A 40 ans, la situation d’Alvaro Bautista est compliquée, le champion du monde 125cc et double champion Superbike n’ayant aucune perspective positive pour 2026. Quasiment acculé à espérer rester chez Aruba.it au prix d’une baisse notable de salaire, pour défendre sa cause, il attaque…
Il attaque la réglementation actuelle, qui lui impose un lest de 7 kilos dû à son poids minime, avec des mots très forts, jugeant dans une interview accordée à AS que le règlement met à sa fois sa vie en danger et l’empêche de trouver une place pour la saison prochaine.
« Nous avons analysé les données avec Ducati,
avant et après l’ajout du lest, et la moto présente plus
d’inerties latérales, pas frontales. Dans toutes les courbes, elle
a tendance à élargir la trajectoire et à parcourir plus de mètres
vers l’extérieur. Il ne s’agit plus de gagner ou non, mais
d’une discrimination envers les pilotes légers.
C’est une question de sécurité. Une moto avec 7 kg
de plus a beaucoup plus d’inertie au moment de freiner, de sortir
des virages ou d’y entrer.
La FIM, Dorna et le World Superbike cherchent toujours à
garantir la sécurité des pilotes, et ils le font très bien, car
c’est un sport à risque, à très haut risque. Avec l’excellent
travail qu’ils accomplissent, il ne faudrait pas que ce point leur
échappe. Ce n’est pas un caprice de ma part, c’est une
réalité, que l’on peut démontrer. L’important est de
rendre ce sport sûr, pour que nous puissions tous en profiter.
Actuellement, ils mettent davantage en danger la vie des
pilotes légers.
Ils ajoutent plus d’inertie
aux motos et, par conséquent, plus de risques. Ce sont déjà des
motos difficiles à piloter, et on nous impose encore plus de poids.
On veille toujours à la sécurité, et voilà qu’avec cette
règle, on augmente le risque pour les pilotes qui doivent porter ce
poids supplémentaire. Il ne s’agit pas de savoir si l’on
peut gagner ou perdre, mais du fait que je vais devoir prendre plus
de risques. On veille toujours à la sécurité des pilotes, et moi,
on me rend moins sûr. On me fait risquer davantage ma vie
que les autres. Pourquoi ? Parce que je suis petit ? C’est
pour ça que je devrais risquer plus ma vie que les autres ? Eh
bien, ça ne me paraît pas logique.
Je ne suis pas contre la Fédération, ni contre Dorna,
ni contre le SBK. Je les soutiens et je suis très satisfait de tout
le travail qu’ils font pour la sécurité. Mais il s’agit
simplement ici de franchir une étape supplémentaire pour améliorer
encore davantage la sécurité. »
Mais en attendant que les autorités prennent en compte, ou pas, ce point soulevé avec véhémence par le pilote espagnol, ce dernier pense que cela est également la cause de sa difficulté à trouver une place pour l’an prochain.
« Ils m’ont pénalisé, car en 2024 et 2025, dans des conditions normales, nous aurions pu nous battre pour le titre. Cette année, je me retrouve sans équipe et, où que j’aille, j’emmène avec moi un « sac à dos » de 7 kilos. Les équipes ne veulent pas d’un pilote avec ces kilos supplémentaires.«
Alvaro Bautista ne semble guère enthousiasmé par une éventuelle place de pilote d’essai Aprilia en MotoGP, et espère plutôt rester là où il est, quitte à gagner beaucoup moins d’argent…
« Pour l’instant, ce ne sont que des discussions, mais comme je l’ai toujours dit, je veux être pilote et ce qui me motive, c’est courir. Pour le moment, le rôle de pilote d’essai n’est pas dans mes projets. Ce que je veux avant tout, c’est être pilote, car je me sens encore compétitif
Et Ducati ? C’est une option. Nous discutons encore. Je veux disposer d’un package techniquement compétitif pour pouvoir démontrer mon potentiel. Courir pour courir ne m’intéresse pas. Si je cours, c’est pour moi, parce que je veux gagner. Ducati m’a dit que les conditions actuelles ne pouvaient pas être maintenues et qu’il fallait réduire la partie économique. Je leur ai répondu de me laisser libre de décider. Ce n’est pas qu’ils m’aient mis dehors, mais il existait cette clause de rupture de contrat (1+1) de leur part ou de la mienne, en fonction de certaines conditions. À présent, je suis libre, je suis sur le marché, y compris pour eux. Si Ducati ne trouve pas de pilote, ils peuvent m’appeler et me dire : « Álvaro, voulez-vous courir pour ce montant ? » Et c’est à ce moment-là que je déciderai. »
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