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Davide Tardozzi

Le Grand Prix d’Indonésie était inquiétant pour Ducati, et, de mémoire, c’est la première fois depuis très longtemps que la firme de Borgo Panigale était autant aux fraises. Bon, d’accord, finalement, Aldeguer l’a emporté avec huit secondes d’avance sur une GP24, et son coéquipier, Alex Marquez, était troisième. Mais ce double podium ne doit pas faire oublier la détresse des autres pilotes de la marque, à commencer par Pecco Bagnaia, le double champion du monde. Ducati est en train de se fourvoyer, et ça pourrait coûter cher.

 

Le cas Bagnaia, plus qu’étrange

 

Si vous ne comprenez pas pourquoi Bagnaia était dernier décroché lors des deux courses, rassurez-vous : personne n’a la réponse. Alors qu’il avait dominé à Motegi, l’Italien a réalisé la pire prestation signée par une star du championnat dont je peux me souvenir. Jamais je n’avais vu un double champion du monde autant en difficulté, c’était juste dingue. La Desmosedici GP25, de toute évidence, avait d’énormes problèmes sur la piste de Mandalika. Marc Marquez, même sans sa blessure dominicale, a connu son pire week-end en 2025, et Fabio Di Giannantonio, sur la seule GP25 non officielle, était loin.

 

Ducati

Méconnaissable. Photo : Michelin Motorsport

 

Ceci a tendance à confirmer ma théorie selon laquelle la GP25 n’est pas une si bonne moto. Toute l’année, j’ai martelé que Marc Marquez, seul, faisait la différence. On sait qu’il peut « transformer les points faibles d’une moto en points forts » d’après son frère, et plus ou moins s’adapter à n’importe quelle machine. On parle tout de même d’un pilote neuf fois champion du monde qui jouait des top 3 avec Honda en 2023, c’est dire. Di Giannantonio, s’il a connu quelques belles heures en 2025, est quand même relativement décevant, derrière son coéquipier Franco Morbidelli au classement général – alors qu’il est objectivement un meilleur pilote. Comment s’explique cet écart ? Par une illisibilité totale de sa machine, qui, parfois, sans aucune raison, ne fonctionne plus comme elle le devrait. Au Japon, il était à l’aise le premier jour, mais totalement largué sur les deux autres. À Brno, il s’est retrouvé à jouer la 16e place alors que trois courses plus tôt, il montait sur le podium.

De toute évidence, cette GP25 imprévisible n’est régulière qu’aux mains de Marc Marquez, ce qui en dit assez long. La GP24, comme la GP23 et la GP22 avant elle, s’adapte à tous, et réussit à des pilotes dotés de qualités assez différentes. De fait, quelque chose ne va pas chez Ducati. Je vais prendre quelques instants pour évoquer la fumeuse théorie du biais Marquez : non, je ne pense pas que Tardozzi, Dall’Igna et les autres aient privilégié Marc dans le développement de la moto. Si Bagnaia avait remporté ce championnat, cela n’aurait fait que cimenter sa légende en Italie, et n’aurait certainement pas desservi Ducati sur le plan de la communication.

C’est contre-intuitif, mais la contre-performance de Bagnaia à Mandalika était tellement énorme qu’elle sert son propos. Il ne peut pas piloter comme ça, ce n’est pas possible, il faut faire quelque chose. Et Ducati, qui ne s’est jamais retrouvé en telle difficulté avec un pilote d’usine depuis très longtemps – c’était moins pire pour Enea Bastianini en 2023 –, doit admettre qu’il y a un problème.

 

Ducati, une communication à revoir

 

Ducati

Le cas Bagnaia serait-il élucidé s’il était plus vocal ? Photo : Michelin Motorsport

 

Venons-en maintenant au deuxième sujet ; Davide Tardozzi, team manager de l’équipe Ducati Lenovo Team et accessoirement premier vainqueur d’une course en championnat Superbike, n’a pas fait que des bons choix dans sa communication. En Indonésie, une rumeur courrait dans le paddock ; Ducati aurait fait essayer la GP24 de Franco Morbidelli à Pecco lors des essais de Misano. Ceci a été confirmé au cours d’une interview MotoGP.com par Uccio Salucci, directeur de l’écurie Ducati VR46, ainsi que par Morbidelli lui-même. Mais pourtant, Tardozzi et Ducati n’ont rien avoué, maintenant la pression du secret sur cette affaire a priori banale.

Mais, attendez… ce n’était pas si grave, non ? Ce test était parfaitement légitime, et Salucci comme Morbidelli n’ont pas dû penser qu’il s’agissait là d’un secret à cacher. Ducati, en préservant le silence absolu, s’est pris les pieds dans le tapis – ou noyé dans un verre d’eau, pour reprendre le titre. Il n’y avait pas de quoi polémiquer sur ce test, mais l’attitude défensive de Tardozzi n’était pas du tout appropriée. Pecco Bagnaia, interrogé à son tour, affirmait qu’il « disait ce qu’on lui a dit de dire », ce qui ne fait qu’empirer la chose, confirmant par le fait l’omerta régnante.

Cette saison, je trouve que Davide Tardozzi se met particulièrement en avant. J’ai l’impression qu’être sous le feu des projecteurs ne le dérange pas du tout, pour ainsi dire, mais ses sorties manquent parfois de cohérence… voire de tact. En effet, une de ses déclarations m’a choqué à la fin de la course. Pecco Bagnaia, qui a chuté depuis la dernière place, ne s’est pas présenté en zone mixte, au vu de sa déception. S’il n’a pas voulu se montrer ainsi, c’est qu’il y avait une raison. Tardozzi, après l’épreuve, a dit de son pilote qu’il avait pleuré, qu’il était dévasté. Quel message est envoyé à la presse ? Fallait-il vraiment trahir l’état d’un pilote qui, certes, n’est pas au mieux de sa forme, mais qui a quand même fait briller Ducati récemment ? Est-ce vraiment le meilleur moyen de considérer Bagnaia comme un pilier ?

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de Ducati et de Davide Tardozzi actuellement. Partagez-vous mon avis ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Ducati

L’équipe privée s’est carrément retrouvée mêlée à cette non-affaire… une situation difficile. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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