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pilotes MotoGP

Aujourd’hui, je suis triste. Triste, car l’un de mes pilotes MotoGP préférés a récemment annoncé son départ pour le championnat Superbike dès l’année prochaine. Même si je ne veux pas diminuer l’importance de cette discipline historique et relevée, je dois vous avouer que je ne suis que de très loin les Bautista et autres Bulega. Miguel Oliveira va bientôt mettre un terme à son aventure en catégorie reine, alors, qu’en penser ?

 

Des pilotes MotoGP particuliers

 

À la fin de l’année, je dresserai un bilan de son passage en Grands Prix, mais je voulais aujourd’hui vous partager ma réaction « à chaud » – au moment où j’écris ces quelques lignes. Miguel Oliveira vient d’officialiser son partenariat avec BMW en WSBK, et je crois que c’est une bonne décision.

 

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Brad Binder disait récemment qu’il était « trop rapide pour ne pas être en MotoGP ». Photo : Michelin Motorsport

 

Cela peut paraître surprenant, car je l’avais maintes et maintes fois défendu, en disant qu’il méritait d’être dans une équipe d’usine en 2023 ! Mais à ce stade de sa carrière, je crois qu’il n’y a pas meilleur choix. Le Portugais va renforcer une équipe très forte en Superbike, qui peut définitivement asseoir sa domination sur cette catégorie. Ça me peine de le dire, mais je crois qu’il est arrivé au bout de sa « carrière principale », il a tout donné, il ne peut plus faire mieux.

Oliveira est arrivé en MotoGP début 2019, avec de nombreux autres rookies prometteurs ; Fabio Quartararo, Joan Mir et Pecco Bagnaia. Et vous savez quoi ? Il n’a même pas à rougir, car sa carrière, même si elle n’a pas été récompensée par les dieux du MotoGP, reste immense. Avant même l’accession à la plus prestigieuse des classes, Miguel Oliveira a étrillé les grilles des championnats Moto3 et Moto2. Il n’est pas passé loin du titre dans l’une comme dans l’autre. Je repense – et reparle – fréquemment de sa saison 2015 en Moto3, celle qui m’a fait l’adorer, où, sans espoir, il avait fait le maximum pour enquiquiner Danny Kent jusqu’au bout, avec ce final incroyable : près de 100 points remontés en six courses.

Je dois vous l’avouer, j’ai toujours eu un faible pour les perdants. C’est peut-être pour ça que je n’ai jamais été un fan de Rossi ou de Marquez, même si je reconnais volontiers leur grandeur. Moi, je préfère les outsiders, ceux qui se battent jusqu’au bout, qu’ils gagnent ou pas. J’aimais Redding contre Pol Espargaro, Montoya contre Schumacher, Lorenzo contre Rossi et Marquez, Rins contre Zarco. Et au fil du temps, Miguel Oliveira est devenu l’archétype de ce que j’adore dans ce sport, c’est à dire, la combativité, la magie, l’exploit.

Revenons à son accession en MotoGP, en 2019. C’est aussi l’année où j’ai commencé à écrire pour paddock-gp, et, dès le quatrième article (j’en compte aujourd’hui pas loin de 3 000), j’ai voulu mettre en lumière ce talent dont personne ne parlait malgré sa vitesse dans les petites catégories. Il faut dire que cette saison rookie avec Tech3 fut particulièrement difficile. Dans ce papier, je disais de lui qu’il était « doué pour faire briller les montures moins rapides ».

J’ai souvent eu tort, mais cette fois, j’avais visé juste. Dès 2020, Oliveira me rendait fier avec deux victoires ahurissantes ; une dans les dernières secondes au Red Bull Ring face à Pol Espargaro et Jack Miller, et la deuxième, en solo, pour le retour du Grand Prix du Portugal. Passé chez Red Bull KTM en 2021, il continua sur cette lancée, avec une nouvelle victoire en Catalogne, la troisième sur le sec face à un Johann Zarco en feu – pour ceux qui disent qu’il n’était fort que sur le mouillé. Puis, en 2022, nous avons vu le meilleur Oliveira, d’après moi. Le plus on/off, aussi. Lors de cette saison, il a remporté deux Grands Prix dans des conditions dantesques, ce qui porte son total à cinq.

 

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Il a l’un des meilleurs répertoires de victoires de tous les temps.

 

À l’heure où tous les pilotes sont bons partout, Miguel Oliveira est le dernier rainmaster, un spécialiste de la pluie. Il était fort en temps normal, mais, quand venaient les larmes de Dame nature, personne ne pouvait l’arrêter sur cette période… à part lui. Effectivement, son passage chez KTM fut empreint d’une irrégularité notoire, et c’est sans doute ce qui lui coûta sa place au profit de Jack Miller, d’ailleurs. Quelle ironie.

Mais après tout, je m’en fiche. Quand on se rappelle d’Olivier Jacque, pense-t-on à ses chutes et son irrégularité ? Oliveira, comme « Jacque attack », est un pilote qui crée des souvenirs, des moments forts. Exemple simple : Brad Binder, son coéquipier à l’époque, le battait confortablement au classement général. Vous rappelez-vous d’une seule course de Binder sur la période ? Allez, sa victoire au Red Bull Ring avec les slicks sous la pluie, et quoi d’autre ?

 

Le début de la fin

 

C’est ça qui me passionnait avec Oliveira, cette capacité à me faire lever de mon siège. C’était encore un peu le cas en 2023, où je n’oublierai pas de sitôt ce Grand Prix de Grande-Bretagne que j’aurais tant aimé qu’il gagne. Mais 2023 représente aussi le début des ennuis. D’abord, il évoluait chez Aprilia RNF, écurie très discrète, et puis, il fut frappé par une malchance que, personnellement, je n’avais jamais vue à ce niveau.

Blessé par Marc Marquez au Portugal lors de la manche d’ouverture. Deux courses d’absence. Blessé en Espagne suite à un accrochage au début de course. Une course d’absence. Plus tard, pris dans un autre accrochage au Qatar. Deux courses d’absence. Depuis ses débuts, Miguel Oliveira avait toujours été assez fragile, en fait, mais cela s’est exacerbé à partir de 2023. Il n’a pas eu de guigne sur ce plan, car je pense qu’il avait encore le niveau pour signer dans une très bonne écurie, pourquoi pas Honda Repsol, à l’époque où Luca Marini s’est fait choisir.

Et puis, il est vrai que depuis la mi-saison 2023, il ne fait plus rien, à tel point que c’est même difficile de l’apprécier tant il est absent des écrans. Actuellement, chez Yamaha Pramac, il pointe en 21e place du classement général, avec, pour meilleur résultat, deux neuvièmes positions. Comme si ça ne suffisait pas, il est dernier des pilotes Yamaha, et s’est encore fait blesser par Fermin Aldeguer en Argentine. Il est temps d’arrêter les frais avant qu’il ne soit trop tard, et existait-il meilleure opportunité que BMW en WSBK à ce stade de sa carrière ? Je ne le pense pas.

 

Conclusion

 

Je suis forcément triste, car Oliveira n’a pas eu la carrière qu’il méritait. D’après moi, ça ne passe pas à grand-chose, mais bon, que voulez-vous. Je ne regrette aucunement de l’avoir souvent défendu à travers mes textes, aussi, car j’estime que les gentlemens dans son genre sont précieux. D’un autre côté, je suis content que BMW prenne ce risque, car au vu de sa fragilité, sa signature est un pari assez osé.

À chaud, qu’avez-vous pensé de la carrière de Miguel Oliveira en MotoGP ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Il n’a jamais pu compenser sa faiblesse en qualifications… mais cela faisait aussi de lui un spécialiste des remontées. En Thaïlande, en 2022 (la dernière victoire KTM), il fait 11-1. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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