Andrea Iannone n’est jamais un pilote comme les autres. À 36 ans, son nom continue de diviser le paddock. Certains y voient encore un talent pur, un pilote capable de coups d’éclat spectaculaires. D’autres ne retiennent que le chaos permanent qui accompagne chacune de ses saisons, qu’il s’agisse de ses frasques passées en MotoGP ou de ses erreurs récentes en Superbike.
La saison 2025 devait marquer son grand retour aux avant-postes. Au lieu de ça, elle est devenue un désastre à ciel ouvert. Depuis Most, plus aucun top 5 et une série de chutes qui ont exaspéré son entourage. Pire encore, le carambolage de Balaton, où il a embarqué sept pilotes dans une chute monumentale, a marqué les esprits.
Même son ami Danilo Petrucci n’a pas hésité à le pointer du doigt. Une trahison symbolique, mais révélatrice : même ses proches doutent de lui. À Magny-Cours, Iannone a pourtant choisi de retourner les critiques. Victime d’un accrochage dès la course 1, il s’est présenté comme un pilote injustement accablé :
« Ma course était terminée avant même d’avoir commencé. J’ai été percuté par une autre moto au virage 13. Ce sont des choses qui arrivent, et je ne veux pas alimenter le débat. Cependant, si je devais réagir comme quelqu’un d’autre l’a fait récemment, je ne serais pas aussi diplomate. »

Andrea Iannone : le talent emprisonné dans un cercle vicieux
Une déclaration typique du personnage : fier, piquant, incapable de laisser passer une critique sans y répondre, mais toujours soucieux de donner l’image d’un combattant.
La course Superpole a rappelé le Iannone flamboyant des bons jours : agressif, rapide, finisseur. Une 6e place solide et un rythme qui lui a rendu son sourire : « la course sprint s’est parfaitement déroulée. Mon rythme était excellent. Vers la fin, j’ai même réussi à réduire l’écart avec les pilotes devant moi. »
Mais, fidèle à lui-même, l’Italien a replongé dans la course longue, terminant 16e, frustré par un pneu avant détruit et une moto incontrôlable :
« J’ai essayé de suivre Alvaro Bautista, mais au neuvième tour, le pneu avant s’est fortement dégradé. La moto vibrait de partout. J’ai tenu jusqu’au bout, mais c’était clairement en deçà de mes attentes. »
Iannone reste fidèle à son surnom : « The Maniac ». Brillant sur un tour, fougueux dans l’attaque, mais trop souvent prisonnier de ses excès. Il attire autant qu’il irrite, fascine autant qu’il déçoit.
Son discours à Magny-Cours illustre une constante : il refuse d’endosser la responsabilité pleine et entière de ses échecs. Pour lui, les chutes, les accrochages, les désillusions font partie d’un récit où il est davantage une cible qu’un coupable.
Et c’est bien là que réside toute la singularité d’Andrea Iannone : un pilote qui ne laisse jamais indifférent, qui traîne derrière lui une réputation de génie gâché, mais qui, même au crépuscule de sa carrière, refuse obstinément de se plier aux jugements des autres.
À 36 ans, le temps joue contre lui. Chaque weekend raté en WSBK éloigne un peu plus le rêve d’un retour triomphal au plus haut niveau. La saison 2025 s’annonce comme une croix à porter pour « The Maniac », dont la carrière connaît l’une de ses pages les plus sombres.
































