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Motards

Et si l’avenir des motards se jouait sur quelques traits de peinture ? Ce n’est ni une nouvelle technologie révolutionnaire, ni un gadget connecté. C’est une ligne. Blanche. Froide. Presque banale. Et pourtant, elle sauve des vies. Depuis trois ans, en Autriche, une invention d’une simplicité désarmante a déjà fait ses preuves : des marquages routiers « psychologiques » dans les virages meurtriers.

Aujourd’hui, l’Espagne – et plus précisément la Catalogne – décide enfin de tenter l’expérience. Pas une révolution, non. Une prise de conscience. Le concept ? Peindre pour influencer. Des lignes transversales, parfois des cercles, plantées à l’entrée et dans la courbe des virages réputés mortels. Rien de plus.

Mais ce rien s’appuie sur un principe psychologique imparable : le motard déteste la peinture au sol. Il l’associe à la glissade. À la chute. Alors il l’évite, naturellement. Et en l’évitant… il reste du bon côté de la route.

C’est ce que Martin Winkelbauer, de l’association autrichienne KFV, appelle une stratégie de « nudge », ou de « coup de pouce comportemental » comme l’explique El Païs : on ne punit pas. On suggère. Et le corps obéit à l’instinct.

Dans les zones testées en Autriche et au Luxembourg, les résultats sont radicaux : réduction de la vitesse à l’entrée du virage. Meilleure position dans la courbe. Zéro accident mortel dans les points traités.

En Écosse, le projet PRIME (Rider Information for Maximizing Expertise and Enjoyment), mis au point après l’étude de 32 000 trajectoires de virage, applique la même logique. Il ne s’agit pas de freiner, mais d’orienter la trajectoire sans forcer. Et ça fonctionne.

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Quand la prévention des motards devient enfin intelligente

En Catalogne, l’essai débutera sur deux routes prisées des motards : la N-260 (Collada de Toses) entre Ripollès et Cerdagne.  La B-124 à Prats de Lluçanès, entre Sabadell et Moianès.

Objectif : stopper les sorties de route et les collisions frontales causées par des trajectoires trop ambitieuses ou mal négociées.

Le directeur du Service de la circulation, Ramon Lamiel, résume : « il est temps de construire des infrastructures efficaces sans grands travaux ni budgets faramineux. »

Pas de radars. Pas de forces de l’ordre. Pas de caméras. Juste *quelques coups de pinceau bien placés.

Mais attention, l’arme psychologique peut aussi être un piège. Car si la peinture est mouillée, elle devient une patinoire. Et si l’on dépasse les limites, elle ne pardonne pas. Tout repose donc sur le respect du placement, de l’intention, et du bon sens.

Des années de morts absurdes dans les virages. Des campagnes de sensibilisation inefficaces. Et pour finir ? La réponse était là, sur l’asphalte. Ce n’est pas une armure, ni un airbag. C’est une stratégie visuelle. Un signal muet qui dit : reste de ton côté. Ne meurs pas aujourd’hui. Et ça marche.

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