Fabio Quartararo, cette saison, réalise des prouesses individuelles en MotoGP; outre les qualifications, il existe un domaine où le Français excelle, mais il n’est pas le seul sur la grille. En effet, en termes de dépassements, peu font aussi bien ou mieux que lui. Aujourd’hui, je voulais consacrer un article à cet art disparu, en soulignant les exploits des meilleurs overtakers de la planète motocycliste.
« El Diablo », inarrêtable
Commençons par rappeler ce qu’est un grand « dépasseur ». Pour moi, c’est quelqu’un qui maîtrise l’art du dépassement, tout simplement. En d’autres termes, c’est un pilote qui peut faire la différence en quelques virages, qui peut éliminer son vis-à-vis de manière propre, originale, et efficace, c’est-à-dire, en ne perdant pas de temps lui-même. D’après mes critères, très subjectifs, je vous l’accorde, c’est un Homme qui évite les blockpass et qui a une bonne mesure du risque. J’exclus donc tous les plus bouillants de notre championnat, fidèles au dicton « soit ça passe, soit ça casse ».

Marc Marquez a beaucoup de qualités, mais les dépassements n’arrivent pas en haut de la liste quand on les énumère. Photo : Michelin Motorsport
Et forcément, nous sommes obligés de reconnaître le talent de Fabio Quartararo dans ce domaine. Ce qui est fort, avec Quarta’, c’est qu’il a une moto assez peu rapide en ligne droite. Par le fait, il peut difficilement se mettre à la hauteur de son adversaire aux freins côté intérieur, et freiner parallèlement à lui, ce qui est l’option privilégiée par la majorité des pilotes de nos jours.
Ainsi, il est contraint d’innover, avec des manœuvres assez spectaculaires et osées, la plupart du temps en virage. Et ça passe, quasiment à chaque fois. Quartararo, de mémoire, n’a jamais réellement causé un carton alors qu’il gagne habituellement beaucoup de positions. Sa vitesse de passage en courbe le contraint à prendre des décisions critiques dans le feu de l’action, et souvent, cela résulte en de magnifiques dépassements. C’était encore le cas en Catalogne, dans les deux premiers virages. Grâce à la maîtrise de cet art, il confirme qu’il est l’un des meilleurs racers de la planète, sans compter qu’il a beaucoup progressé dans ce domaine depuis ses débuts. C’est bluffant, et il me régale.
L’autre Fabio, certainement pas moins fort
Quartararo n’a pas la vitesse de pointe d’une Ducati, certes, mais au moins, il a une machine différente de tous les autres favoris. Ceci peut lui donner un avantage. Ce n’est pas le cas de Fabio Di Giannantonio, qui doit faire face aux frères Marquez, à Pecco Bagnaia, à Franco Morbidelli et à Fermin Aldeguer à machines égales. Ce que fait « Diggia » week-end après week-end est juste magistral en termes de dépassements.
Lui aussi évite tout blockpass un peu crade, et préfère largement les changements de direction. Son sens du placement en bataille est exemplaire, si bien qu’il arrive à éliminer très rapidement ses adversaires. Tout le monde n’a pas la même sensibilité à l’art du dépassement, mais d’après moi, c’est le meilleur sur la grille quand l’on évoque ces manœuvres. En plus, c’est un pilote très mesuré, qui ne semble jamais prendre de risques inconsidérés au moment de doubler. C’est dommage que la chance soit contre lui en ce moment, car je reste persuadé qu’il a l’un des meilleurs potentiels de la grille.

Fabio Di Giannantonio est un exemple. Dommage qu’il ne concrétise pas cette année. Photo : Michelin Motorsport
Mais où est passé Bagnaia ?
Cet article me donne ainsi la possibilité de parler de Pecco Bagnaia, que j’évoque moins ces derniers temps pour d’évidentes raisons. Même s’il est méconnaissable cette saison, il faut rappeler que, depuis la fin de la campagne 2021, Pecco Bagnaia fait assurément partie des meilleurs « dépasseurs » du plateau. Sa spécialité ? Les gros freinages, où il surclassait tout le monde du temps où il avait encore confiance en sa machine. Je n’ai jamais compris les gens qui restaient insensibles à son pilotage flamboyant, mais létal à la fois. C’est pour cette raison que les saisons passées, c’était le grand spécialiste des remontées ; allez revoir le Grand Prix d’Indonésie et le Grand Prix de Valence 2023 pour vous convaincre de la qualité de ses œuvres.
Bagnaia va revenir, un jour ou l’autre. Il me paraît impossible qu’un homme aussi talentueux ne rebondisse jamais.
Les meilleurs élèves…
Bon, allez, c’est l’heure de se mouiller : voici un petit top 5 subjectif des meilleurs élèves de la catégorie en matière de dépassement.
1) Fabio Di Giannantonio
2) Fabio Quartararo
3) Pecco Bagnaia (cette saison n’est pas si représentative
que ça)
4) Jorge Martin (en se basant sur 2023 et 2024,
notamment)
5) Pedro Acosta (surtout cette année où il a progressé dans
ce domaine)
J’aurais largement pu intégrer Aleix Espargaro, mais il n’est plus titulaire de nos jours. Il ne faut pas oublier qu’il était une véritable référence.
… et les pires
Vous me connaissez ; je ne suis pas du genre à cacher mes préférences. Voici donc mon top 5 des pilotes qui, selon moi, maîtrisent le moins bien l’art du dépassement en MotoGP – ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas bons, loin de là ! – :
1) Brad Binder
2) Alex Marquez
3) Franco Morbidelli
4) Enea Bastianini
5) Fermin Aldeguer
Notez qu’Aldeguer progressera encore, mais il faut reconnaître que cette saison, il force pas mal les manœuvres, et a déjà écopé de deux pénalités pour dépassements non maîtrisés.
Je suis curieux d’avoir votre avis sur mes tops. Donnez-moi les vôtres en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Brad Binder est le roi des blockpass. Mais en réalité, ça se finit mal, parfois, et en plus, ça n’est pas si efficace. Il a beaucoup plus perdu de batailles qu’il en a gagné. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport