Alors que HRC tente de reconstruire sa légende, Johann Zarco s’enlise dans une spirale de doutes. Trop de chutes, une moto qui évolue sans lui, et une usine qui semble regarder ailleurs.
Chez Honda, le vent tourne. Depuis la trêve estivale, la RC213V a changé de visage. Plus de pièces nouvelles, plus d’aérodynamique, plus de complexité. Mais pour Johann Zarco, cela ne rime pas avec progrès. Le Français, aujourd’hui au guidon de la LCR, avoue sans détour avoir perdu confiance. Et le diagnostic est clair : “j’ai un peu perdu confiance dans cette moto parce que je suis souvent tombé cet été.”
Pendant que Luca Marini et Joan Mir — les deux pilotes du HRC officiel — trouvent peu à peu leur rythme avec la nouvelle machine, Zarco recule. Il n’a pas peur des mots : « je n’ai pas encore retrouvé ce feeling.”
Le problème ? Une moto qui évolue sans lui. Après avoir roulé sur l’ancienne spécification, qu’il maîtrisait, Zarco a dû prendre en main la nouvelle RC213V avec un timing tardif. “Ils ont modifié le bras oscillant, l’aérodynamique, beaucoup de choses… Cela m’a surpris. Je suis passé d’une bonne moto à une moto avec laquelle j’avais du mal à me sentir en confiance.”
En clair : HRC développe pour l’usine. Les autres suivent… ou pas. “Mir et Marini sont physiquement différents du mien. Peut-être qu’ils ont un style de pilotage plus adapté à cette nouvelle version.”
Zarco ne veut pas se plaindre, mais la statistique parle d’elle-même : trop de chutes, trop peu de confiance. L’effet domino est classique en MotoGP : moins on fait confiance à l’avant, moins on attaque, plus on doute — et plus on tombe.
“Chaque week-end, je me suis retrouvé à terre, parfois deux fois. Et forcément, tu rentres dans un engrenage négatif. Tu n’oses plus freiner aussi tard, tu ne sais plus si la moto va répondre…” lit-on sur motorsport-total.
Johann Zarco : « on a décidé de revenir à une base plus simple, plus claire »
Face à cette spirale, LCR et Honda ont convoqué une réunion technique d’urgence. Les ingénieurs, Zarco, et même le nouveau directeur technique Romano Albesiano, ont mis cartes sur table.
“L’équipe a bien compris la situation. On a décidé de revenir à une base plus simple, plus claire. Quand je retrouverai le bon feeling, la vitesse reviendra.”
Mais le temps presse. Honda cherche à reconstruire sa réputation. Et le Français, qui a prolongé jusqu’en 2027, joue gros dans cette phase de transition.
Zarco le sait : le MotoGP ne pardonne pas. Une moto qui évolue sans vous, c’est une carrière qui peut basculer. Et si Honda continue de penser développement “usine” sans prise en compte des besoins satellites, alors même LCR — avec son expérience — risque d’y laisser des plumes.
Il reste des GP pour inverser la dynamique. Mais une chose est sûre : chez Honda, la reconstruction passe par le collectif. Et si Zarco ne parvient pas à raccrocher le wagon, il risque de voir son guidon devenir une simple selle éjectable.
Zarco est lucide, combatif, mais inquiet. Trop de nouveautés, trop peu de repères. Il veut “retrouver le feeling”. Mais dans un paddock où l’évolution est constante, celui qui doute est souvent celui qui chute. Et Honda, malgré ses promesses, semble déjà miser ailleurs.