Je dois reconnaître que j’ai été assez gêné de la prestation de Pecco Bagnaia le week-end dernier, notamment le samedi ; et ceci me pousse naturellement à aborder un sujet fâcheux. Voyez-vous, je me suis fait une réflexion assez étrange pendant la course dominicale – il fallait bien s’occuper, hein –. Nous serons sans doute d’accord pour dire que Pecco Bagnaia fait une moins bonne saison qu’Enea Bastianini l’année dernière, alors, pourquoi son guidon ne pourrait-il pas être en danger, finalement ? La question est plus complexe qu’elle en a l’air.
Rien à voir avec les rumeurs
Je vous préviens tout de suite : je ne crois pas à la dernière rumeur, celle qui envoie Pecco Bagnaia chez Ducati VR46 aux côtés de Franco Morbidelli. Même si, dans l’absolu, ce transfert ferait sens, je ne l’envisage pas un seul instant. Davide Tardozzi a encore une fois réaffirmé son soutien à Bagnaia, donc je ne vois pas Ducati s’en séparer d’ici peu.

On ne devrait même pas l’imaginer à ces positions. Photo : Michelin Motorsport
Non, moi, je me base plutôt sur les résultats en les comparant directement avec ceux d’Enea Bastianini l’année dernière. Il y a un peu plus d’un an, « Bestia » apprenait qu’il ne poursuivrait pas l’aventure avec l’équipe officielle Ducati, pour laisser place à Marc Marquez. Le truc, c’est que l’Italien réalisait une meilleure saison que Bagnaia actuellement. Pas forcément en termes de points, car, statistiquement, la saison de Pecco tient la route. Mais par contre, j’ai le souvenir d’un Bastianini qui remplissait son rôle de deuxième pilote, qui se battait pour des victoires, qui reprenait des points à Jorge Martin, voire, qui s’imposait avec la manière, comme à Silverstone ou à Misano.
En 2025, Bagnaia n’est nulle part, et j’ai malheureusement l’impression que l’écart avec Marquez ne fait que grandir. Ce GP d’Allemagne était choquant sur ce point. D’un côté, je veux bien entendre que Marquez soit comme chez lui au Sachsenring, mais cela explique-t-il les deux secondes d’écart sur un tour en qualifications ? Cela explique-t-il les 20 secondes qui séparaient Bagnaia de Marc Marquez à l’issue du Sprint ? Cela a-t-il un rapport entre l’écart de performance entre Bagnaia et Di Giannantonio, à motos égales ? Je ne le crois pas. D’ailleurs, Bagnaia avait déjà fait de belles performances en Allemagne ; il est tombé depuis la tête en 2022, a disputé la victoire jusque dans les derniers instants en 2023 et s’est même imposé devant Marc Marquez en 2024.
La Desmosedici ne lui convient pas… et après ?
On comprend bien que la GP25 ne lui convient pas, qu’il n’arrive pas à s’y faire. Il le répète à chaque fois qu’il en a l’occasion. Je continue d’ailleurs de penser que ça n’a rien à voir avec Marc Marquez, et c’est pourquoi je n’utilise le nom de l’Espagnol que comme référentiel chronométrique. Alors, ça ne veut pas dire que « Go Free » est devenu mauvais, ou qu’il est un double champion au rabais. Ça n’enlève rien à son palmarès, faire une année moyenne peut arriver.
Great day for @PeccoBagnaia who manages to score some really welcomed 16 points with P3 😎👌#GermanGP 🇩🇪 pic.twitter.com/EI3FFVoTVA
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) July 13, 2025
Le problème, est que, si cela continue encore un an, il lui sera difficile de justifier sa place d’officiel Ducati, peu importe les accomplissements réalisés auparavant. Le sport de très haut niveau se moque pas mal du palmarès, c’est la forme au moment T qui prime. C’est ce qui définit la valeur d’un athlète.
La bonne mentalité
Il me paraît hautement improbable qu’il perde son guidon aussi rapidement, notamment parce qu’il s’accroche. L’Italien continue de remercier son équipe, de se battre, d’avancer, d’essayer des choses, comme ce nouveau châssis en Allemagne. Pour l’instant, rien n’y fait, mais à vrai dire, ce n’est pas si grave. De toute manière, son objectif pour l’exercice 2025 est déjà impossible à réaliser, alors autant se focaliser sur le retour des bonnes sensations.

« Bestia » avait déjà beaucoup galéré en 2023, peut-être était-ce aussi l’une des raisons de cette décision. Photo : Michelin Motorsport
Conclusion
Ça me fait mal de le dire, mais je commence à comprendre ceux qui reprochent à Bagnaia de ne pas en faire assez avec le matériel dont il dispose. Réussir à dépasser un challenge technique est aussi la marque des très grands pilotes. Oui, quelqu’un peut légitimement se questionner sur la pertinence de le conserver à cette place pendant encore longtemps. On a le droit de penser ainsi au vu des exemples passés. Mais tout compte fait, il faut relativiser : le bilan statistique n’est pas si mauvais que ça, et ses difficultés ont commencé il y a quatre mois et demi à peine, pas trois ans comme certains autres pilotes qui courent toujours pour des écuries officielles.
Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de cette question. Selon vous, un transfert est-il envisageable si le marché s’enflamme ? Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Après, il faut dire que la situation de Marquez a joué un rôle déterminant dans l’éviction de Bastianini. Il faudrait un Marquez et demi pour légitimement pouvoir virer Bagnaia. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport