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Pecco Bagnaia

Une semaine après avoir semblé intouchable à Motegi, Francesco “Pecco” Bagnaia a vécu l’un des pires week-ends de sa carrière MotoGP à Mandalika. Non seulement il a été invisible tout au long du week-end indonésien, mais il a chuté après avoir tenté de sauver une course déjà désastreuse. Plus inquiétant encore : le mutisme de Ducati, qui entretient un climat de suspicion dans le paddock.

Il y a sept jours à peine, Pecco dominait le Japon : pole, victoire au Sprint et au GP, rythme impérial sur sa GP25. Mais en Indonésie, le double champion du monde Ducati a semblé totalement perdu.

Qualifications cauchemardesques : 16è place sur la grille, seulement trois pilotes derrière lui. Sprint catastrophique : dernier du peloton, sans rythme. Course dominicale désespérée : parti de très loin, revenu un temps sur Somkiat Chantra avant de rechuter dans l’anonymat… puis littéralement chuter en piste.

Le constat est brutal : au meilleur de son effort, Bagnaia a tourné 1,7 seconde plus lentement que Fermin Aldeguer — le rookie de 20 ans sur une GP24 satellite — alors qu’il dominait tout le monde une semaine plus tôt.

Ses mots, relayés par message vocal (il a refusé d’affronter la presse en personne), sonnaient creux : « j’ai au moins essayé de rattraper l’avant-dernier. J’ai attaqué fort et j’ai chuté. Je tiens à présenter mes excuses à mon équipe. Les bonnes sensations que j’avais au Japon étaient inexistantes ici. Je n’ai pas de solution, mais les techniciens analyseront les données. » Un aveu d’impuissance qui contraste violemment avec son assurance de Motegi.

Alors que le paddock cherchait à comprendre, aucune explication technique claire n’a été fournie par Ducati. Des rumeurs se sont répandues : le journaliste Mat Oxley a même écrit sur X que certains suspectaient Bagnaia d’avoir roulé au Japon avec une GP24 (moteur et homologation différents), ce qui aurait violé les règles.

Entre compassion et transparence : le dilemme Ducati avec Pecco Bagnaia

Le journaliste italien Paolo Scalera a analysé cette stratégie dans un billet sur GPOne. Son constat : Ducati veut manifestement protéger son champion après un week-end psychologiquement désastreux. Mais ce choix du silence peut se retourner contre elle.

*À l’ère de la télémétrie, rien ne reste secret : “nous ne sommes plus dans les années 90 où tout reposait sur les sensations. Chaque tour est traçable, chaque problème est identifiable.”

Le vide nourrit les rumeurs : “plus Ducati se tait, plus les fantasmes se propagent : moteur illégal, problème caché, voire sabotage interne.” La crédibilité en jeu : protéger Bagnaia est compréhensible, mais laisser croire à une manipulation technique pourrait entacher l’image de Borgo Panigale elle-même.

Scalera va jusqu’à suggérer que Ducati pourrait, sans tout révéler, expliquer un minimum ou faire intervenir un pilote test comme Michele Pirro pour apporter de la clarté.

Il est évident que Ducati veut éviter d’écraser son pilote sous la pression à un moment délicat — Bagnaia vient de voir Marc Marquez couronné champion 2025 et vit sans doute une perte de confiance. Mais la stratégie du mutisme total pourrait avoir un coût.

Elle alimente la défiance des médias et des fans, elle donne du carburant aux rumeurs d’irrégularités, elle brouille l’image de fiabilité technique dont Ducati se targue depuis des années. Le titre de Scalera résonne comme un avertissement : « le silence des innocents peut coûter cher, même aux champions. »

Dans un MotoGP ultra-connecté où chaque donnée circule, le storytelling compte autant que la performance. Ducati, championne sur la piste, risque de perdre la bataille de la perception si elle laisse d’autres écrire l’histoire.

Le GP d’Indonésie restera comme l’un des plus sombres week-ends de la carrière de Pecco Bagnaia — non seulement sportivement, mais aussi en termes d’image. Entre une chute humiliante, des rumeurs virales et une communication minimaliste, Ducati semble avoir sous-estimé l’impact médiatique de son silence.

Si la marque veut protéger son champion tout en gardant sa crédibilité intacte, elle devra trouver un équilibre : parler juste assez pour tuer les rumeurs avant qu’elles ne deviennent des certitudes.

Pecco Bagnaia a quitté l'Indonésie sans point en Coupe du monde

 

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