Vous avez tous vu le Grand Prix d’Autriche MotoGP, et donc, Marc Marquez s’imposer deux fois. Depuis que je tiens cette rubrique, il y a comme une tradition qui s’est installée : le lundi, je fais toujours un article qui parle du vainqueur, peu importe les autres événements qui se sont déroulés. Mais je vous avoue que je commence à manquer de matière, tant toutes les courses se ressemblent. Justement, aujourd’hui, essayons de poser une question un peu différente. Marc Marquez peut-il remporter toutes les manches jusqu’à la fin ?
Pourquoi cette question ?
J’ai conscience que cette interrogation peut choquer, car ça reviendrait à l’imaginer gagner 15 GP d’affilée, ce qui n’est arrivé qu’une fois en 76 ans (Giacomo Agostini, 20 courses en 500cc entre 1968 et 1969). De plus, il deviendrait également le recordman de victoires glanées en une saison. Ce n’est pas mathématiquement impossible, mais simplement, hautement improbable. Cependant, je voulais quand même me prêter à cet exercice, car, en l’état, je crois ne jamais avoir vu un pilote aussi dominant.

Ça paraît impossible, mais David Alonso, en 2024, a battu plus ou moins tous les records que l’on pensait inatteignables dans la plus petite des catégories. Photo : Michelin Motorsport
Passons donc en revue ceux qui, potentiellement, peuvent l’empêcher de réaliser cet exploit.
Alex Marquez, trop timide ?
Débutons logiquement par le deuxième du classement, à savoir, Alex Marquez, son frère. Honnêtement, je ne le crois pas capable de battre Marc Marquez. Premièrement, il a montré – et dit – qu’il n’avait aucune envie de jouer le titre mondial, et de toute façon, il est déjà trop tard. Deuxièmement, il a vaincu Marc à une seule occasion en 26 courses, lors du Sprint à Silverstone, sur un circuit où Marquez n’a jamais été le plus à l’aise, et où, au contraire, Alex avait déjà brillé. C’est tout.
Comme je l’avais affirmé dans une autre analyse, je pense réellement qu’Alex Marquez ne roule pas avec l’intensité qui le caractérise lorsqu’il se « bat » avec son frangin. De plus, et comme si ça ne suffisait pas, la Desmosedici GP25 continue de progresser alors qu’Alex est condamné à rouler la GP24 jusqu’à la fin de saison. Même si les machines sont encore très similaires, qui sait si Ducati apportera une savante amélioration un peu plus tard dans l’année. Finalement, il n’a plus cette régularité qui le caractérisait en début de saison : depuis Assen et sa chute avec Pedro Acosta, il compte deux abandons, une énorme bourde à Brno qui lui valut un long lap au Red Bull Ring, et une huitième place en Sprint en Allemagne. Pour toutes ces raisons, je pense qu’il aura du mal à venir au bout de Marc Marquez, y compris sur une seule manche.
Pecco Bagnaia, trop tard ?
Passons maintenant à Pecco Bagnaia. Là, je serai encore plus catégorique. À ce point-là, il faudrait un véritable miracle pour qu’il revienne dans la discussion, tant il est loin ces derniers jours. L’Italien n’a jamais battu Marc Marquez en 2025, en Sprint comme en GP, et ne fait que régresser au guidon de la GP25. Ses derniers Grands Prix sont absolument indignes de son statut de double champion du monde MotoGP, et il vient d’enregistrer, à Spielberg, sur l’une de ses pistes préférées, sa pire course depuis son accession en catégorie reine – j’ai l’impression de dire ça tous les quinze jours. Non seulement je ne l’imagine pas battre Marc Marquez, mais je ne le vois même pas conserver sa troisième place au championnat s’il continue sur cette pente glissante.

Johann Zarco (deux fois), Marco Bezzecchi (une fois) et Alex Marquez (une fois) sont les trois seuls pilotes à l’avoir battu (lorsqu’il n’est pas tombé) depuis le début de saison, soit 26 courses. Hallucinant. Photo : Michelin Motorsport
Marco Bezzecchi, le vrai rival ?
Voici quelqu’un, qui, selon moi, a déjà plus de chances que les deux susnommés. En effet, Bezzecchi n’est peut-être pas forcément un meilleur pilote que Marc ou Alex Marquez, mais il a un « avantage » de taille lorsque l’objectif est de s’imposer sur une manche seulement : une moto différente. Ducati pourrait, par exemple, se retrouver en difficulté sur une piste, et lui ne serait pas pénalisé ; mieux, il pourrait tirer son épingle du jeu. Je pense à Silverstone, où c’était le cas, mais aussi à la Catalogne qui arrive, où la firme de Noale a toujours été très rapide.
De plus, Bezzecchi est le seul qui a brièvement rivalisé avec le rythme de Marc Marquez sur les quatre dernières manches. Il est tombé au Sachsenring depuis la deuxième place, certes, mais demeure celui qui a le mieux résisté depuis le début de l’année, ça s’est encore vu en Autriche. Cependant, il était encore loin de battre Marquez en duel, tant l’écart est important. Et son « avantage matériel » ne peut fonctionner que si la GP25 connaît un vrai trou d’air, ce qui pourrait aussi ne jamais arriver. Dans ce cas, la Ducat’ reste bien supérieure. C’est pourquoi j’ai du mal à l’imaginer battre Marc Marquez à la régulière.
Marc Marquez, le seul qui peut s’arrêter en MotoGP ?
Terminons par Marquez lui-même. On entend souvent qu’il est le seul qui peut s’empêcher de gagner, et je ne suis même plus d’accord avec cette affirmation. Oui, il peut tomber, certes, mais ce n’est pas comme si quelqu’un le battait réellement. Et puis, les erreurs arrivent de moins en moins. Si l’on omet ses chutes récentes en qualifications, il n’a plus commis d’écart depuis le Grand Prix de Grande-Bretagne, avant le deuxième départ. C’était il y a déjà trois mois. Il a adopté une approche complètement différente de ses années Honda, et plus il aura d’avance au championnat, moins il prendra de risques.
Maintenant, est-il réellement imbattable ? Je veux dire, peut-il gagner les neuf dernières courses ? Honnêtement, oui, c’est dans le domaine du possible, même si c’est hautement improbable statistiquement. Mais quel pilote a-t-il déjà été aussi fort au point de tromper les mathématiques ? Il est tellement facile, tellement en contrôle, qu’aucune course n’est serrée, contrairement à 2014 par exemple. Cette année, il y a un monde d’écart entre lui et les autres.
Quand je regarde le calendrier, je ne vois que deux victoires qui pourraient lui être contestées : la Catalogne, où Bagnaia a toujours été assez fort, lui moins, et où les Aprilia pourraient se démarquer. Attention aussi à la Malaisie, où son frère est excellent. Mais, hormis cela, qui pourrait le battre à Phillip Island ? À Misano ? Là où il gagnait déjà avec une Honda en 2022 ?
Il faut tout de même se méfier d’une percée solitaire, d’un exploit individuel. Je pense notamment à Fermin Aldeguer et Fabio Di Giannantonio, qui sont parfaitement capables de briller, et qui ont le matériel pour.
Je suis curieux de savoir si vous partagez mon avis, alors, dites-le-moi en commentaires !

Après, il peut y avoir des courses flag-to-flag… mais là encore, c’est lui le meilleur dans ces conditions. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport