Le Grand Prix de Hongrie vient de s’achever, contrairement à l’affaire Johann Zarco qui ne fait que prendre de l’ampleur. Vous n’avez pas pu passer à côté : le pilote français, qui a dit, juste avant ce week-end, qu’il aimerait devenir n°1 chez Honda, ne jouit pas du même matériel que les pilotes d’usine. Et c’est un gros problème.
Ce qu’il se passe
Si vous n’avez pas suivi l’actualité, laissez-moi vous résumer cette affaire. Johann Zarco a publiquement avoué qu’il avait testé de nouvelles pièces – dont on ne connaît pas réellement la nature, même si ces améliorations, a priori, concernent surtout l’aérodynamique et le bras oscillant –, que lesdites pièces ont été adoptées par les deux pilotes officiels Luca Marini et Joan Mir, mais que lui n’en bénéficiait pas pour l’instant. Pire, d’après Zarco himself, il ne les aura pas non plus à Barcelone, dans quinze jours. Seulement, pendant que Zarco galère depuis l’Autriche avec des sensations inexistantes, Mir puis Marini ont signé leurs meilleurs week-ends avec Honda sur les deux dernières manches.

Il y a comme un goût d’injustice. Photo : Michelin Motorsport
Le fait que les trois pilotes ne soient pas sur un pied d’égalité est très problématique, car la promesse de Honda, encore renforcée par la présence de Zarco dans l’équipe d’usine aux 8 Heures de Suzuka, était de lui donner les mêmes chances ; mieux encore, d’en faire un pilier de l’équipe MotoGP. Certes, il est chez LCR, mais je croyais que les Japonais avaient effacé cette distance satellite/usine qui leur a tant coûté par le passé. Apparemment, non.
Cette situation est totalement ridicule pour Honda, car le vrai n°1, celui qui devrait avoir les meilleures pièces en avance, c’est bien lui ! Il s’est non seulement imposé en France, mais il a aussi réalisé des prouesses sur le sec avec sa RC213V ; je pense au Qatar et à cette formidable deuxième place en Angleterre.
L’incompréhension
Si tout cela est vrai – et il n’y a pas de raison pour que ça ne le soit pas –, ça ne fait aucun sens. Aucun. Honda préférerait privilégier ses pilotes officiels plutôt que le meilleur d’entre eux, alors que Ducati, en 2017, donnait déjà l’opportunité à son ancien team satellite Pramac Racing de jouer des podiums dans le but d’un jour atteindre le sommet collectivement. Je ne comprends rien à cette décision. Beaucoup accusent de nouveau Alberto Puig d’être derrière tout ça, car il est vrai qu’il y avait déjà eu un précédent avec Zarco peu avant son départ pour KTM.
Mais Puig, aussi incompréhensible soit-il, lit-il un autre classement général que moi ? Il est vrai qu’il était derrière le recrutement de Joan Mir, soit l’un des pires transferts de l’histoire de la discipline. Quand même, là, c’est gros ! Ça ne me paraît pas compliqué de jeter un œil à cette saison, et d’en déduire que Zarco est non seulement le clair n°1, mais aussi, le seul capable de faire quelque chose de durable, d’impactant avec la RC213V ! La preuve : en Hongrie, la Honda « nouvelle version » semblait particulièrement performante. Mais au final, avec les chutes de Mir – encore une – et d’un Zarco désabusé, qu’en tire la firme ailée ? N’a-t-elle pas sacrifié une chance de marquer de très gros points au classement constructeur ? Qui lui garantit qu’une fois que Zarco bénéficiera des mêmes améliorations, la Honda rencontrera des tracés aussi favorables ?
That was a big one for Zarco! 💥💥💥
Glad to see the Frenchman got back up! 🙏#HungarianGP 🇭🇺 pic.twitter.com/KGp6olqz0t
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) August 24, 2025
Le message
Maintenant que vous avez bien saisi cette problématique, évoquons la partie la plus triste. Car, finalement, en prenant du recul, du seul point de vue des résultats, ce n’est pas si grave. Marini progresse et fait d’excellentes courses, Mir aussi, quand il ne tombe pas. Zarco n’a pas marqué de points en Hongrie, mais ça peut arriver, et Honda ne rattrapera sans doute jamais KTM au classement constructeurs. Ce qui est le plus cruel, c’est le message envoyé.
Si Puig voulait se mettre à dos son meilleur pilote, il ne s’y prendrait pas autrement. Forcément, cela déstabilise Zarco car les médias en parlent, alors, il se justifie, et plus il se justifie, plus on lui en parle, et la boule de neige grossit. C’est là une nuisance dont n’a pas besoin un pilote qui prend d’énormes risques. Et puis, au-delà du message, on n’oublie pas de sitôt une affaire comme ça. C’est le genre de décision qui fait perdre de la confiance, qui sème le trouble dans une équipe. Cela peut parfaitement se répercuter sur Lucio Cecchinello, comme sur Mir et Marini, qui ont aussi été questionnés sur le sujet et qui n’y sont pour absolument rien.
Vous voyez, cela peut vite instiller une atmosphère peu plaisante, qui n’est pas propice au retour du plus grand constructeur de tous les temps.

Il est content d’avoir pris position, mais à quel prix ? Photo : Michelin Motorsport
Conclusion
Une phrase m’a fait prendre conscience de la gravité de la situation : « J’aimerais être n°1 chez LCR, mais ce n’est pas possible ». On sent que Johann n’a pas vraiment envie d’aller au HRC, mais qu’il sait qu’il n’aura pas le choix s’il veut franchir un nouveau palier. À ce stade de sa carrière, lui préfère sans doute l’ambiance plus familiale d’une équipe comme LCR. Oui, il veut plus, mais les dernières améliorations valent-elles le confort mental que lui apporte Cecchinello ? Je ne sais pas, et ça me fait assez peur pour la suite.
Je suis curieux d’avoir votre avis sur cette épineuse question. Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Pas dit que Honda apprécie, mais bon, il a raison de se défendre.
Photo de couverture : Michelin Motorsport