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TVS

L’Inde ne se contente plus d’assembler. Elle conçoit, elle dirige. Et désormais, elle invente. Avec l’acquisition d’Engines Engineering à Bologne par le géant indien TVS Motor, c’est une nouvelle étape historique qui s’ouvre dans l’industrie du deux-roues : l’intelligence stratégique bascule vers l’Est, en plein cœur de la Motor Valley italienne.

TVS prend Bologne et le symbole est aussi fort que la stratégie. Jusqu’ici, l’Inde était la fabrique du monde moto : scooters, 125 cc et volumes à bas coût. Mais cette image appartient au passé. En mettant la main sur Engines Engineering, TVS ne s’offre pas qu’un centre de recherche : elle déplace le centre de gravité de la création moto vers l’Inde, tout en gardant une base européenne hautement symbolique et compétente.

Engines Engineering, fondée en 1979, a signé de nombreuses motos vues sur route et en compétition : des projets Moto3, la Suzuki Katana … C’est un centre mondial d’excellence pour TVS, c’est comme si Honda rachetait le laboratoire d’aérodynamique de Ducati — une fusion du muscle et de l’intelligence.

Le président Sudarshan Venu le dit sans détour : il s’agit de « réinventer la mobilité ». Traduction : prototypage rapide, modularité, plateformes électriques, connectivité — tout ce qui façonnera les motos de demain.

TVS Takes Over Engines Engineering, Plans Design Centre In Italy

Le drapeau indien flotte sur la Motor Valley avec TVS

Et en face ? Un vivier d’ingénieurs italiens, formés dans les meilleures écoles, trempés dans la culture du deux-roues, et capables de faire ce que l’Inde n’avait pas encore : créer l’âme mécanique d’un deux-roues de prestige.

En clair, TVS veut accélérer. Et pour doubler ses concurrents japonais et européens, elle ne construit pas de nouvelles usines. Elle récupère les cerveaux.

TVS a déjà montré son appétit pour les marques iconiques avec le rachat de Norton Motorcycles en 2020. Depuis, plus de 200 millions de livres sterling ont été investis au Royaume-Uni pour relancer la marque avec une nouvelle usine et des modèles à venir. Grâce à Bologne, Norton bénéficiera désormais d’un laboratoire R&D européen… sans renier ses origines.

Comme Ducati ou KTM, Norton pourra développer en Europe, mais avec la puissance financière indienne. Les parallèles avec le Japon des années 1970 sont flagrants : copier l’Europe, s’y implanter, puis la surpasser. À l’époque, Honda, Yamaha et Suzuki avaient construit des usines en Italie et en Espagne pour s’inspirer des meilleurs. TVS, elle, n’imite plus. Elle absorbe.

Elle développe un arsenal technologique : simulation numérique, matériaux aérospatiaux, plateformes ouvertes aux start-ups et aux universités. On ne parle plus de rattrapage. On parle de prise de pouvoir.

L’Inde ne cherche plus à fabriquer moins cher, mais mieux et plus vite. En intégrant le design, l’aérodynamique, le prototypage et la stratégie dans son écosystème, elle veut imposer un nouveau leadership. Discret. Intelligent. Irrésistible.

Et si la prochaine sportive haut de gamme de type Norton, électrique, modulaire, rapide et connectée, ne sortait ni de Bologne, ni de Tokyo, mais des deux, avec une carte d’identité indienne ?

Le message est clair : ce siècle pourrait bien être celui où l’Inde crée, plus qu’elle ne produit.

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