Mandalika restera dans les annales Ducati : non pas pour la domination de Pecco Bagnaia, ni pour un coup d’éclat de Marc Marquez — mais pour une claque collective infligée à l’équipe Factory par… ses propres satellites. Et en particulier par un rookie de 19 ans au sang-froid déconcertant : Fermin Aldeguer. Gigi Dall’Igna fait le bilan.
Gigi Dall’Igna l’a reconnu sans détour : ce Grand Prix d’Indonésie était « le plus compliqué de la saison. » Ni Pecco Bagnaia, en quête désespérée de repères, ni Marc Marquez, à nouveau blessé, n’ont pu porter le drapeau rouge sur les terres indonésiennes. Le paddock était en apnée, les datas à la dérive, et la Factory Ducati sur le reculoir.
Et pourtant, le team officiel Ducati est champion du monde par équipes, au cœur de son week-end le plus sombre. Un symbole de domination structurelle, mais aussi d’un basculement générationnel. Car ce titre, Ducati le doit à ses équipes clientes : Gresini, Pramac, VR46 — et désormais, Gresini plus que jamais.
« Je le dédie à notre équipe extraordinaire, à nos filles et à nos garçons, de véritables professionnels », a déclaré Dall’Igna, saluant cette victoire au goût doux-amer.
Mais le nom qui restera, c’est Fermin Aldeguer. À peine majeur, l’Espagnol ne s’est pas contenté de gagner : il a dominé. Samedi, deuxième. Dimanche, seul au monde. En contrôle, en attaque, en lucidité.
« Il a piloté comme un champion expérimenté. Une victoire dès sa première saison, comme seuls les vrais champions peuvent le faire », s’est émerveillé Dall’Igna. « C’est notre lumière à Mandalika. » Et quel symbole : le deuxième plus jeune vainqueur d’un GP MotoGP, juste derrière… Marc Marquez.
Gigi Dall’Igna : « heureusement, Ducati, ce n’est pas qu’une moto. C’est une équipe. Une philosophie. Une famille »
Pendant ce temps, Alex Marquez poursuivait son œuvre de régularité clinique. Moins explosif que son coéquipier, mais d’une constance redoutable, le cadet de la fratrie décroche un nouveau podium qui le consolide comme meilleur pilote indépendant et deuxième du championnat.
« Il a été intelligent, méthodique, fidèle à lui-même. Et ça paie », a résumé Dall’Igna, visiblement satisfait de l’évolution du projet MotoGP Gresini.
En revanche, côté usine, les visages sont fermés. Bagnaia a encore échoué à retrouver ses sensations sur la GP25, tandis que Marquez, touché physiquement, a été contraint de rentrer en Espagne. Dall’Igna n’élude pas :
« Il faudra analyser à froid. Le week-end a été très difficile à digérer. Mais nous restons confiants« . Et il ajoute : « nous souhaitons sincèrement à Marc un prompt rétablissement, sans précipitation ni imprévu.»
Un message d’unité, mais aussi une alerte sourde : le duo Bagnaia-Marquez, tant attendu, est à l’arrêt, alors que la jeunesse — Fermin en tête — frappe déjà à la porte.
« Parfois, il faut un week-end comme celui-là pour se rappeler que rien n’est facile, que tout se mérite », rappelle Dall’Igna qui conclut : « Heureusement, Ducati, ce n’est pas qu’une moto. C’est une équipe. Une philosophie. Une famille. Allez Ducati ! »