Le directeur sportif Ducati ne cache plus son inquiétude face à la descente aux enfers du champion italien. Francesco Bagnaia était arrivé à Barcelone gonflé d’optimisme, convaincu que les réglages testés en Hongrie avaient marqué un tournant. Mais dès le vendredi, son rêve s’est effondré : 23e le matin, 21e l’après-midi. Et c’est Davide Tardozzi, directeur sportif de Ducati, qui a résumé la gravité de la situation.
Face aux caméras de Sky Italia, Tardozzi a été direct : « autant nous pouvons l’aider, autant il doit nous aider à l’aider. » Une phrase lourde de sens, qui place la responsabilité autant sur Ducati que sur son pilote vedette. Pour lui, Bagnaia ne peut pas uniquement attendre de la technique une solution miracle :
« Il y a des moments où les pilotes doivent surmonter leurs problèmes – et c’est l’un de ces moments. »
En clair, Ducati admet une limite dans son accompagnement : le reste dépend du mental et de la capacité du pilote à s’arracher. Tardozzi a toutefois tenu à rappeler la valeur intrinsèque de Bagnaia : « je pense que ‘Pecco’ en est capable. Il l’a démontré à maintes reprises ces dernières années. »
Davide Tardozzi : « nous avons confiance en Bagnaia en tant que pilote de haut niveau »
Mais derrière ce soutien apparent, une vérité glaçante : si Bagnaia ne performe pas, c’est qu’il y a un problème que l’équipe n’arrive pas à identifier.
« C’est évident, car nous avons confiance en lui en tant que pilote de haut niveau. Cela signifie qu’il y a quelque chose que nous n’avons pas encore trouvé pour lui permettre d’atteindre les performances optimales. »
Autrement dit, Ducati ne nie pas ses propres responsabilités, mais le sous-entendu est clair : le pilote doit sortir de sa torpeur et redevenir le leader qu’il a été.
En parallèle, Bagnaia, lui, ne comprend plus : « comment puis-je attaquer autant, prendre autant de risques, et me retrouver 21e, entre deux pilotes d’essai ? Avec tout le respect que je leur dois, je ne peux pas être là. »
Il reconnaît vivre peut-être sa pire journée de l’année et admet avoir essayé tous les styles, sans résultat : « même quand j’essaie de piloter différemment, je perds toujours du temps. Nous devons donc trouver d’autres solutions, que nous n’avons pas pour le moment. »
En exposant publiquement son pilote, Tardozzi envoie un double message : soutien et exigence. Ducati croit encore en Bagnaia, mais refuse de lui offrir l’alibi d’une moto défaillante. La GP25 fonctionne avec Marc Marquez – et Tardozzi demande implicitement à son champion d’assumer son rôle, même dans l’adversité.
La question est désormais simple : cette sortie médiatique sera-t-elle l’électrochoc dont Bagnaia a besoin, ou bien l’ultime pression qui précipitera sa chute psychologique face à l’ombre envahissante de Marquez ?
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