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Pecco Bagnaia

Dans le milieu impitoyable de la MotoGP, où les machines valent souvent plus que les hommes, Francesco Bagnaia semble avoir oublié la fondamentale équation qui régit Borgo Panigale : les pilotes passent, la légende Ducati demeure. Alors que le double champion multiplie les requêtes et les insatisfactions, un rappel s’impose : c’est à lui de s’adapter à Ducati, non l’inverse.

Ducati a bâti un empire en MotoGP. Une domination industrielle, méthodique, glaciale pour ses rivaux. Desmosedici après Desmosedici, Borgo Panigale a transformé le championnat en laboratoire technologique où tout le monde copie — mais où personne n’égale. C’est dans ce cocon surarmé que Francesco “Pecco” Bagnaia est devenu champion. Trois fois couronné grâce à une machine que tout le monde qualifie de référence absolue.

Mais voilà que l’élève s’autorise désormais à challenger le maître. Bagnaia, fort de ses titres, semble vouloir plus qu’une simple moto parfaite : il veut un rôle de stratège, une influence directe sur les choix techniques, un traitement digne d’un empereur au sein de l’usine rouge.

Problème : Ducati n’a jamais été un royaume offert à ses rois de passage. Casey Stoner n’a jamais dicté la loi, Andrea Dovizioso non plus, et même Jorge Lorenzo, avec son salaire pharaonique, a fini par comprendre que chez Borgo Panigale, l’individu ne sera jamais plus grand que la machine. Ducati gagne parce qu’elle n’appartient à personne — pas même à celui qui soulève ses trophées.

Ducati n’a pas gagné grâce à Bagnaia ; Bagnaia a gagné grâce à Ducati

Pecco oublie peut-être que sans la révolution technique de Gigi Dall’Igna, sans les années de développement patient, sans les sacrifices de pilotes qui ont essuyé les plâtres (de Stoner à Petrucci, en passant par Dovi), il n’aurait pas eu une moto capable de laminer Yamaha, Honda et KTM. Ducati l’a façonné plus qu’il n’a façonné Ducati.

Alors, voir Bagnaia réclamer un traitement spécial, critiquer certains choix de l’usine et vouloir peser sur la direction du projet sonne comme un affront. Ducati n’a aucune dette envers lui. C’est Pecco qui doit rendre des comptes à Ducati, pas l’inverse.

Les champions passent, la machine reste. Ducati a survécu aux egos les plus imposants et elle continuera à gagner après Bagnaia s’il venait à s’égarer. Le message implicite de Borgo Panigale est clair : Pecco, gagne sur la piste. Le reste, c’est nous qui décidons.

À trop vouloir devenir l’ingénieur en chef de son propre succès, Bagnaia risque d’oublier une vérité simple : Ducati n’a besoin de personne pour être au sommet. Même pas de lui.

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