Pecco Bagnaia avait besoin d’un week-end parfait pour faire taire les doutes qui planaient depuis plusieurs semaines sur son avenir chez Ducati. Et il l’a livré. À Motegi, le double champion du monde MotoGP a réalisé un triplé magistral — pole position, victoire au Sprint, victoire en course — marquant le maximum de points pour la première fois depuis le Grand Prix Solidaire de Barcelone 2024. Mais derrière cette démonstration, une saison compliquée et un climat électrique dans le paddock ont alimenté les rumeurs les plus folles sur son futur.
La campagne 2025 de Bagnaia avait tourné au cauchemar depuis l’Autriche. Des week-ends catastrophiques en Catalogne et à Misano avaient alimenté les spéculations : certains initiés imaginaient un départ anticipé dès la fin de cette saison, malgré son contrat courant jusqu’en 2026. Le Turinois était même pressenti pour rejoindre une équipe satellite, comme la Pertamina Enduro VR46, s’il ne redressait pas la barre.
Ces rumeurs se sont toutefois effritées ces derniers jours : VR46 a prolongé Franco Morbidelli pour 2026, et Ducati a officialisé l’arrivée d’une Desmosedici GP26 chez Gresini Racing, confiée à Alex Marquez.
Ruben Xaus met les pieds dans le plat : « Pecco Bagnaia gagne dix millions par an. Et Aldeguer, lui, est devant pour 200 000 euros »
Avant la démonstration de Motegi, Ruben Xaus avait jeté de l’huile sur le feu dans l’émission Duralavita. L’ancien pilote catalan a rappelé que le MotoGP est avant tout un business : « en MotoGP, il n’y a pas de patience, il y a beaucoup d’argent en jeu. » Et d’ajouter : « Pecco gagne huit millions par an, plus les bonus. C’est un gars qui gagne dix millions par an. Et Aldeguer, lui, est devant pour 200 000 euros. »
Xaus a également pointé la progression d’Alex Marquez, actuellement deuxième au championnat avec un salaire bien inférieur : « il y a beaucoup de pression. Tu crois que son frère (Marc) ne va pas insister pour l’amener chez Ducati Lenovo ? Maintenant que Marc a gagné, qu’il n’est plus sous la pression des sponsors ni d’Audi, il cherchera à placer Alex dans l’équipe usine. »
Si Pecco est apprécié dans le paddock pour son caractère calme et son fair-play, Xaus estime que cette attitude s’est transformée en lassitude visible : « maintenant qu’il apparaît dans les journaux pour demander de l’aide, les gens se disent : regardez-le, il a la meilleure moto et il se plaint. »
Le Catalan critique aussi le manque de soutien psychologique venant de la VR46 Académie : « celui qui devrait être là pour le guider, c’est Valentino Rossi. Il a l’expérience et le mental d’un tueur. On dirait qu’ils ne l’aident pas assez dans cette période compliquée. »
La victoire éclatante de Bagnaia à Motegi, survenue après des modifications techniques cruciales sur sa Desmosedici — validées notamment grâce aux conseils de Casey Stoner — a stoppé l’hémorragie et permis de redonner confiance au pilote turinois.
Mais la question demeure : ce réveil arrive-t-il trop tard ? Marc Marquez a déjà sécurisé le titre mondial, et Ducati a montré qu’elle pouvait tarder à réagir aux besoins de son champion. Si Bagnaia veut redevenir intouchable, il devra confirmer dès les prochaines manches et prouver qu’il est toujours l’homme fort de Borgo Panigale.
En s’imposant avec autorité, Pecco Bagnaia a rappelé qu’il reste un double champion capable de renverser la tendance. Mais la pression est bien réelle : Ducati observe, Marc Marquez triomphe, et l’ombre d’Alex Marquez plane sur l’équipe officielle.
Motegi pourrait marquer un tournant, à condition que Pecco transforme cette éclaircie en série solide. Sans quoi les rumeurs d’un remplacement anticipé, que beaucoup pensaient enterrées, pourraient revenir avec encore plus de vigueur.