Le triomphe de Marc Marquez au Grand Prix du Japon 2025, qui lui a offert son neuvième titre mondial — le septième dans la catégorie reine — a fait vibrer le paddock et réveillé des émotions profondes. Mais derrière l’euphorie, une question brûle les lèvres : combien de temps Ducati pourra-t-elle encore compter sur son joyau ? Interrogé par AS, le directeur général de Ducati Corse, Luigi Dall’Igna, n’a pas caché qu’il profitait du moment présent… sans garantie sur l’avenir.
Le nonuple champion du monde arrive à un carrefour clé : son contrat avec Ducati expire fin 2026, comme celui de la plupart des ténors du MotoGP. Il aura alors 33 ans, mais personne n’ose affirmer qu’il est proche de la retraite. Un ancien cadre de Honda estime même que l’Espagnol n’arrêtera que le jour où il se sentira moins compétitif — un horizon qui semble encore bien lointain au vu de sa saison actuelle.
Face à ce constat, Luigi Dall’Igna garde un ton prudent. « Il ne m’aime pas comme un père, pas tant que ça, mais nous sommes très heureux de travailler ensemble », a-t-il déclaré, un brin amusé, lorsqu’on l’a interrogé sur la solidité de leur relation. L’ingénieur italien se refuse à toute projection : « en attendant, je profite et je savoure le temps que nous passons ensemble. Après, qui sait ce qui se passera. »
Le lieu de cette conversation n’est pas anodin : Motegi, fief de Honda, l’ancienne maison de Marquez, qui l’a vu décrocher six couronnes mondiales. Voir l’Espagnol triompher au Japon, mais désormais habillé de rouge Ducati, avait un goût piquant pour le constructeur ailé. Dall’Igna lui-même l’a reconnu : « J’ai toujours respecté tous les concurrents, et Honda est l’un des plus importants. Mais gagner au Japon a toujours une saveur particulière. »
Marc Marquez : « quand on lâche prise, on commence à échouer. Tant que je suis actif, l’ambition restera la même »
Pourtant, Ducati sait que la menace d’un retour existe. Honda s’est réorganisé, progresse techniquement, et pourrait tenter de séduire son ancien héros si la fenêtre se présente. Dall’Igna, pragmatique, préfère savourer l’instant sans promettre l’impossible. Une posture lucide… mais qui laisse planer un doute.
De son côté, Marc Marquez reste fidèle à sa philosophie : tant qu’il se sent capable de se battre au sommet, il continue. « Tant que je peux faire les sacrifices que je fais, penser à la moto 365 jours par an et progresser, ma carrière se poursuivra. Quand on lâche prise, on commence à échouer. Tant que je suis actif, l’ambition restera la même », a-t-il expliqué.
Quant à son avenir contractuel, il temporise sur AS : « on peut commencer à discuter en janvier ou février. Mais pour moi, quand je suis heureux quelque part et que j’ai ce que je veux, pourquoi changer ? Les changements viennent quand on traverse des moments difficiles, comme ce fut mon cas par le passé. »
En clair, Ducati a toutes les cartes en main… tant que la moto reste performante et que l’environnement répond à ses attentes.
Sur le plan personnel, Marquez a également évoqué sa vie hors piste, un sujet qui intrigue ses fans. Heureux avec sa compagne Gemma depuis trois ans, il a laissé entendre qu’il envisageait un jour de fonder une famille, mais sans se précipiter : « j’aimerais avoir un petit Marquez plus tard, oui. Mais pour l’instant, nous continuons à profiter de la vie. »
Entre un Marc Marquez redevenu dominateur et un blason Honda en reconstruction, Ducati joue une partie stratégique délicate. Le champion n’exclut rien, même s’il semble heureux dans le camp rouge. Luigi Dall’Igna, lui, choisit de savourer l’instant… mais son hésitation trahit un point sensible : rien n’est gravé dans le marbre.
Si Honda continue sa progression et que Ducati connaît la moindre faille, le scénario d’un retour spectaculaire du n°93 dans son ancien clan n’a rien d’une utopie. Ducati a gagné au Japon, mais le vrai match — celui de l’avenir de Marquez — se joue dès maintenant, en coulisses.