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Mir

Quelle surprise ! À Motegi, Joan Mir s’est illustré les trois jours durant, avec de magnifiques prestations en qualification comme en courses. Cela faisait un sacré moment qu’il n’avait plus célébré un podium en MotoGP – 1421 jours précisément soit depuis le Grand Prix d’Algarve 2021. Qu’en penser ? Est-ce une performance importante pour l’Espagnol ? Jusqu’où peut-il aller ?

 

Faut-il s’enflammer pour Mir ?

 

La trajectoire de Honda cette saison est assez bluffante, il faut le reconnaître – bien plus encore que celle de Yamaha. Depuis l’Autriche, les deux pilotes officiels de la firme ailée font des miracles au guidon de la RC213V, alors que Johann Zarco, lui, devait se contenter du top 10 à Motegi. Certes, les marques japonaises sont grandement aidées par le règlement, qui leur a rarement été si avantageux. Mais ils prennent cette mission à bras le corps, et, en tant que fan de Grands Prix, voir Honda revenir devant est forcément une bonne nouvelle.

 

Mir

Ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu sourire autant. Photo : Michelin Motorsport

 

Joan Mir a été très bon ce week-end, et, selon moi, ça n’avait rien d’une coïncidence. Certes, Motegi peut parfois mettre en valeur des pilotes inattendus sans vraiment d’explication. Et puis, il s’agit d’un circuit appartenant à Honda, qui connaît parfaitement les moindres recoins de cette piste singulière à plus d’un titre. On sait tout ça, et pourtant, il fallait quand même se fader Marc Marquez, un excellent Pecco Bagnaia, un Alex Marquez qui peut toujours se hisser au niveau des meilleurs, etc. Le podium de Mir n’est donc pas un heureux hasard, mais ça ne donne pas vraiment le droit de s’enflammer non plus.

En effet, de nos jours, sur une saison, on compte une grosse dizaine d’hommes différents sur la boîte. Nous sommes déjà à douze à cinq courses de la fin ; c’est une constante qui se vérifie fréquemment depuis l’introduction de l’ECU unique en 2016. Si tous ceux qui faisaient un podium arrivaient à se relancer, il n’y aurait pas qu’un ou deux candidats au titre chaque année. Et ça n’a rien à voir avec la physionomie de la course : Mir a été très bon, ce n’est pas le sujet, et ça ne veut pas dire qu’il ne va pas réitérer plus tard. Simplement, il faut comprendre qu’un seul podium après autant de désillusions n’est pas un motif suffisant pour espérer le voir truster fréquemment ces positions. L’exemple qui me vient en tête n’est autre que celui de Marco Bezzecchi, avec son top 3 à Jerez l’année dernière. On pouvait s’imaginer qu’avec la saison 2023 qu’il avait pondu, il allait revenir sur le droit chemin. Et finalement, il a subi tout le restant de l’année.

 

 

À son meilleur niveau

 

Autre point que je désirais aborder, et qui me paraît assez important. On ne peut pas connaître le plafond de Honda, qui ne cesse de progresser et qui sera de facto encore plus avantagée en 2026 qu’en 2025 par le règlement. On sait que c’est une marque qui est capable de dominer le monde des Grands Prix, dotée d’un héritage légendaire. En revanche, et malheureusement, si j’ose dire, je crois que ce que l’on a vu à Motegi, c’est le plafond de Joan Mir. En carrière, au moins depuis son arrivée début 2019 en MotoGP, il n’a jamais été meilleur que ce qu’il a prouvé ce week-end.

En 2020, d’abord, année de son titre mondial. Il s’agit, encore aujourd’hui, de la moins bonne saison réalisée par un champion du monde, statistiquement parlant. À l’époque, j’étais resté totalement insensible à son pilotage, et trouvais par ailleurs son coéquipier Alex Rins plus fort. Personnellement, j’ai plus apprécié son exercice 2021, trop sous-coté. Là, on a vu le meilleur Joan Mir, plus percutant encore qu’en 2020, doté d’une vraie régularité dans la performance. Il avait décroché une troisième place au championnat, ce qui n’est pas si mal pour un assez faible champion sortant, car il avait piloté intelligemment. À Motegi, Mir était à ce niveau, et vous aurez compris que j’ai du mal à l’imaginer faire mieux quatre ans plus tard, sur une moto a priori inférieure à la Suzuki GSX-RR.

 

Mir

La lumière au bout du tunnel. Photo : Michelin Motorsport

 

Alors, c’est très fort ; solide, même, avec une bonne science de la course et une gestion des pneus remarquable. Mais aller au-delà de ça me paraît très compliqué, surtout face à des monstres comme Bagnaia, Marquez, Bezzecchi et consorts, qui, eux, maîtrisent davantage de techniques au guidon. Je pense par exemple à la capacité de dépassement, qui n’a jamais été le fort de Mir. Me vient en tête, également, la vitesse sur un tour, assurément son grand défaut depuis longtemps. D’ailleurs, sa deuxième place sur la grille était en réalité son meilleur résultat en qualifs depuis qu’il est arrivé en catégorie reine. Il s’agit toujours du seul champion du monde 500cc/MotoGP sans aucune pole dans la plus prestigieuse des classes.

En ce sens, je suis convaincu que Marini est un pilote plus complet que Mir, intrinsèquement. Beaucoup de gens illustrent le fait que l’Espagnol surclasse son coéquipier sur le plan de la vitesse, mais, hormis à Motegi, ça n’a simplement pas été le cas cette saison, en qualification comme en course. D’ailleurs, pour la comparaison directe, Marini a souvent été performant en Q2 ; je repense notamment à cette pole position acquise au Qatar en 2023 face à Pecco Bagnaia et Jorge Martin, deux des plus gros clients de l’histoire sur un tour.

 

Conclusion

 

Étrangement, j’ai été assez touché par le podium de Mir, alors que c’est un pilote qui ne m’a jamais remué outre mesure. Il a traversé un désert aride pendant toutes ces années, et, pour le coup, de nombreux observateurs ont arrêté de croire en lui – dont votre humble serviteur. Maintenant, il faut qu’il confirme, et j’espère qu’il pourra revenir à son meilleur niveau sur une plus longue période, sans chuter.

Quel est votre ressenti concernant son podium au Japon ? Peut-il faire mieux, selon vous ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

La résurrection. Photo : Honda

 

Photo de couverture : MotoGP

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