoir beaucoup de mal à trancher. Les deux possibilités se tiennent, s’entendent, et se regardent dans les yeux. Bon, trêve d’élucubrations.
Je pense en effet qu’il va rester chez LCR Honda. Zarco a le potentiel de changer la face du constructeur japonais tout en préservant son cocon, sa santé mentale et son confort. Il a les cartes en main pour négocier un très bon salaire, même si je reconnais qu’il est très difficile de refuser ce guidon officiel. D’ailleurs, je peux parfaitement me tromper et je ne serais pas vraiment étonné qu’il aille de l’autre côté, mais je devais trancher. Ce qui fait pencher la balance, d’après moi, c’est son âge : à 35 ans le 16 juillet, je ne sais pas s’il a nécessairement envie de relever un énième challenge, d’autant plus que celui-ci serait le plus ardu de tous.
Où ira-t-il, selon vous ? Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Zarco a l’expérience, la vitesse, le samedi comme le dimanche. C’est l’un des plus complets de la grille. Photo : LCR Honda
Photo de couverture : Michelin Motorsport