Le Grand Prix d’Autriche marque non seulement le retour du MotoGP après la trêve estivale, mais aussi l’introduction d’une nouveauté technique majeure : l’arrivée d’un système de contrôle de stabilité sur toutes les motos. Présentée comme un pas en avant pour la sécurité, cette assistance électronique réduit le couple moteur lorsque la moto glisse, afin de limiter les pertes d’adhérence brutales. Mais si la mesure est saluée pour ses motivations, elle ne laisse pas les pilotes indifférents.
En conférence de presse, les pilotes ont, en effet, été invités à soulever la question. Pour Marc Márquez, leader actuel du championnat, ce nouveau contrôle, qu’il a pu tester lors de séances en Aragón et pendant les essais en Malaisie, présente des avantages comme des inconvénients.
« Pour moi, c’est clair. Plus on introduit d’éléments sur la moto, dans ce cas électroniques, moins la différence peut venir du pilote. Je l’ai testé à Aragón et aussi lors du test en Malaisie, et c’est juste plus facile à piloter. Vous pouvez aller contre le contrôle, et la moto fait tout toute seule. En tant que pilote, je n’aime pas ça. Que ce soit pour la sécurité ou non… Au final, chaque constructeur a un point de vue différent », explique-t-il.
Pour l’Espagnol, ce type d’assistance réduit la part d’instinct et de contrôle direct du pilote en piste. Un avis que partage Marco Bezzecchi, deuxième pilote interrogé à ce sujet en conférence de presse, ce jeudi. Le pilote Aprilia accueille cependant la nouvelle avec une approche plus pragmatique.
« Dans notre cas, nous travaillons pour nous améliorer et cela peut nous aider à essayer de rattraper les autres constructeurs. Bien sûr, comme l’a dit Marc, le pilote peut faire un peu moins de différence. Ce n’est pas l’idéal, mais au final, quand tout le monde sera au maximum de ses réglages, alors le pilote fera à nouveau la différence. C’est une question de temps », estime l’Italien.
De son côté Pedro Acosta, affiche une position critique sur la multiplication des aides électroniques. Pour le jeune Espagnol, la tendance actuelle risque de dénaturer le pilotage en MotoGP, et la philosophie devrait aller vers plus de liberté… et de risque maîtrisé. « À chaque fois, nous introduisons plus en plus d’assistances et je pense que nous devrions faire le contraire. Essayer de les retirer, comme avec ce que nous avons appelé le nouveau règlement en 2017. Je pense que nous devons commencer à réfléchir à supprimer ces aides », tranche-t-il.
Ce nouveau contrôle de stabilité fait partie intégrante du logiciel unifié que chaque équipe choisit d’utiliser avec l’ECU standard fournie par Marelli. Grâce à la collaboration étroite entre le MotoGP, le fournisseur et l’association des constructeurs, cette fonction est prête à être déployée pour la première fois à Spielberg. Selon les prévisions, la quasi-totalité des équipes devraient l’adopter dès ce week-end.
Si l’objectif officiel reste la réduction des risques de highside, cette première épreuve grandeur nature au Red Bull Ring permettra de mesurer véritablement l’impact du dispositif sur le pilotage… et sur les courses. Les avis des pilotes, eux, montrent déjà que le débat est loin d’être clos.