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Casey Stoner

De passage à Misano pour son intronisation au Panthéon du MotoGP, Casey Stoner n’a pas mâché ses mots. Fidèle à son franc-parler, le double champion du monde australien a profité de l’occasion pour pointer du doigt la responsabilité des constructeurs japonais dans leur propre déclin. Et selon lui, tout a basculé il y a presque une décennie.

« Le MotoGP a changé. Mais pas eux. » Pour Stoner, la racine de la crise actuelle chez Honda et Yamaha remonte au moment où l’aérodynamique est entrée en jeu. À l’époque, Ducati commence à intégrer des ailerons sur ses carénages. Les dispositifs holeshot et correcteur d’assiette font leur apparition. Pendant ce temps, les Japonais restent passifs, misant sur une suppression prochaine de ces éléments par la réglementation. Un pari perdant.

« Le règlement a été étudié, et l’année suivante, tout le monde avait encore des ailerons », rappelle Stoner avec un brin d’ironie.

Cette erreur de calcul stratégique a coûté cinq années de développement à Honda et Yamaha. Un retard technologique qu’ils paient encore aujourd’hui, et probablement jusqu’en 2027, date annoncée pour le changement majeur de règlementation technique.

À ses yeux, le mal est plus profond : « Honda et Yamaha ont conçu des motos qui n’intègrent tout simplement pas l’aérodynamique. » Résultat : alors que les Ducati et Aprilia comme KTM déploient un arsenal technologique sophistiqué, les marques japonaises traînent à rattraper le peloton. Il ne s’agit pas seulement de volonté, mais aussi de moyens.

L’aérodynamique coûte cher : souffleries, modélisation 3D, ingénieurs spécialisés… autant d’investissements que les constructeurs européens ont assumés, quand les géants japonais ont misé sur la prudence. Une prudence devenue handicap.

/CaseyStonerAlbertoPuig_

L’aéro : le péché originel des Japonais identifié par Casey Stoner

Durant son passage à Misano, Stoner n’est pas resté en retrait. Il a arpenté les box, discuté avec les ingénieurs de Ducati, échangé avec Alberto Puig chez Honda, et même glissé quelques conseils à Pecco Bagnaia.

« J’apprécie tout ce que Honda m’a donné. Alors je suis allé les voir, je leur ai dit ce que j’avais vu en piste. »

Malgré tout, il reconnaît quelques signes d’amélioration. Johann Zarco et Luca Marini commencent à extraire le potentiel de la RC213V. Honda remonte doucement sur la grille. Yamaha, en revanche, reste engluée dans une spirale d’échec.

Les propos de Stoner résonnent comme un rappel brutal : en MotoGP, ne pas anticiper, c’est reculer. Et pour les géants japonais, le virage de l’aérodynamique a été raté en beauté. À moins d’un sursaut avant 2027, la domination du passé semble de plus en plus lointaine.

Casey Stoner, lui, observe tout cela avec le regard aiguisé de celui qui sait ce qu’il faut pour gagner — et ce qu’il en coûte de ne pas évoluer.

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