Quand on évoque Harley-Davidson, on pense immédiatement aux imposantes Pan America, Road Glide ou Street Glide, symboles d’un luxe mécanique fait de chrome, de gros bicylindres et de prix élevés. Mais la marque de Milwaukee prépare une rupture majeure avec son ADN historique : le lancement de la Sprint, une moto de petite cylindrée et low cost, affichée autour de 6 000 dollars.
L’annonce a été faite par le PDG Jochen Zeitz lors d’une conférence téléphonique avec les investisseurs. Ce projet, mûri depuis 2021, entre en phase de concrétisation avec une présentation prévue en octobre – possiblement lors de l’EICMA.
Il s’agit d’un pari audacieux pour Harley-Davidson, qui a toujours eu du mal à s’imposer sur le marché des petites cylindrées. L’exemple le plus parlant reste celui de la Street 750 (2014–2021), conçue pour séduire un public plus jeune mais qui n’a jamais réellement convaincu aux États-Unis, malgré quelques succès sur les marchés émergents.
Avec la Sprint, Harley-Davidson cherche à combler un vide stratégique dans sa gamme : le modèle le plus accessible aujourd’hui, le Nightster, démarre à 9 999 $. À l’autre extrémité, le très haut de gamme CVO Street Glide culmine à 46 000 $.
En s’attaquant au segment des motos à 6 000 $, Harley vise un public jusqu’ici inaccessible : les jeunes motards, les primo-accédants et les urbains en quête d’un deux-roues stylé mais abordable.
Avec la Sprint, Harley-Davidson amorce un véritable repositionnement stratégique
L’idée est claire : faire de la Sprint une porte d’entrée dans l’univers Harley. Un motard séduit par une petite Harley pourrait, avec le temps, évoluer vers les cruisers et Tourers emblématiques de la marque, beaucoup plus rentables.
Selon les informations révélées, la Sprint ne sera pas seule. Une version cruiser est déjà prévue pour accompagner cette nouvelle orientation, afin de construire une famille complète de modèles low cost. Harley ne se contente donc pas d’un coup ponctuel, mais amorce un véritable repositionnement stratégique.
En lançant la Sprint, Harley-Davidson prend le risque de heurter une partie de sa clientèle traditionnelle, attachée à l’image d’une moto massive et statutaire. Mais face à une concurrence asiatique agressive et à un vieillissement de sa base de clients, la marque n’a plus vraiment le choix.
La Sprint incarne une révolution silencieuse : transformer Harley d’une marque de rêve coûteuse en une marque plus accessible, sans perdre son aura. Reste à voir si cette petite Harley saura éviter le sort de la Street 750… et devenir le tremplin vers une nouvelle génération de fidèles.